"Neruda", "Jackie"... : quels sont les meilleurs "biopic" au cinéma ?

Publié le 3 janvier 2017 à 12h55, mis à jour le 3 janvier 2017 à 14h29
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Source : Sujet JT LCI

TOP 10 - Réalisateur de deux excellents biopics - "Neruda" qui sort ce mercredi et "Jackie" en février -, Pablo Larrain s'impose comme un as du genre chéri par Hollywood. Voici une sélection de dix réussites incontestables.

Déjà repéré dans le passé avec No et El Club, le réalisateur Chilien Pablo Larrain est doublement à l'honneur en 2017. Deux de ses films sortent en salles, à quelques semaines d’intervalle. 

Deux biopics cotonneux et mortifères, aux allures de rêves éveillés - le premier sur Pablo Neruda qui sort en salles ce mercredi (Neruda), le second sur Jackie Kennedy qui sort en février (Jackie) - qui révèlent tous deux le talent d'un réalisateur passionné par la forme. Deux réussites, soutenant que biopic ne rime pas toujours avec hagiographie. 

Jackie de Pablo Larrain : bande annonceSource : Sujet JT LCI
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AMADEUS (Milos Forman)

Dans le genre "biographie romancée", impossible de trouver mieux qu’Amadeus, le chef-d’œuvre de Milos Forman qui a glané pas moins de huit statuettes dorées. L'histoire? En 1781, arrive à Vienne un jeune artiste prodige précédé d'une enviable réputation : Wolfgang Amadeus Mozart. Accueilli avec scepticisme ou enthousiasme à la cour de l'Empereur Joseph, il se fait l'ennemi acharné d'Antonio Salieri, musicien réputé et compositeur officiel de sa majesté. Ce dernier se sentant trahi par Dieu décide de faire obstacle à Mozart par tous les moyens. Pourquoi s’agit-il, selon nous, de l’un des meilleurs biopics jamais réalisés? Pour Mozart, enterré dans une fosse commune. Parce que la musique est bonne. Pour ce dénouement où sourd le requiem. Pour les dernières paroles déchirantes de Salieri (F. Murray Abraham), pétri d’admiration pour le jeune prodige. Pour le rire mémorable de Tom Hulce. Pour le film qui, dans sa version longue de presque trois heures, constitue un éblouissement permanent. 

MAN ON THE MOON (Milos Forman)

Depuis Amadeus, Milos Forman est quasiment devenu le représentant official du biopic. Souvent parce qu’il a le génie pour trouver les bons sujets, en l’occurrence des célébrités réellement hors du commun. La plus fantasque d’entre elles était sans doute Andy Kaufman, comique télé mettant en application les principes des situationnistes chers à Guy Debord. Jusqu’à en faire une philosophie de vie. Forman ne cherche jamais a psychanalyser le bonhomme mais à capter son énergie aussi créatrice que destructrice entre performance permanente et schizophrénie. Parmi les idées de génie du film : confier le rôle de Kaufman à Jim Carrey. Il va comme un gant à un comédien lui aussi au bord de la démence à s’écarteler entre les registres.

BIRD (Clint Eastwood)

Pendant que Woody Allen s’affiche souvent en (piètre) joueur de clarinette, Clint Eastwood aborde sa passion pour le jazz de façon plus discrète. Sa vision de Charlie Parker est totalement dédiée à cette musique, au point que le film soit (dé)construit comme un morceau de be-bop. De quoi sérieusement aérer le rythme en trois temps (trauma d’enfance, ascension, rédemption) usuel des biopics et esquisser une belle idée poétique : et si le free-jazz rendait les hommes plus libres ?

VELVET GOLDMINE (Todd Haynes)

Le meilleur moyen de se sortir des chemins éculés des biopics est peut-être de réinventer totalement l’histoire officielle des stars. Velvet Goldmine ne raconte pas à proprement parler l’histoire de David Bowie période Ziggy Stardust mais recompose à sa sauce un puzzle pour exprimer l’essence du Glam-Rock. Et proposer des hypothèses aussi délirantes que passionnantes. Par exemple de définir les pop-stars ambigues des 70’s comme les derniers descendants d’Oscar Wilde. Le film lui-même entre ironie et déclaration d’amour, n’est pas éloigné d’un élégant dandysme pas très éloigné des autres tentatives faites dans le même registre par Ken Russell.

LISZTOMANIA (Ken Russell)

On ne retient généralement de Ken Russell que sa propension à l’excès. Il est clair que ses bouffées délirantes transformant ses films en buvard de LSD en images étouffent souvent leurs fonds. Ce serait oublier la profonde érudition qui se dissimule sous une apparence bordélico-braillarde. Dans les années 60, Russell a livré une demi-douzaine de biopics de musiciens extrêmement documentés. Pour ne pas montrer sa science, l’anglais roublard la laisse en filigrane et met en avant une exacerbation farfelue des faits. En cherchant à entrer dans le cerveau foisonnant de Franz Liszt, Russell invente le biopic à la sauce expérimentale.

ED WOOD (Tim Burton)

Il ne faut jamais croire complètement ce qui est dit dans les biopics. Tout n’est pas vrai dans Ed Wood. Le réalisateur de Plan 9 from outer space, sacré Roi du nanar est mort dans la dèche et inconnu du public. Tim Burton a embelli la réalité en lui offrant un happy end ou le faisant adouber par Orson Welles. C’était la moindre des choses à faire pour réhabiliter la mémoire d’un des marginaux les plus flamboyants qu’aie connu Hollywood. Au travers d’Ed Wood, Burton rallume les feux de la rampe pour la plus émouvante description du Rêve américain : une mise en lumière des éternels outsiders.

VAN GOGH (Maurice Pialat)

Les derniers jours du peintre Van Gogh venu se faire soigner chez le docteur Gachet à Auvers-sur-Oise. Terribles derniers jours partagés entre une création intensive, des amours malheureuses et surtout le désespoir. 

SHINE (Scott Hicks)

Grosso modo, l'histoire de Shine s'inspire de la vie de David Helfgoot, pianiste australien né à Melbourne, qui dès son plus jeune âge fit preuve de dons exceptionnels. Quelques années plus tard, de graves troubles psychiques l'éloignèrent de la scène pendant près de dix ans. Cependant, en 1984, il fit un retour triomphal qui relança sa carrière. Une révélation dans le rôle principal: Geoffrey Rush, acteur indiscutable que l’on retrouvera dans tout plein de films par la suite. 

EDVARD MUNCH (Peter Watkins)

Edvard Munch, la danse de la vie retrace toute la carrière artistique du peintre expressionniste norvégien Edvard Munch qui s’étend de 1887 à 1901 et balance tout : l’enfance où il a failli mourir de tuberculose, l’alliance avec les artistes anarchistes, les recherches picturales, la réception du public, les critiques assassines, le rejet de la société bourgeoise, les drames amoureux, l’angoisse de la maladie, la malédiction familiale. Tout ça en 3h40. Préparez-vous à un maxi trip. Au-delà de la rencontre cosmique de deux artistes défiant le temps et l’espace, ce météore peut aussi être vu comme un encouragement intemporel pour les artistes en crise, à croire en soi, à ne pas baisser les bras, à persister envers et contre tous, à conserver sa singularité, à cultiver exactement ce que l’on reproche. Entendez bien les huées. Lisez les critiques d’époque. Regardez comment le monde a évolué. Voyez ce qu’il reste de Munch et de ses créations enfantées dans la douleur.


Romain LE VERN

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