Le Mowgli de Netflix était-il trop "dark" pour sortir au cinéma ?

Publié le 10 décembre 2018 à 18h27, mis à jour le 10 décembre 2018 à 21h00
JT Perso
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Source : Sujet TF1 Info

DÉCRYPTAGE – Disponible sur Netflix depuis le 7 décembre, "Mowgli : la légende de la jungle" devait au départ sortir de cinéma. Avant que Warner décide à la dernière minute de revendre le film d’Andy Serkis à la plateforme de streaming. Explications.

Son (gros) budget reste un secret. Mais son générique n’a rien à envier aux blockbusters qui envahissent les cinémas durant les fêtes. Et pour cause ! Disponible depuis le vendredi 7 décembre sur Netflix, "Mowgli : la légende de la jungle" a longtemps été imaginé et conçu pour le grand écran. Et  même très longtemps : cette nouvelle adaptation de l’œuvre de Rudyard Kipling, racontant l'histoire d'un petit garçon élevé parmi les loups, a en effet été initiée au printemps 2012 par la Warner, avant de connaître de multiples soubresauts en coulisses. 

Les noms du Mexicain Alejandro González Iñárritu et de l’Américain Ron Howard ont circulé pour le réaliser avant que le projet soit confié au comédien britannique Andy Serkis. Soit l’expert n°1 de la "motion capture", cette technique d’effets spéciaux prodigieuse qui lui a permis d’incarner le Gollum du "Seigneur des Anneaux" dans la trilogie oscarisée de Peter Jackson. Ou plus récemment César dans "La Planète des Singes".

Un casting d'animaux "all-stars"

Le tournage débute au printemps 2015, en Grande-Bretagne, avec le jeune acteur inconnu Rohan Chand dans le rôle de Mogwli. A ses côtés, un casting "all-stars" qui comprend, entre autres, Christian Bale dans le rôle de la panthère Bagheera, Benedict Cumberbatch dans celui du tigre Shere Kahn, Cate Blanchett dans la peau du python Kaa et Andy Serkis lui-même sous le pelage virtuel de l’ours Baloo. 

Tous vont se prêter avec enthousiasme à l’exercice de la motion-capture qui consiste à enfiler sur le tournage une combinaison recouverte de capteurs, avant que leur apparence soit transformée en studio par ordinateur...

Si Andy Serkis a réuni ces comédiens de premier plan autour de lui, c’est pour apporter une gravité et une profondeur inédites à des personnages souvent édulcorés depuis la parution des récits de Kipling, publiés à la fin du XIXe siècle. Et notamment par Disney, dans le célèbre dessin animé familial de 1967.

Le hic, c’est que la firme aux grandes oreilles prépare elle aussi une nouvelle version du "Livre de la jungle", sous la houlette de Jon Favreau, le réalisateur d’Iron Man. Avec une différence de taille : si Mowgli est incarné par le comédien Neel Sethi, tous les animaux sont réalisés en images de synthèse, leur voix étant confiées ensuite à Bill Murray, Idris Elba ou encore Scarlett Johansson. Annoncé en avril 2013, le film sort trois ans plus tard… Et prend donc de vitesse celui d’Andy Serkis, encore en post-production.

Le succès de la version Favreau, qui frôle le milliard de dollars de recettes dans le monde – avec plus de 3.7 millions d’entrées en France notamment – va avoir des conséquences fâcheuses pour le projet rival. En coulisses, certains craignent que le public n'ait pas envie de revoir le même film à quelques mois d'intervalle. Si bien que durant la promo du troisième volet de "La Planète des Singes", à l’été 2017, Andy Serkis répète à l'envie que son film sera bien plus sombre que celui de Disney. N’empêche.

Vendre à Netflix pour éviter un bide ?

Prévu initialement pour octobre 2016, puis octobre 2017, "Mogwli" hérite finalement d’une date de sortie américaine le 19 octobre 2018. Un premier teaser est dévoilé le 21 mai dernier. Coup de théâtre : le 27 juillet, Netflix annonce avoir acheté les droits de distribution du film à la Warner, qui renonce à le sortir en salles. Le montant du chèque n’est pas dévoilé. Mais il laisse penser que le studio a préféré se séparer de son bébé plutôt que d’encaisser une grosse contre-performance au box-office.

Le "cas Mogwli" est symptomatique de la frilosité grandissante des studios hollywoodiens. Il ressemble à celui d’"Annhilation", le film de SF psychédélique d’Alex Garland avec Natalie Portman, vendu à Netflix à l’automne dernier par ses producteurs lorsque la Paramount leur a demandé de revoir le montage, jugé trop "intello" pour le public des salles de cinéma. Après avoir découvert le film d’Andy Serkis, on comprend à moitié la décision de la Warner.

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Sur Netflix, "Mogwli : la légende la jungle" est précédé d’un avertissement interdit aux moins de 13 ans, ce qui aurait d'emblée plombé sa carrière en salles. Mais c'était sans doute la volonté d'Andy Serkis. Si le point de départ de son film est le même que la version Disney, il présente la nature et sa faune de manière autrement plus menaçante. Dès les premières minutes, où la mère de Mowgli meurt sous les griffes de Shere Kahn, le spectacle n’est clairement pas conçu pour les plus petits. 

Autour de son Mowgli, interprété avec conviction par Rohan Chand, les animaux ont la mine des mauvais jours. Souvent graves, presque étranges. Surtout pas mignons. Le meilleur exemple, c’est Baloo. Encore débonnaire chez Jon Favreau, l’ours gentillet de notre enfance apparaît ici vieillissant et fatigué, plus franchement enclin à pousser la chansonnette comme dans le dessin animé.

Trop violent pour les petits, trop enfantin pour les grands ?

Sur le fond, le film d’Andy Serkis est sans doute une adaptation très fidèle de l’œuvre de Kipling, un récit initiatique cruel inspiré par ses séjours en Inde, à l’époque coloniale. Sur la forme, il opère dans une sorte d’entre-deux qui le rendait sans doute difficile à vendre au public "mainstream" du cinéma. Trop violent pour les petits et trop enfantin pour les grands ?

Reste que d'un point de vue technique, son auteur l’avait clairement conçu pour la salle. De la splendeur des décors aux scènes d’action impressionnantes, en passant par la précision des traits des visages, ce Mowgli était taillé pour les écrans les plus larges possibles, la bande-originale envoûtante du compositeur Nitin Sawhney à fond les enceintes. Dommage.


Jérôme VERMELIN

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