CINÉMA - Le réalisateur français, qui avait obtenu l'Oscar pour le film "The Artist", distribué par Harvey Weinstein, a réagi aux accusations portées contre le producteur américain. N'ayant pas de relation personnelle avec l'Américain, il a déclaré n'avoir pas été au courant de son comportement.
Michel Hazanavicius sort du silence. Sur Facebook lundi, le réalisateur a réagi aux nombreuses accusations contre Harvey Weinstein, qui a distribué The Artist aux États-Unis et mené avec succès la campagne des Oscars en faveur du film du réalisateur français. Alors que de nombreuses actrices ont brisé le silence et que les témoignages et les condamnations du comportement de l'Américain se multiplient, le cinéaste français ne s'était jusqu'à présent pas exprimé. Mais sur Facebook, il a regretté que "ne rien dire publiquement" sur ce scandale ait pu être interprété comme "de l'indifférence, voire de la bienveillance, et même pourquoi pas de la complicité".
Le réalisateur affirme donc que ce "qui est reproché [à Harvey Weinstein] est immonde, totalement condamnable et indéfendable". Michel Hazanavicius ajoute qu'il a "le plus grand respect pour les femmes qui ont eu le courage de témoigner", et qu'il n'était "absolument pas au courant de ces agissements". "Au risque de passer pour gros naïf", il n'était pas non plus au courant des rumeurs circulant sur le producteur américain. Rappelant que les deux hommes s'étaient vus à plusieurs reprises lors de la distribution de The Artist outre-Atlantique et lors de la campagne pour les Oscars, Michel Hazanavicius dit n'avoir "connu que je Dr Jekyll". "N'étant ni son ami, ni un partouzeur patenté, je suis passé à côté de tout ça", insiste le réalisateur. "Quant à Bérénice [Béjo, son épouse et héroïne de The Artist, ndlr], il ne lui a jamais manqué de respect".
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"Effaré" par les commentaires sur le milieu
Michel Hazanavicius reconnaît qu'il avait eu écho de la difficulté à travailler avec Harvey Weinstein, et de son caractère peu commode. "Pour moi, son côté négatif était que c'était un rustre, qu'il pouvait être extrêmement grossier", raconte le réalisateur, précisant qu'il avait "lu qu'il était capable de massacrer des films, de les remonter contre les réalisateurs ou de refuser de les sortir". Jamais, cependant, aurait-il pu imaginer que Harvey Weinstein "pouvait à ce point être destructeur et violent avec les femmes".
Le scandale entourant la personnalité de Harvey Weinstein a permis de délier les langues au délà des frontières. Plusieurs actrices, dont Isabelle Adjani, Elisa Tovati et Léa Seydoux, ont affirmé avoir connu des situations très similaires à celles évoquées dans le cas Weinstein. Mais pour Michel Hazanavicius, tout ce qu'il a entendu ces derniers jours sur son milieu professionnel lui est étranger. "J'ai vu des gens se comporter mal, des gens très lourds, des gens qui faisaient des abus de position dominante, des misogynes avérés, des gens qui exerçaient mal leurs pouvoirs, mais ce type d'agissements, non". Le réalisateur se dit "effaré" et affirme qu'en trente ans de carrière dans le milieu, il n'a "jamais été le témoin direct" d'un comportement de harcèlement ou d'agression sexuelle.
Le cinéaste reconnaît avoir "sans doute eu de la chance" et que "le fait d'être un homme [l'a] évidemment protégé". "L'écrasante majorité des gens avec qui j'ai travaillé sont des gens bien. Des gens normaux. Des gens qui travaillent et qui donnent le meilleur d'eux-mêmes pour faire les films les meilleurs possibles", insiste-t-il. Lui dit ne pas se reconnaître dans la description faite depuis plusieurs jours du milieu du cinéma. Par conséquent, explique-t-il, selon lui le comportement de Harvey Weinstein "n'est pas un symptôme de comment fonctionne le cinéma, mais de comment fonctionnent certains hommes de pouvoir". Et d'espérer que, par cette affaire, "ce type d'hommes comprendra que dorénavant, ce type de comportements ne peut plus faire partie du champ des possibles".