Parler aux puissants mais "de loin" : Luchini et Macron s'amusent sur La Fontaine

F.S.
Publié le 17 juin 2021 à 19h20

Source : TF1 Info

"L'HOMME ET LA COULEUVRE" - Emmanuel Macron s'est rendu dans la maison-musée de Jean de La Fontaine à Château-Thierry, à l'occasion du 400ᵉ anniversaire du fabuliste, et du lancement de la lecture comme "grande cause nationale". L'occasion d'un échange avec le comédien Fabrice Luchini.

C'est accompagné de Fabrice Luchini, défenseur de la lecture s'il en est, qu'Emmanuel Macron est arrivé au musée dédié au fabuliste, dans la maison où il vit le jour à Château-Thierry, le 8 juillet 1621. Luchini, connu de longue date comme un admirateur de La Fontaine, avait notamment profité du confinement en 2020 pour proposer des lectures de son œuvre en ligne.

Le président et l'acteur se sont livrés à un dialogue informel sur l'œuvre de La Fontaine, dans le jardin du musée. Fabrice Luchini se lançait dans une digression échevelée, entrecoupée d'extraits des fables, et cherchait à exalter le "bonheur de l'écriture" chez La Fontaine. Tout en moquant les conseillers du président hors-champ, apparemment préoccupés du "timing" de la visite. 

C'est un moment de littérature selon Luchini, où ses propres commentaires participent au texte. L'acteur veut mettre en avant tout ce que La Fontaine peut nous apporter, même par temps de confinement, avec cette citation sans équivoque : "La raison d'ordinaire n'habite pas longtemps chez les gens séquestrés". Il s'amuse aussi à citer "L'Homme et la Couleuvre", en concluant que face aux puissants il vaut mieux "parler de loin"- tout en souriant au président français justement à ses côtés. Et en l'exemptant de ce reproche que fit jadis La Fontaine à la Cour. 

Luchini cite La Fontaine... et le confinement : "La raison d'ordinaire n'habite pas longtemps chez les gens séquestrés"Source : TF1 Info

"Le plus beau dans La Fontaine, c'est la liberté qu'il prend, c'est la liberté dans la contrainte, c'est ce surgissement". C'est ainsi qu'Emmanuel Macron  a choisi de situer l'œuvre de l'écrivain. Pour lui, La Fontaine n'atteint à ce relâchement en français que parce qu'il maîtrise parfaitement le latin. C'est le message explicite que veut faire passer Emmanuel Macron : il n'y aura plus tard des "déconstructeurs" comme Rimbaud, estime-t-il, que parce qu'ils ont assimilé en profondeur "les contraintes de la forme classique".

Le président essaiera bien, mais en vain, de relancer Fabrice Luchini sur la problématique"pourquoi lire à voix haute", puisqu'il veut faire de l'oralité l'un des axes du chantier de la lecture comme cause nationale. L'acteur élude ou esquive la question, mais en est finalement lui-même la réponse vivante. Et les deux exaltent les écrivains qui comme La Fontaine ont su intégrer l'oralité de la langue à l'écrit, citant de concert Maupassant, Céline ou Molière. 

Quelques heures plus tôt, Emmanuel Macron avait visité l'école où enseignait sa grand-mère à Poix-de-Picardie. Le choix de cette figure tutélaire semble flécher le chemin à suivre : pour le président français, la lecture à l'école communale, est à la base de son projet. Fabrice Luchini ne dit pas autre chose en martelant : "S'il n'y avait pas les profs ! S'il n'y avait pas les instituteurs !". En invoquant l'écrivain Charles Péguy pour conclure : "De tout ce peuple les meilleurs étaient peut-être encore ces bons citoyens qu’étaient nos instituteurs. Il est vrai que ce n’était point pour nous des instituteurs, ou à peine. C’étaient des maîtres d’école."


F.S.

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