"Personal Shopper" d’Olivier Assayas avec Kristen Stewart : gênant ou génial ?

Publié le 17 mai 2016 à 11h16
"Personal Shopper" d’Olivier Assayas avec Kristen Stewart : gênant ou génial ?

DEBAT - Hué par une partie du public, applaudi par d’autres… Le moins que l’on puisse dire, c’est que "Personal Shopper", le nouveau long métrage d’Olivier Assayas, en salles le 19 octobre, a littéralement divisé les festivaliers cannois. Ce récit porté par Kristen Stewart, qui incarne une jeune acheteuse de mode courant après le fantôme de son frère, n’a pas non plus fait l’unanimité au sein de la rédaction de metronews… La preuve !

►  POUR : Génial et fascinant - Mehdi Omaïs

Bah quoi ? On ne savoure pas un bon thé sans l’avoir laissé infuser le temps nécessaire. Au lendemain de sa découverte, Personal Shopper d’Olivier Assayas grandit déjà dans l’esprit, dévoilant des arômes doux et corsés. Sa croissance et ses mutations construisent, de manière graduelle, des interrogations intestines, profondes, enfouies dans des endroits ombreux où il ne fait pas toujours bon farfouiller. Ces questionnements jaillissent sûrement parce qu’il est réellement impossible de poser une phrase définitive sur le récit proposé, de le résumer à une oeuvre de fantômes, un drame, un cauchemar…  

Non. La force du projet réside dans sa portée spectrale et dans sa faculté à agripper tout ce qui se dit dans le silence de l’invisible. D’aucuns pourraient l’épingler pour son supposé manque de relief, pour ses situations (en apparence) grand-guignolesques. Mais n’y a-t-il jamais de folie, de dérapages mentaux quand un vivant désemparé cherche en vain à saisir la main d’un défunt aimé ? Entre deux achats dans des boutiques de luxe, Maureen, l’héroïne, acheteuse de fringues pour gens fortunés, ouvre ses sens, barguigne sur sa corde sensible, guettant le signe du frère jumeau dont elle doit assumer le deuil. Mais l’a-t-elle vraiment perdu ? Ou n’est-il que le reflet de ses propres démons ?  

Fort d’une mise en scène glacée et élégante, qui serpente dans les dédales de nos psychés, Assayas construit une flânerie identitaire où la fascination est reine et dans laquelle sont convoqués le thriller et les saillies prismatiques d’un Kiyoshi Kurosawa. Personal Shopper donne toujours au spectateur (réceptif) le sentiment de tout comprendre sans rien comprendre. Sa trame insaisissable évolue d’ailleurs sur des dualités permanentes qui nous laissent pantelants, parfois hagards, souvent pétrifiés. Kristen Stewart, éblouissante dans son jeu et ses regards, se meut avec un talent magnifique dans cette proposition cinématographique qui exerce une réelle puissance suggestive.

► CONTRE : Abracadabrantesque et gênant - Marilyne Letertre

Des ectoplasmes et des bijoux Cartier, des métros parisiens et des showrooms haute couture, du drame intime et de la critique sociale, des verres qui volent et des poitrines à l’air, du polar et du film d’horreur... Personal shopper va dans tous les sens... pour finalement n’aboutir nulle part. Avec le portrait de Maureen, assistante personnelle de fashionista et medium en deuil depuis la mort de son jumeau, Olivier Assayas se plante dans les grandes largeurs. On salue certes la proposition de cinéma couillue (le film de fantômes parisien ne court pas les rues) mais les bonnes intentions ne suffisent pas.

Les dialogues sont insipides et les genres très mal exploités : impossible de croire une seconde aux esprits qui hantent l’héroïne ou aux objets promenés par l’homme invisible. Même réserve sur le thriller psychologique au suspense plombé par une séquence interminable dans laquelle Kristen Stewart nous montre qu’elle est championne du monde d’envoi de SMS ou par l’arrestation d’un meurtrier, aussi tendue qu’un épisode de Navarro. Petite goutte d’eau qui fait déborder le vase : une plongée embarrassante chez Victor Hugo avec un Benjamin Biolay ridiculisé.

Mais, évidemment, il y a Kristen Stewart, de tous les plans. En Chanel comme en sweat gris, la star est sublimement filmée et s’investit autant que possible dans cet univers abracadabrantesque. Mais quelle est la pertinence des scènes la montrant seins nus ou en train de se masturber ? Transgresser l’interdit, répondre à son désir, nous dira-t-on dans le long-métrage... Mouais : le procédé est malhabile, comme l’ensemble du long-métrage. Résultat : on sort de la salle perplexe, déçu par un réalisateur dont on avait notamment adoré le Sils Maria, franchement agacé et accompagné par les huées. Personal Shopper a en effet reçu les premières huées de la compétition cannoise. 

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La rédaction de TF1info

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