INTERVIEW - Dans "L’Odyssée", il incarne Philippe, le plus jeune fils du Commandant Cousteau. Un personnage clé dans le film de Jérôme Salle, qui sort ce mercredi. Pierre Niney s’est confié à LCI.fr.
Quelle image vous faisiez-vous du Commandant Cousteau avant de tourner L’Odyssée ?
Une image un peu superficielle, je pense. Je connaissais le bonnet rouge, la silhouette, le bateau blanc qui traverse le monde, et puis quelques personnages autour de lui. Donc j’avais beaucoup de choses à découvrir. Ce que j’aimais dans le projet de Jérôme Salle, c’était l’idée de faire un grand film d’aventure, un grand film épique avec du souffle. Et puis à l’intérieur de ça un drame plus intime, avec ce rapport père-fils difficile, complexe, ambigu. Ce contraste-là me plaisait beaucoup.
Ce drame personnel n’est-il pas, au fond, presque plus puissant que la quête de Cousteau ?
Cousteau était un tel visionnaire, c’est quelqu’un qui a embarqué tellement de gens avec lui dans ses expéditions, qui a inventé tellement de choses comme le détendeur que tous les plongeurs du monde utilisent encore aujourd’hui. Sa quête est touchante, elle est d’un autre temps… Mais cet appétit, y compris médiatique, ça écrase forcément un peu les gens autour. Pour Philippe, c’était encore plus difficile d’exister. C’est quelque chose qui m’a touché, bouleversé, d’autant plus que la conscience écologique du Commandant Cousteau vient de lui. On le découvre, je l’ai découvert à travers le film.
Si Lambert Wilson a pu s’appuyer sur de nombreux documents pour incarner le père, il en existe moins sur le fils…
C’est vrai et aucun ne rend tout à fait compte de l’importance de Philippe à bord de la Calypso par exemple. Alors qu’il a co-réalisé beaucoup de films avec son père, avant d’en réaliser seul lui-même, qu’il pilotait aussi cet hydravion qui permettait d’aller dans des lieux encore inexplorés. Quand j’ai recherché des choses sur lui, j’ai vite compris qu’il fallait parler avec des gens qui l’ont connu. Les anciens de la Calypso, mais surtout Jeanne, son épouse, qui m’a ouvert des portes, qui m’a confié des lettres qu’il lui envoyait à travers le monde. C’était une tête brûlée, son inconscience lui a sans doute coûté la vie. Mais c’est aussi quelqu’un qui avait cette contemplation de la nature, quelqu’un qui se sentait mieux avec les animaux ou en plongeant qu’avec les hommes par exemple.
Tourner L'Odyssée a renforcé ma conviction qu'il faut à tout prix protéger notre monde
Pierre Niney
Cette rencontre avec sa veuve, ça reste un moment touchant, à part ?
Notre première rencontre était très émouvante, presque autant que la dernière, il y a quelques jours à Marseille où nous avons présenté aux anciens de l’équipe de Cousteau. Jeanne a vu son mari, porté à l’écran, elle était en larmes. Je vais bientôt la revoir avec leurs enfants, Philippe Junior et Alexandra, qui oeuvrent eux aussi pour la planète. Avec ce film, on rend hommage à un personnage qui a un peu disparu et qui éclaire beaucoup, je pense, qui était le Commandant Cousteau.
L’Odyssée, c’est un film qui vous a d’ores et déjà changé ?
Disons que ça a renforcé ma conviction qu’il faut protéger ce monde. Quand on voyage un peu, de toute façon, il faut être aveugle pour ne pas se rendre compte qu’on est en train de perdre de la biodiversité, des endroits magnifiques qu’on ne pourra plus montrer à nos enfants et nos petits-enfants. Quand on va en Antarctique comme on l’a fait, nous seulement c’est complexe, mais surtout en se rend compte que c’est un territoire qui est en train de disparaitre purement et simplement. Des gens comme Trump qui promettent de revenir sur les engagements de la Cop 21 s’il est élu, ou même des politiques français qui doutent de l’impact de la pollution sur le réchauffement climatique… Pour moi c’est du négationnisme.
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