Présidentielle 2022 : pourquoi humour et politique ne font plus bon ménage

Benoit Leroy - Vidéo : Arnaud Etcheverry et Sébastien Humblot
Publié le 15 janvier 2022 à 22h05, mis à jour le 15 janvier 2022 à 22h10

Source : TF1 Info

AUTOCENSURE ? - Alors que l'échéance présidentielle se rapproche, la thématique politique a quasiment disparu des spectacles d'humoristes. Par peur de faire face à des réactions déchaînées sur les réseaux sociaux, certains ont décidé de faire l'impasse.

Se moquer gentiment de son public, évoquer les tracas du quotidien ou encore certains travers de la société. Voici ce qu'Élie Semoun s'autorise à aborder dans ses spectacles. Contrairement à ce qu'il faisait il y a une quinzaine d'années, il ne va plus sur le terrain politique.

"Je suis censé être un humoriste, les faire rire, rêver et penser à autre chose. Avec la politique, c'est comme si j'amenais une réalité dans un tableau poétique", explique le comédien, "on s'aperçoit que cela ne fait pas bon ménage". Élie Semoun évoque un sentiment d'agression vécu par une partie du public.

Dans un monde toujours plus connecté, les réseaux sociaux sont aussi un frein pour l'humoriste. "Vous avez tellement d'argent pour aller dire des conneries à la télévision", reçoit-il parfois sur son téléphone après une déclaration sur Éric Zemmour, par exemple. S'il préfère en rire, désormais, la politique est totalement mise de côté dans ses shows.

"On est plus surveillés qu'avant. Il y a une telle multidiffusion que les comités de surveillance sont partout", estime l'imitateur Nicolas Canteloup en référence aux plateformes en ligne. Bien moins corrosif que ces prédécesseurs, il avoue qu'une "vigilance" permanente est nécessaire.

Des soutiens devenus anecdotiques

Gare à ceux qui osent encore, aujourd'hui, donner leur avis. Ce fut le cas, en 2018, lorsque Franck Dubosc avait soutenu les Gilets jaunes avant de changer d'avis. Dans une vidéo devenue virale, où il apparaît exaspéré, lui aura valu un torrent d'insultes.  

Pour ceux qui se sont engagés publiquement, cela a été synonyme de fin de carrière. Faudel ou encore Franck de Lapersonne, en sont des exemples. Ce dernier faisant même ouvertement campagne pour Marine Le Pen.  "C'était classe de dire pour qui on allait voter, pour inciter à suivre des valeurs humanistes. Maintenant, cela ne sert plus à rien", déplore Élie Semoun. 

Et pour preuve, à quelques semaines seulement du premier tour de la présidentielle, les soutiens du monde de la culture aux candidats sont quasi inexistants.


Benoit Leroy - Vidéo : Arnaud Etcheverry et Sébastien Humblot

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