Ce lundi, TF1 diffuse "Les Yeux grand fermés", une fiction coup de poing sur l'inceste avec Muriel Robin et Guillaume Labbé.Le comédien, vu dans "Je te promets" et "Plan cœur", incarne un père incestueux.Un rôle complexe que Guillaume Labbé a bien failli refuser.
Avec sa gueule d'ange et son allure de gendre idéal, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Tout comme le personnage qu'il incarne dans Les Yeux grands fermés, une fiction bouleversante sur l'inceste diffusée ce lundi sur TF1. Bien connu des téléspectateurs de TF1 pour son rôle de Michaël dans la série Je te promets, Guillaume Labbé prête ses traits à Stéphane, un père de famille aimant et dévoué à ses enfants.
Lorsque Anne-Marie (Muriel Robin), la mère de Stéphane, remarque que son petit-fils Adrien manifeste des signes de mal-être, l'équilibre familial commence à se fissurer. Tout s'écroule quand le petit garçon laisse entendre à sa grand-mère que son papa "lui fait des choses". Sous le choc, Anne-Marie va devoir choisir entre croire et protéger Adrien ou fermer les yeux et défendre son fils.
Jouer dans une fiction comme celle-ci ça a du sens
Guillaume Labbé
Jouer dans une fiction sur l'inceste, ce n'est pas anodin. Qu'est-ce qui vous a donné envie de participer à ce projet ?
J'ai été interpellé par la note d'intention de l'autrice, Emilie Marsollat. J'ai trouvé que c'était une bonne façon de traiter le sujet, sans voyeurisme, ni pathos. Le scénario était très bien écrit aussi. Et le fait de jouer avec Muriel Robin, qui est une très bonne comédienne, était également un gage de qualité et de finesse.
Vous jouez le rôle de Stéphane, un père incestueux. Comment se prépare-t-on à un tel rôle ?
Franchement, se préparer à un tel rôle, c'est très compliqué. Au départ, le personnage m'a repoussé. Je me suis dit que ce serait bien que le projet se fasse, mais sans moi. En tant que comédien, mon plaisir, c'est d'incarner des personnages et de trouver ce qui, en moi, peut me rapprocher d'eux. Là, évidemment, je n'ai pas besoin d'expliquer que c'est très compliqué. Mais j'ai été guidée par l'autrice car j'avais beaucoup de questions. Je me suis beaucoup documenté, j'ai fait des recherches. C'était essentiel pour moi de comprendre à quel profil de père incestueux Stéphane correspondait.
Comment s'est passé la collaboration avec Muriel Robin qui joue le rôle de votre mère, Anne-Marie ?
Avec Muriel Robin, tout a été simple parce qu'on se ressemble. On ne se connaissait pas, on s'est rencontrés lors de la lecture et ça a tout de suite cliqué entre nous. Ça a été très physique, puisqu'on s'est immédiatement pris dans les bras. Je ne suis pas le gars le plus simple au premier abord : je peux être très timide, très gêné...
Comment joue-t-on avec un jeune enfant sur un sujet aussi délicat que l'inceste ?
Eden, qui joue mon fils, est un petit garçon très intelligent. On a rencontré ses parents. Ça m'a rassuré de voir qu'ils étaient sains. Sa mère lui a d'ailleurs expliqué ce qu'était l'inceste. Elle lui a raconté de quoi parlait le film. Moi, en revanche, je n'ai jamais évoqué le sujet directement avec lui. Dans le jeu, il était dirigé de façon simple, avec des actions. On lui disait : "Ton père t'appelle, mais tu ne veux pas y aller. L'émotion, c'est de la tristesse". On n'entrait pas dans les détails. Il a été incroyable ce gamin. Toute l'équipe a fait attention à maintenir une ambiance joyeuse sur le tournage. Avec Eden, on s'amusait beaucoup en dehors du plateau, c'était important.
Se dire qu'on a tous en nous cette violence, cette agressivité, c'est perturbant
Guillaume Labbé
Vous considérez-vous comme un artiste engagé ?
Je n'ai pas choisi ce métier pour mener des combats, mais pour vivre des émotions et les faire passer. Mais j'ai eu la chance de croiser des personnes qui m'ont embarqué dans leurs combats. Et je trouve que jouer dans une fiction comme celle-ci, sur TF1, la chaine familiale la plus regardée, ça a du sens.
Cette fiction et son sujet n'ont pas pu vous laisser insensible...
Ce qui m'a le plus remué, c'est de me dire que je suis un homme et que les agresseurs sont, dans leur grande majorité, des hommes. Alors oui, il y a aussi des femmes qui peuvent agresser, d'après les chiffres, ce serait de l'ordre de 3% dans la famille et 1% dans le reste de la société. Cette fiction a provoqué en moi de grands questionnements, qu'ils soient biologiques ou psychologiques. Le fait de se dire qu'on a tous en nous cette violence, cette agressivité, c'est perturbant.
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Espérez-vous que ce téléfilm fasse bouger les choses, qu'elle ouvre le dialogue dans les familles ?
Oui, j'espère que ça va pousser les personnes à être peut-être plus attentives aux signaux. Le problème dans l'inceste, c'est que ça concerne des personnes proches, qu'on respecte, qu'on aime. On a du mal à imaginer que ce soit possible. Après, ce n'est pas parce qu'un enfant est perturbé qu'il est concerné. Mais il faut oser se poser la question. Et ça, c'est déjà vertigineux…
Comment êtes-vous sorti de cette expérience ?
J'avoue que j'étais assez soulagé que ça se termine, d'autant qu'on a tourné les séquences les plus difficiles vers la fin. Même si tout est suggéré, il s'agissait de moments déstabilisants. J'étais content que mon cerveau sorte de tous ces questionnements, car ça me poursuivait dans ma vie de tous les jours.
La fiction sera suivie à 23h05 de Ne le dis à personne, leur combat contre l'inceste, un documentaire inédit qui suit de l'intérieur l'enquête et le procès d'un père de famille accusé d'inceste.