Malgré ses 75 ans, Bernard Lavilliers reste ce chanteur indomptable, anarchiste et éternel baroudeur.Très engagé dans le débat politique, il n'a pas hésité à épingler certains candidats à la présidentielle ce dimanche, face à Audrey Crespo-Mara dans "Sept à Huit'.
"Je n'aime pas tellement qu'on me dise ce que je dois penser". En cinquante ans de carrière, Bernard Lavilliers est resté le même. Un auteur, compositeur, interprète qui écrit des chansons pour exprimer la révolte des opprimés et des laissés pour compte. Un anarchiste, comme il se qualifie, qui n'a pas oublié d'où il vient. "L'anarchie, c'est l'ordre moins le pouvoir", se plaît-il à dire, lui qui a grandi entre une mère institutrice et un père ouvrier "plus syndicaliste que communiste".
Zemmour "mégalomane" et Mélenchon "cabotin atomique"
Très engagé dans le débat politique, ce qui compte pour lui, c'est d'être du côté du peuple et non des puissants et des donneurs d'ordre. Alors quand il s'agit de parler de la campagne présidentielle face à Audrey Crespo-Mara, Bernard Lavilliers ne manque pas de franchise. "Celle-là est encore plus au ras des pâquerettes que les autres parce qu'ils se balancent des trucs dans la gueule d'un autre monde, c'est pas possible", lance-t-il dans la vidéo de "Sept à Huit" en tête de cet article. Et quand il évoque Eric Zemmour, le chanteur se demande ce qu'"il fout dans cette histoire". "Entre polémiste politique et Président de la République, il y a quand même une sorte de distance qui ne me semble pas si simple de franchir", dit-il. Et d'ajouter : "C'est quand même un mégalomane ce mec !"
Quant à savoir quel candidat il mettra dans les urnes, Bernard Lavilliers n'a aucun mal à dévoiler son nom : ce sera Jean-Luc Mélenchon comme en 2017, mas "pas forcément de gaité de cœur", admet-il, tout en reconnaissant qu'il l'aime bien. "C'est un cabotin atomique qui me tape sur les nerfs", le qualifie-t-il. Il n'est pas tendre non plus avec ceux qu'il appelle "les arrogants du pouvoir". "Cette arrogance est arrivée avec Sarkozy. En revanche, Macron et tous ses amis qui ont tous le même âge, qui sont tous dans des costumes slims qui sortent directement du pressing, ils ne connaissent rien à la vie. Mais ils montrent qu'ils savent tout, sauf qu'ils l'ont appris dans le manuel de l'ENA", analyse-t-il. Pour autant, le chanteur ne voit pas d'autres alternatives à Emmanuel Macron : "Son astuce a été de dégager la droite et la gauche et ils l'ont fait avec un plaisir sans réserve, donc ce n'est plus la peine de rêver de l'alliance de la gauche. L'alternative, ça va être plus tard", lâche-t-il.
Visionnaire et engagé
Reprenant sa casquette de chanteur, Bernard Lavilliers sait mieux que quiconque parler des fracas du monde contemporain. Mais dans son 22ème album, sorti en novembre dernier et intitulé "Sous un soleil énorme", il s'est montré visionnaire, prédisant une guerre sanglante. "Je sentais qu'il y avait une tension. Poutine a toujours fait ce qu'il veut, regardez quand il était en Syrie contre Daech, donc il a dû se dire : 'ce sont des asexués ces occidentaux, personne ne m'arrêtera'". Et comme d'habitude, l'auteur a commencé par poser son sac et sa guitare à 11.000 kilomètres de Paris, pas au Brésil qu'il connaît bien, mais à Buenos Aires, une ville qui a beaucoup souffert de la dictature. "J'allais tous les jeudis voir les mères qui défilent devant le palais du président puisqu'on n'a jamais retrouvé ni leurs maris, ni leurs fils parce que les militaires les mettaient dans des avions et les balançaient dans le fleuve ou plus loin", raconte-t-il, ironisant sur ceux qui parlent de dictature en France. "Ce sont surtout les antivax ; ils ne savent pas ce que c'est qu'une dictature. Il faut y avoir été pour savoir ce que c'est. Ils auraient dû pousser jusqu'à Moscou avec leur camion de la liberté. Tout ce joli monde serait maintenant en Sibérie", raille-t-il.
Chanteur plus que jamais engagé, s'est-il déjà senti gagné par un sentiment d'impuissance ? "Non", répond-il tout de go. Et de poursuivre : "Je n'ai pas l'impression d'être impuissant. Je continue d'écrire sur des choses que je voie, que j'interprète, comme un œil qui photographie et qui choisi un angle. Je suis un optimiste qui a de l'expérience", conclut-il.
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