Au casting du feuilleton quotidien de TF1 depuis novembre, l’ancienne héroïne de "Plus belle la vie" se plaît déjà beaucoup à Sète.Celle qui a démarré adolescente sur France 3 se retrouve désormais mère d’un ado qui vient de faire son coming out sur une chaîne concurrente.Rencontre avec une actrice fière d'être associée à des programmes qui reflètent le quotidien des téléspectateurs.
Elle est un visage familier du petit écran depuis déjà 18 ans. Elle n'en a pourtant que 34. Membre de la toute première distribution de Plus belle la vie sur France 3, Dounia Coesens est depuis le coeur de l'automne l'une des héroïnes de Demain nous appartient. À son arrivée dans le feuilleton de TF1, elle a reçu de nombreux messages du public se disant "heureux de la retrouver dans une quotidienne".
"Certains m’ont même dit que je les avais trahis, mais c’est très peu. D’autres m’ont dit : 'C’est surprenant, ce n’est pas du tout Johanna Marci'", sourit-elle. Romy Saeed, qu'elle incarne dans le feuilleton de la première chaîne, a connu des débuts chaotiques. Accusée d'avoir tué son mari violent qu'elle tentait de fuir, elle a fini par être innocentée. Un personnage "fort" en pleine reconstruction, symbole de la force du programme qui traite de problématiques sociétales essentielles. Rencontre lors de sa venue à Paris le 26 janvier.
J'aimerais bien que Romy reste un peu grise, qu'on ne sache pas si elle est vraiment toute blanche ou toute noire
Dounia Coesens
Romy est d’emblée passée par la case prison, comme de nombreux personnages avant elle. C’était le meilleur bizutage possible ?
(Elle rit) Franchement, c’était pas mal ! Être en prison, ça donne toujours des scènes remplies d’émotions. Mais pour moi le meilleur bizutage, c'est d'arriver avec un passé. Le fait d'avoir autant d’informations en amont sur Romy, c'était tellement jouissif ! Le descriptif du personnage était assez détaillé. Son histoire avec Karim, Malik, leur enfance, comment elle a été manipulée par son mari, comment elle a eu son fils Rayane et pourquoi elle s’est échappée...
Romy est mère célibataire, elle a survécu à l’emprise de son mari violent… C’est un peu le symbole des combats des femmes d’aujourd’hui ?
Absolument. Je n’ai jamais vécu ça. Mais malheureusement, je connais des femmes qui ont traversé des épreuves semblables et je me suis appuyée sur ce qu'elles ont pu vivre. J'avais envie de leur rendre hommage. J'ai fait très attention à la manière dont Romy se tenait, dont elle mentait, dont elle disait merci... Je trouve que son renouveau va assez vite, mais c’est comme ça, c’est une série quotidienne. Elle a protégé son enfant, elle a trouvé la force de partir. Maintenant, elle a envie de s’en sortir, d’être libre et indépendante.
Quelle serait votre intrigue de rêve pour Romy ?
Je me dis qu’on ne peut pas sortir indemne de plus de dix ans de manipulation. On ne peut pas être tout d’un coup souriante, à dire que la vie est belle. Romy a quand même une facilité à mentir. J'ai lu les commentaires des fans de la série qui ont écrit : "Je ne la sens pas trop Romy". J’ai trouvé ça intéressant. Malik était un mafieux, elle s’est rapprochée de Victor Brunet qui est un peu le copié-collé de son mari. Si on touche à son fils, elle peut basculer. J'aimerais bien qu'elle reste un peu grise, qu'on ne sache pas si elle est vraiment toute blanche ou toute noire, qu’elle soit un peu intrigante.
Vous aviez 15 ans lors du premier épisode de Plus Belle la vie. Rayane, le fils de votre personnage dans DNA, en a 16. Ça fait un peu l’effet d’un uppercut, non ?
(Elle rit) Oui, carrément ! Je me suis dit : "C’est cool, je vais jouer des rôles plus intéressants. Je vieillis, je vais être mère de famille". Et je vois qu’il a seize ans ! J'ai tapé le nom de Sasha Birdy sur Internet, j'ai vu qu’il était bien grand, bien baraqué. Je me suis dit : "Ah oui, donc ça c’est sorti de mon ventre" (elle rit). J'ai pris un petit coup de vieux mais c'est plausible.
Que diriez-vous à la jeune Dounia de 15 ans qui démarre le tournage de Plus belle la vie ?
(Émue, elle prend le temps avant de répondre) Ce n’était pas évident pour moi à 15 ans parce que j’étais un peu bizarre. Je ne parlais pas, j’allais à l’école en pyjama. J’étais un peu bloquée dans mon monde. J’étais en panique à mon arrivée dans ces grands studios. Je n’y connaissais rien, je me disais que je n’avais rien à faire là. Pour moi l’art, c’était la seule chose qui pouvait encore nous faire rêver et humaniser le monde dans lequel on vit. Je ne suis pas mécontente de la femme que je suis devenue, je suis plus ouverte et j’embrasse mon métier encore plus passionnément pour essayer de comprendre les autres et me comprendre. J’aurais envie de dire à la jeune moi : "Continue, ne lâche rien !"
J'adorerais tourner avec Emmanuel Moire et Julie Debazac
Dounia Coesens
Plus belle la vie comme Demain nous appartient sont un miroir de nos sociétés et ont fait beaucoup en termes de représentation, notamment LGBTQ+. Vous diriez que DNA, c’est une fiction d’utilité publique ?
Oh oui ! Pendant Plus belle la vie, on a reçu tellement de lettres de spectateurs qui nous remerciaient. "Grâce à vous, j’ai réussi à dire à mon grand-père que j’ai vécu un inceste", "grâce à vous, j’ai réussi à dire que j’étais gay"… Pareil pour le harcèlement scolaire. Je trouvais ça très important d’entrer dans les foyers comme ça, de parler de ce qui se passe dans la société et dans les familles pour que chacun comprenne. C’est un format quotidien, on s’attache aux personnages. Ça fait vraiment avancer les mentalités, c’est vraiment d’utilité publique.
Rayane a d’ailleurs fait son coming-out à Romy sans que ça ne fasse d’étincelles…
Pour cette scène, on s’imaginait une discussion sérieuse à table. Mais non, Romy lui dit simplement qu’elle l’accepte et l’aime, ils se lèvent et ils vont payer leur repas au restaurant. En voyant le résultat, on s’est dit : "Ah oui !" Ça devrait se passer comme ça tout le temps. C’était malin, sinon ça aurait été cliché.
Il fait bon vivre à Sète, malgré les meurtres, les enlèvements et les prises d’otage récurrents dans la série ?
(Elle rit) Il fait très bon vivre là-bas ! C’est une chouette ville. Ma sœur y vit donc j’y allais déjà assez fréquemment. Comme le centre est assez petit, l'équipe se retrouve le soir. C’est très convivial.
Parmi tous les comédiens avec qui vous n’avez pas encore tourné, à qui adoreriez-vous donné la réplique?
(Elle sourit) Emmanuel Moire (François Lehaut, le prof de français). On s’entend très bien dans la vie mais on rit beaucoup donc j’aurais peur d’avoir l’œil qui frise et de devoir souvent recommencer les prises (elle rit). Julie Debazac aussi (Aurore Jacob, capitaine de police), je la trouve formidable.
Tourner avec Julie Debazac, ça voudrait dire que Romy aurait des petits problèmes avec la police…
C’est jouable ça (elle rit) !
Romy est-elle définitivement installée à Sète ?
On ne sait pas vraiment avec la production. Quand ils m'ont appelée, c'était pour me proposer un personnage récurrent. Mais je leur ai dit que je tournais d’autres choses avec eux ! Je ne suis déjà pas là pendant trois-quatre mois en 2023 et j’aime bien me laisser des créneaux pour d’éventuels projets. Je n’ai pas envie de signer pour des années. Je fais un peu au feeling. Ça dépendra aussi de la trajectoire de Romy. On fait un peu du jour au lendemain avec la production et on est très bien comme ça. Au pire, Rayane ira vivre chez son oncle Karim ! Tout est possible dans DNA (elle rit).