DÉCRYPTAGE – TF1 diffuse ce jeudi les deux derniers épisodes de la 1ère saison de "Fugueuse", une fiction choc sur la prostitution des mineurs. Un phénomène effrayant et en nette augmentation ces dernières années avec l'émergence des réseaux sociaux.
C'est un véritable fléau. Depuis quelques années, la prostitution des mineurs a explosé en France. D'après un rapport remis en juillet 2021 par le ministère des Solidarités et de la Santé, ils seraient entre 7000 et 10.000, très majoritairement des jeunes filles de 15 à 17 ans, à vendre leur corps sur des sites de petites annonces. Un chiffre effarant, mais probablement en deçà de la réalité.
Afin de sensibiliser à ce sujet, TF1 diffuse ce jeudi les deux derniers épisodes de la première saison de Fugueuse, une fiction coup de poing qui suit la descente aux enfers d'une jeune fille de bonne famille qui sombre dans la prostitution après avoir été manipulée par un proxénète dont elle tombe follement amoureuse. Comme le montre la série, aujourd'hui, des adolescentes de tous les milieux sociaux et économiques tombent dans le piège de la prostitution et pas seulement des jeunes filles en grande précarité.
Quand tu vois que tu gagnes le salaire de quelqu’un en une journée, tu te dis "Un travail normal, ça sert à quoi ?"
Louna, 16 ans
Car, si la prostitution des mineures a toujours existé, l'émergence des réseaux sociaux joue un rôle dans l’accélération de l’engrenage. Selon une étude de la police citée dans le rapport, 85% des mineures victimes sont exploitées par des "proxénètes de cité", une tendance apparue en 2015 et qui a "rapidement pris son essor". Ce fléau est d'autant plus difficile à combattre qu'une part importante des jeunes filles concernées ne se considèrent pas comme des victimes. C'est le cas de Louna, 17 ans, qui a accepté de témoigner dans le documentaire Prostitution : ados en danger, réalisé par Pauline Liétar et diffusé juste après la fiction, à 23h10.
La jeune fille peut enchaîner une dizaine de passes par jour. "On ne peut pas dire que c’est du plaisir quand 15 hommes nous passent dessus. À un moment, on ne ressent plus rien", explique l'adolescente qui dit pouvoir gagner jusqu'à 1700 euros en une journée. "Quand tu vois que tu gagnes le salaire de quelqu’un en une journée, tu te dis 'Un travail normal, ça sert à quoi ?'".
Si certaines adolescentes sont enlevées, séquestrées et forcées de se prostituer, beaucoup d’entre elles sont au départ volontaire et en quête d’argent facile. "On a du mal à parler avec elles, elles se croient fortes et confondent sexualité et maturité. Elles ne se considèrent pas comme des victimes. Elles gèrent juste leur business", déplore Margaux Bourbier, avocate pour l'Association équipes d'action contre le proxénétisme.
Que faire ? Pour tenter de lutter contre ce phénomène en constante croissance, le gouvernement présentera à l'automne un plan national de lutte contre la prostitution des mineurs. "Pour être efficace, nous devons travailler sur toutes les dimensions de la prostitution", expliquait en juillet dernier le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles Adrien Taquet qui a promis des "mesures concrètes" portant sur "la prévention, le repérage, le traitement judiciaire, la prise en charge tant éducative que médicale, et enfin la formation de tous les professionnels concernés".
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- InternationalHaut-Karabakh : l'enclave au centre des tensions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
- Police, justice et faits diversDisparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace
- Police, justice et faits diversAttentat de Magnanville : sept ans après, l'heure du procès
- SportsRC Lens
- Sujets de sociétéLe pape François à Marseille, une visite historique