Anisha, 22 ans, a remporté samedi soir la finale de la "Star Academy" face à Enola avec 57% des suffrages des téléspectateurs.Une victoire que la jeune femme originaire de Madagascar a forgée en surmontant ses doutes et ses blessures liées à l'enfance.Pour TF1info, elle revient sur les temps forts de son parcours et évoque l'enregistrement prochain de son premier album.
Elle n’a pas beaucoup dormi, "quatre ou cinq heures" de son propre aveu. Au lendemain de sa victoire face à Enola en finale de la Star Academy 2022, Anisha nous a confié par téléphone son émotion. Née à Madagascar où elle a connu une enfance difficile, en France depuis quelques années pour faire ses études, la candidate de 22 ans a vaincu sa timidité pour participer au programme de TF1. Dès le premier prime, où elle avait bouleversé les téléspectateurs en reprenant "Je suis malade" de Serge Lama, elle était devenue l’une des favorites de la promo. Même si son parcours n’a pas toujours été simple au château...
Anisha, lorsque Robbie Williams prononce votre nom, vous ressentez quoi ? De la joie ? De la surprise ? Du soulagement ? Un peu des trois ?
Pour moi, c'est de la surprise, d’abord. Et de la joie. Je ressens vraiment une grosse émotion. Je me dis "mais c’est quoi ce qui m’arrive ?". Ce n’est pas forcément lié à la victoire, mais au fait qu’il y ait eu des gens qui ont voté pour moi et qui m’ont élu gagnante. Des gens qui ont eu confiance en moi. Des gens qui m’ont soutenu. Des gens qui ont suivi mon parcours. Ce que je ressens vraiment, c’est de la gratitude.
Hormis votre concert avec les autres finalistes à la maison de disques cette semaine, vous n’aviez jamais mesuré votre impact sur les gens ?
Je ne savais pas du tout. Il y avait des gens qui portaient des pancartes, des membres de la communauté malgache avec des mots d’encouragement comme pour notre équipe de foot. C’était dingue ! En les voyant, ça m’a donné beaucoup de force et c’est aussi pour eux que j’ai tout donné ces derniers jours.
"Mon histoire avec la musique, elle est brute"
Je me rappelle de votre main qui tremble lors du tout premier prime sur "Je suis malade" de Serge Lama. Depuis vous avez acquis plus de contrôle et d’assurance. Mais l’émotion brute qui vous anime, elle reste la même, non ?
Ce qui a bougé, c’est le fait de pouvoir canaliser tout ça. Mon histoire avec la musique, elle est brute comme vous dites. La musique, je l’utilisais comme une thérapie et aussi un moyen de transmettre des messages. Des émotions. Or, je n’avais pas forcément toutes les techniques, toutes les bonnes choses à appliquer. Mais c’est vrai que c’est toujours la même émotion qui me transcende, que ce soit sur "Je suis malade" au début de mon parcours, ou sur "Hallelujah" de Leonard Cohen qui m’a permis de terminer en finale. Sur cette chanson, j’ai été absolument transcendée par la musique.
C’est vrai qu’on vous sent lâcher prise totalement sur cette chanson. On était à la limite du gospel, non ?
"Hallelujah", c’est une chanson qui dit "gloire" ! Gloire à la vie, gloire à Dieu en fonction de ses croyances. Moi, ce que je voulais à travers cette chanson, c’était dire merci pour tout ce qui s’est passé dans cette aventure, tous les cadeaux que j’ai reçus. Peu importe l’issue, j’avais déjà tout gagné. C’est ce que je me disais depuis le premier jour, à vrai dire.
Au début de la saison, vous avez présenté aux élèves une guitare cassée, symbole de vos blessures intimes. Cette victoire, elle va permettre de les refermer pour de bon ?
C’est quelque chose que j’ai dit dans mon magnéto durant le prime. L’aventure Star Academy, en elle-même, m’a apporté un morceau de bois pour reconstruire cette guitare cassée. Tout ça fait partie de moi, c’est mon histoire. Le message, c’est de toujours avoir de l’espoir, de ne jamais baisser les bras. Avancer quoi qu’il en soit. Parce que je ne suis pas un cas isolé. Tout le monde traverse des moments difficiles. Mais je veux dire qu’il faut toujours avoir le courage d’avancer. Continuer, peu importe les épreuves. "The Show Must Go On", quoi !
Vous êtes restée très pudique sur votre enfance difficile à Madagascar. C’est quelque chose que vous raconterez plus tard, ou que vous préférez garder pour vous ?
C’est vrai que j’en ai parlé vaguement. Avec les mots que j’ai utilisés, avec l’image de cette guitare cassée ou à travers la musique en soi, on a pu apercevoir des choses. Mais c’est quelque chose sur lequel je n’ai pas forcément envie de mettre l’accent. Ça fait partie de moi, mais c’est le passé. Ce que je veux, c’est me concentrer sur le présent, le futur. Voir le positif dans tout ça. Peut-être qu’un jour j'en dirai plus dans un livre. Mais le plus important, c'est que le message soit passé.
Je n’ai pris conscience que hier, en gagnant la Star Academy, que j’allais devoir faire un album !
Anisha
Durant la saison, beaucoup de téléspectateurs ont été émus d’entendre Léa vous accuser de faire de la fausse modestie. Avec le recul, comment l’avez-vous vécu ? Et aujourd’hui lui avez-vous pardonné ?
Ce n’est pas un moment que j’ai mal vécu. Mais c'est un moment qui m’a un peu touchée. Je n’étais pas très bien, j’avais des doutes, j’avais des blocages dans ma tête. Et pourtant j’ai quand même réussi l’évaluation parce qu’il fallait que je donne tout. C’est là qu’il y a eu cette incompréhension, plus que des accusations. Et comme des adultes, on en a parlé. Moi, en tout cas, je l’ai vu comme ça. J’ai en vraiment tiré le positif. J’avais l’habitude de m’autoflageller lorsque j’étais toute seule chez moi et j’ai compris que je pouvais blesser les autres par mes mots, sans le vouloir. Au final, ça ne m’a apporté que du bien. C’était même un moment déclencheur. J’ai réalisé qu’il fallait que j’arrête de dire que je suis nulle, que je n'y arriverai pas. Dire que j’ai pardonné Léa, ce serait un mot fort parce qu’il n’y a rien à pardonner. Moi je suis reconnaissante.
Vous avez un titre de séjour en France pour étudier. Que va-t-il se passer maintenant que vous avez gagné la Star Academy ?
Très bonne question ! Je suis toujours étudiante, j’ai fait une petite pause d’un mois et demi dans mes études puisque je suis arrivée en finale. Je compte reprendre, je veux décrocher mon diplôme de management. Mais c’est sûr que la musique va désormais prendre une grosse partie de ma vie. Je vais essayer de jongler entre les deux, avec déjà cet album sur lequel je dois travailler.
Est-ce que vous rêvez déjà à ce premier album ? Il y a une première chanson, "De là-haut", écrite par Camelia Jordana, Vitaa et Renaud Rebillaud, que vous avez chanté samedi…
En fait, je n’ai pris conscience qu'hier, en gagnant la Star Academy, que j’allais devoir faire un album ! Il y a déjà cette chanson, oui. Je commence à visualiser ce que je veux : toujours du partage, de belles émotions, de beaux messages. C’est ça l’idée pour l’instant, mais on en reparlera plus tard lorsque tout sera un peu éclairci !
Avez-vous déjà vos propres chansons ? Des artistes aussi avec lesquels vous aimeriez collaborer ?
J’écris beaucoup, surtout en anglais parce que c’est la langue dans laquelle je chante le plus souvent. J’ai aussi quelques titres en français, mais après il faut voir comment tout ça va se mélanger. Pour ce qui est des artistes, je pense à Claudio Capéo qui m’a invité à chanter sur son album. Notre duo reste l’un de mes plus beaux moments. Mais j’ai beaucoup aimé aussi mes duos avec Patrick Fiori et avec Slimane. Pourquoi pas aussi un jour travailler avec Pomme. J’apprécie aussi des artistes internationaux comme Aurora et Sleeping Atlas. Tout ce qui est dans l’émotion et dans le partage. D’ailleurs est-ce que je peux passer un dernier message ?
Bien sûr !
Je remercie tous les gens qui ont cru en moi, ceux qui ont voté pour moi. Cette victoire, je leur dois à eux. Je la dédie aussi à tous mes camarades de promotion. Parce que c’est grâce à eux que cette aventure a été embellie comme ça. Un grand merci en fait à toute la France et à mon pays aussi, Madagascar.
Votre président, Andry Rajoelina, vous a d’ailleurs adressé ses félicitations sur les réseaux sociaux…
Ah bon ? Je ne le savais pas du tout ! Je remercie encore mon pays et j’espère être une fierté pour lui.