Interview

"J'avais besoin de voir mes enfants" : Grace justifie son abandon inattendu de "Koh-Lanta"

Publié le 19 avril 2023 à 6h00, mis à jour le 19 avril 2023 à 10h55

Source : Sujet TF1 Info

À la surprise générale, Grace, l’ambassadrice de l’équipe jaune, a décidé de quitter "Koh-Lanta : le feu secret" mardi soir.
Une décision qui permet à Quentin, l'ambassadeur rouge éliminé par la boule noire la semaine dernière, de poursuivre son aventure aux Philippines.
Un coup de théâtre et un épisode à revivre en intégralité sur MYTF1.

C’est du jamais vu en vingt ans d'émission. Alors qu’elle avait tiré la boule blanche la semaine dernière lors du face-à-face des ambassadeurs, Grace a décidé d’abandonner et de sauver du même coup Quentin au début de l’épisode 9 de "Koh-Lanta : le feu sacré", diffusé mardi soir sur TF1. Une décision qui a choqué ses camarades d’aventure et les téléspectateurs, attachés à cette mère de famille au tempérament de feu. Pour TF1info, elle livre les coulisses de cette décision choc.

À quel moment avez-vous pris la décision d’abandonner ? 

Ma décision a commencé à murir dès le deuxième jour de l’aventure. Ensuite, lorsque je me propose, pour aller aux ambassadeurs, c’est parce que je cherche vraiment un électrochoc. Et je suis énervée que Gilles et Nicolas lèvent la main car cette aventure, ils ne la vivent pas comme moi. Gilles, en particulier, elle lui apporte beaucoup. Moi, elle ne m’apporte rien. Je la subis. Je n’apprends rien de plus sur moi. Je n’en peux plus. J'ai besoin de voir mes enfants et je passe mes nuits à pleurer. Je passe mes nuits à refaire le monde. Je passe mes nuits à me demander pourquoi je suis là ? Pour qui ? Comment ? Je reste parce qu’il y en a 40.000 qui se sont inscrits et que je n’ai pas le droit de partir. J’étais la première à critiquer devant ma télé lorsqu’un candidat abandonnait. Mais pour l’avoir vécu, je suis partie en mode guerrière et je suis revenue en mode maman. Je savais que ça allait être compliqué. Mais pas à ce point-là.

En allant à la boule, je pense à mes parents qui sont au ciel et je leur demande de m’envoyer un signe
Grace

Qu’est-ce qui était le plus difficile ? L’éloignement ? La survie ? Le quotidien en communauté ? 

À "Koh-Lanta", le temps est très long. Une heure, on a l’impression que c’est deux jours dans notre tête. Je ne parle même pas des nuits ! Quand le matin arrive, ça va. On attend l’épreuve, on partage des moments avec les coéquipiers. Mais ça reste compliqué. Lorsque Benjamin abandonne un peu plus tôt, je me rappelle lui dire que c’est un choix entre le courage et la honte. Parce que moi-même, je me pose déjà la question. En allant à la boule, je remets mon destin entre les mains du hasard. Je pense à mes parents qui sont au ciel et je leur demande de m’envoyer un signe... Et puisque lorsque je tire la boule blanche et Quentin la boule noire, je vois à quel point il est déçu. Et limite je lui en veux. Parce que cette aventure, contrairement à moi, il la vit de ouf ! 

Il se passe ensuite quelques heures au cours desquelles tout le monde dit au revoir à Quentin. Quand Denis Brogniart vient le chercher sur le camp, vous hésitez encore à prendre sa place ? 

En fait, lorsqu’on revient des ambassadeurs, je demande à parler à la production pour leur expliquer ce que j’ai en tête. Ils me disent que je risque d’avoir des regrets, mais plus on avance dans la discussion, plus je suis convaincue de partir. Si bien que lorsque Denis arrive, je sais que je vais prendre la place de Quentin.

La prod a été super sympa avec le montage car à plusieurs reprises, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps
Grace

Denis Brogniart est-il au courant ? 

La production m’a demandé de réfléchir, mais Denis sait que j’ai cette motivation de partir, oui.

Et les autres aventuriers ? 

Personne ne sait.

Lorsque vous l’annoncez, on lit la déception sur le visage de plusieurs aventuriers. Gilles, lui, est carrément dévasté…

Je sais. Mais parce que Gilles, cette aventure lui apporte vraiment. Tous les jours, il y a des paillettes dans ses yeux. Je le vois... Et je me demande pourquoi je n’y arrive pas. C’est terrible parce que je ne me rends même pas compte de ce que je suis en train de vivre. Je réalise seulement maintenant que ça passe à la télé.

Ce qui est surprenant, c’est que ça ne se voit pas du tout à l’écran. Vous êtes engagée dans la vie du camp, vous donnez votre avis du tout. Et vous êtes performante dans les épreuves. Vous avez bien caché votre jeu, non ? 

Mais parce qu’il était hors de question que je montre mes faiblesses aux autres. Je n’avais pas non plus envie de les tirer vers le fond avec moi. D’ailleurs, plus les jours passaient, plus je m’éloignais lorsque les discussions tournaient autour des enfants. Je m’isolais dans la forêt. La prod a été super sympa avec le montage car à plusieurs reprises, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Mais bon, je suis aussi comme ça dans la vie de tous les jours. Je ne montre pas mes sentiments. Parce que j’ai peur que les gens s’en servent contre moi.

D’où vient cet aspect de votre personnalité ? Des événements de la vie ? 

J’ai perdu mes parents très tôt, et aussi mon frère lorsqu’ils étaient encore vivants. Ils ont eu une vie assez compliquée. Mon père était alcoolique, ma mère avait trois boulots. Lorsque je rentrais à la maison, il y avait souvent les flics ou les pompiers. Au regard des gens, c’était un peu la maison du malheur. Si bien que j’ai tout fait pour m’en sortir. Prouver que nous n’étions pas de mauvais enfants et que nous n’avions pas eu de mauvais parents. Mon père avait juste une tristesse en lui, énorme. Et ma mère était une guerrière. Alors quand je décide de partir de "Koh-Lana", je me moque du regard des autres. Parce que j’ai envie de voir mes enfants, j’ai besoin de les sentir. Cette aventure ne m’apporte plus rien et ce n’est pas grave.

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Vos proches connaissaient-ils les conditions de votre abandon avant la diffusion ? 

Mon mari, ça fait 30 ans qu’on se connaît donc il a compris assez rapidement. Mon dernier fils ne savait pas, mais il a 6 ans et je pense que ça lui passera au-dessus de la tête. Le deuxième, je lui ai expliqué parce qu’il a posé des questions après avoir vu le teaser de l’épisode. Je voulais pouvoir en discuter, mettre des mots sur ce que j’ai ressenti. Et maintenant, il est fier ! En revanche, l’aîné qui a 15 ans l’a su très tôt. Il est à un âge où on s’interroge sur plein de choses et je lui ai expliqué que dans la vie, on a le droit de se tromper. À conditions d’en tirer les leçons.


Jérôme VERMELIN

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