INTERVIEW – Ce lundi soir sur TF1, Muriel Robin joue une mère de famille atteinte d'Alzheimer dans "Le premier oublié", où elle donne la réplique à Matt Pokora. Une maladie dont sa mère était atteinte.
C'est un rôle qui a une résonance particulière pour elle. Muriel Robin est ce lundi soir à l'affiche du "Premier oublié", téléfilm diffusé sur TF1 qui aborde la maladie d'Alzheimer. Un sujet qui touche personnellement la comédienne puisque sa propre mère en a souffert. Et si elle a longtemps refusé de parler de ce mal, elle a décidé de faire partie du projet pour attirer l'attention sur une maladie encore trop souvent taboue.
La fiction raconte l'histoire d'Axel (Matt Pokora), un jeune homme qui a coupé les ponts avec sa famille. Alors que le cargo sur lequel il est cuisinier fait escale dans sa ville natale, il décide de rendre visite à sa mère. Et découvre alors avec effarement que celle-ci ne le reconnaît plus.
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LCI : Qu'est-ce qui vous a poussé à accepter ce rôle ?
Muriel Robin : Jusqu'ici, j'avais toujours refusé de parler d'Alzheimer car je ne voulais pas me remettre dans ce bain-là. Ma mère en a souffert. Elle est décédée en 2003, mais j'entends encore ses hurlements de souffrance. Cette fois, j'ai accepté car j'aime bien l'idée qu'on mette en lumière cette maladie pour parler de la prévention et de l'accompagnement des malades. Ce téléfilm me semblait utile. Et inconsciemment, j'ai eu envie de marcher sur les pas de ma mère.
C'est une maladie particulièrement difficile pour les proches...
C'est une maladie qui entraîne l'entourage, c'est vrai. Il y a plusieurs formes et moi, j'ai connu la pire. Quand une mère ne reconnaît plus son enfant, comme dans la fiction, c'est glaçant. Et moi, ça, je l'ai vécu. Il faut faire de la prévention pour l'entourage car on est complètement démunis face à cette maladie, on ne sait pas comment réagir. Il y a beaucoup de déni. C'est une maladie qu'on ne veut pas voir car on sait que ça va être atroce.
Personne n'a intérêt de dire du mal de Matt devant moi ! C'est un très bon acteur, il a une belle présence d'homme.
Muriel Robin
Vous donnez la réplique à Matt Pokora, qui fait ses débuts de comédien. Il nous a confié que votre relation avait été fusionnelle sur le tournage...
C'est vrai. On s'est rapprochés d'une manière assez évidente, on est fait du même bois. On a les mêmes valeurs, que ce soit sur la politesse ou la manière de gérer son métier. On est restés normaux. Il a de la profondeur et de l'épaisseur ce garçon. Personne n'a intérêt de dire du mal de Matt devant moi ! C'est un très bon acteur, il a une belle présence d'homme. Il est solide, il est loin d'être bête. C'est un vrai bosseur.
La fiction est-elle devenue une forme d'engagement pour vous ?
S'il y a du sens, ça me convient bien en effet. Moi j'aime bien être utile, je suis comme ça, je n'y peux rien. Mais il est aussi important de faire des choses légères pour faire plaisir aux gens. J'aime bien me marrer aussi.
Justement, vous remontez sur scène avec "Et Pof !", où vous reprenez vos meilleurs sketchs. Pourquoi cette envie ?
Quand j'ai vu que ces sketchs que j'avais joués il y a 30 ans avaient toujours autant de succès, je me suis dit pourquoi ne pas les refaire maintenant. En plus aujourd'hui je suis très en forme, et c'est une condition essentielle pour jouer mes sketchs. Et puis l'idée de pouvoir permettre à des gens qui ne m'ont jamais vue sur scène de le faire aujourd'hui, ça me plaisait. Quant aux autres, c'est comme si on se retrouvait pour se raconter des souvenirs de vacances.
Vous êtes très engagée contre les violences faites aux femmes. On a le sentiment qu'il y a une réelle prise de conscience dans l'opinion publique. Le ressentez-vous ?
Oui, ça a bougé incontestablement pour les gens. Par contre, ça ne bouge pas assez du côté de ceux qui prennent des décisions. Le téléfilm "Jacqueline Sauvage" m'a poussée à prendre la parole et à mettre le sujet dans la lumière. Ça a fait gagner du temps à toutes ces associations qui font un travail de dingue. Là, on le voit : on en parle, c'est écrit en plus gros dans les journaux, mais le métronome reste le même. Tous les deux jours et demie, une femme meurt sous les coups de son compagnon, ou de son ex-compagnon. C'est bien d'en parler, mais maintenant il va falloir se bouger.
Et pendant ce temps-là, les médias se gargarisent régulièrement au sujet de votre querelle avec Jean Marie Bigard au sujet de sa "blague" sur le viol dans "Touche pas à mon poste", en février dernier. Ça vous fatigue ?
C'est grotesque ! C'est vraiment la politique du vide, on ne parle de rien. En plus elle est terminée cette polémique. C'est juste un problème de goût, le vocabulaire qu'il emploie, je ne l'aime pas. Mais ce n'est pas nouveau pour Jean-Marie Bigard : je me souviens du sketch sur "Le lâcher de salope". J'étais dans la salle et j'avais envie de sortir. Moi ça ne me fait pas rire, j'ai le droit de le dire. Quant à ceux qui aiment, c'est leur droit aussi. Où est la polémique ? Et si je ne dis rien, que vont penser les femmes que je représente ?
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