INTERVIEW - Six ans après sa finale perdue lors de la saison 4, Anne Sila a remporté haut la main l'édition anniversaire du télécrochet de TF1 samedi 23 octobre. Après une nuit très courte, elle revient pour LCI sur son parcours et livre quelques détails sur son album à paraître la semaine prochaine.
Elle était la grande favorite de l'émission. Un statut qui lui a fait peur plus qu'autre chose. Mais Anne Sila a été au bout, offrant à son coach Florent Pagny le titre qui leur avait échappé il y a cinq ans. Sacrée "The Voice All Stars" avec 37,5% des votes devant Louis Delort, MB14, Terence, Amalya et Manon, la jeune femme de 31 ans martèle que "tout le monde aurait pu gagner".
"Pour moi, c'est plus un spectacle d'artistes qu'un concours de chant", souligne-t-elle au téléphone ce dimanche 24 octobre au matin au lendemain de la finale. Dans sa voix, rien ne laisse deviner qu'elle a très peu dormi. Voire pas du tout. C'est avec la même douceur que début septembre, au tout début de l'aventure, qu'elle a répondu à nos questions.
Avec Florent Pagny, on ne faisait que se prendre dans les bras en se disant : "C’est dingue ! On l’a fait, on a réussi !"
Anne Sila
On vous a vue très émue après votre victoire. Avez-vous le sentiment d’avoir enfin trouvé votre place, vous qui chantiez lors de la finale "que votre place n’était pas ici" dans "Creep" ?
Je ne sais pas si j’ai trouvé ma place mais j’ai l’impression que je m’en rapproche et que je me rapproche de ce que je veux faire, de ce que j’aime, des gens aussi avec qui j’ai envie de faire mon chemin. C’était ça le plus important. Il n’y a rien de mieux pour un artiste que d’être bien entouré et de se sentir bien dans ses baskets.
Dans votre entourage, il y a votre coach Florent Pagny. Votre finale perdue de la saison 4 était "son seul regret" dans "The Voice". Que vous a-t-il dit en vous rejoignant sur scène ?
Je vous avoue que j’étais un peu choquée donc je ne me souviens plus exactement de tout ce qu’on s’est dit. On était tous les deux contents, on ne faisait que se prendre dans les bras en se disant : "C’est dingue ! On l’a fait, on a réussi !". C’était marrant.
Hier soir, vous avez dit "revenir de loin". Après tout ce que vous avez vécu depuis "The Voice", peut-on dire que c’est vous le phénix de la chanson de Conchita Wurst que vous avez chanté en début d’émission avec vos camarades ?
C’est une très belle image. C’est vrai que je reviens de loin. Je suis passée par des moments un peu difficiles où j’étais pas mal perdue et ça me fait du bien d’avoir le droit à une deuxième chance.
Cette deuxième chance vous a été donnée par le public. Lors de la cross-battle, vous récoltez 73% des votes. En demi-finale, vous grimpez à 78% et en finale vous cumulez près de 40% des suffrages. Le clip de "Je reviens te chercher", que vous avez repris pour votre audition à l’aveugle, cumule plus d’un million de vues. Que vous inspirent ces chiffres fous ?
Ça me fait du bien et surtout, ça me touche que les gens soutiennent ce genre de chansons. Ça me touche qu’il y ait encore de la place pour la chanson française, pour toutes les chansons incroyables qu’on a dans notre patrimoine. Je remercie les gens évidemment de leur soutien précieux.
Une idée d’où vous allez ranger votre trophée, qui a l’air particulièrement lourd ?
(Elle rit). Il est hyper lourd, on peut vraiment faire des haltères avec ! Il faudrait que je le range dans une salle de sport mais je n’en ai pas vraiment (elle rit). Mon frère et ma sœur veulent que je le mette sur l’étagère mais je ne suis pas sûre. Quand il sera posé, je vous enverrai la photo (elle rit).
Cette victoire coïncide avec la sortie de votre troisième album, "À nos coeurs", qui sera disponible le 29 octobre. Un opus très tendre, où il est beaucoup question d’amour et de pages qu’on tourne, sur une pop presque mutine ("L’équilibre") ou des airs jazz ("Carte du tendre"). C’est un nouveau départ musical ?
C’est surtout le début de ce que j’ai vraiment envie de faire. Mon rêve a toujours été de mélanger le jazz et la pop, le français et l’anglais. Ce n’est que mon troisième album donc je n’ai pas la prétention de dire que j’y suis arrivée mais je commence vraiment à emprunter le chemin que j’ai envie de prendre. J’en suis très fière et très reconnaissante.
Comment décririez-vous ce chemin au public ?
Écouter mon album, c’est comme déambuler à New York. On est dans la rue de la pop qu’on entend à la radio, puis on rentre s’amuser dans un club de jazz. On entend les standards, des gens qui improvisent. On boit un coup et hop, on monte dans un taxi. Et là on entend une chanson en français, avec peut-être de la musique classique, des cordes… Je veux vraiment qu’on se balade, qu’on soit un peu comme dans un parc d’attractions, qu’on en voit de toutes les couleurs mais qu’on reste un peu sur cette route principale qui est la pop.
Cette image me parle, j’ai envie de voir la vie comme ça. J’ai envie de me dire que tout est possible, que parfois tu as peur, tu cries, tu rigoles ou tu fais une petite pause aussi.
Votre album est aussi un grand huit émotionnel. Le texte du premier morceau, "Derrière le miroir", est particulièrement fort. Cet album, c’est aussi une manière d’exorciser une bonne fois pour toutes de vieux démons qui vous ont empêchée d’avancer (son équipe parle d'un "drame tragique et personnel qui aurait pu lui coûter la vie", ndlr) ?
Complètement. C’est un très joli mot de dire que mon album est un grand huit. C’est totalement ça parce que je suis passée par beaucoup d’émotions ces cinq dernières années, beaucoup de hauts et de bas. J’ai eu beaucoup de chance sur le plan professionnel mais j’ai aussi connu des moments très durs qui sont peut-être plus difficiles à assumer. Dans ce métier-là, c’est plus simple de montrer quand ça va plutôt que l'inverse. C’est plus simple d’assumer quand ça va, parce qu’on a tendance à s’en vouloir de ne pas se sentir assez fort, de ne pas être là où on veut être. Cette chanson raconte ça aussi.
Mon duo avec Louis Delort devrait sortir d'ici la fin de l'année
Anne Sila
Vous collaborez avec Olivier Schultheis, le directeur musical de "The Voice". C’est une manière de boucler la boucle ?
Oui, mais c’est aussi une façon de le remercier. Olivier Schultheis fait une énorme partie de cette émission. Il est très attentif à nos propositions d’arrangements. Il ne chamboule pas tout, il nous demande ce qu’on veut faire et rend nos idées meilleures. Je voudrais que le public se rende compte à quel point c’est précieux pour nous. Ça nous permet de nous rapprocher de ce qu’on est en chantant des morceaux qui ne sont pas les nôtres.
Il y a une chanson en turc sur votre album, "Göreceksin Kendini". Pourquoi ?
C’est très drôle parce que c’est une chanson en français au départ, "Tu te reconnaîtras", avec laquelle Anne-Marie David a remporté l’Eurovision pour le Luxembourg en 1973. Les paroles me rappellent ce que je vis en ce moment. Elle a été reprise par une artiste turque qui s’appelle Nilüfer. Mon père est turc et il me chantait ça quand j’étais enfant. J’ai voulu mettre un peu d’enfance dans mon album.
Louis Delort nous a dit qu’il avait enregistré un duo avec vous mais la chanson ne figure pas sur votre album. Quand pourra-t-on entendre ce morceau ?
Je n’ai pas la date exacte mais je peux vous dire que ce sera en anglais, très joli et qu’on était très heureux de l’enregistrer. Un indice : je pense que ça va sortir avant la fin de l’année.
Qui dit album, dit tournée. Quand pourrons-nous vous voir sur une scène qui n’est pas celle de "The Voice" ?
Le plus tôt possible ! J’ai vraiment hâte de revenir, j’ai hâte !
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