Propos antisémites : et si c’était (aussi) la fin de la carrière musicale de Kanye West ?

Publié le 26 octobre 2022 à 12h07, mis à jour le 27 octobre 2022 à 11h32

Source : Sujet TF1 Info

Adidas et Balenciaga ont décidé de rompre tout lien avec Kanye West suite à ses propos antisémites.
Devenu milliardaire grâce à ses activités dans la mode, le rappeur est devenu "toxique" pour ce milieu.
Côté musique, l'ex-mari de Kim Kardashian pourrait également avoir beaucoup de mal à rebondir.

Le 2 octobre, Kanye West ouvrait la marche du défilé Balenciaga à Villepinte, en région parisienne. Dans une atmosphère d’apocalypse, le rappeur marchait dans la boue en doudoune, pantalon de cuir et grosses baskets, le visage dissimulé sous sa casquette et sa capuche. Une métaphore du chaos à venir ? Le lendemain, lors d’un show privé près de l’Arc de Triomphe, il exhibait un sweatshirt avec l’inscription "White Lives Matter", chère aux suprémacistes blancs, le début d’une spirale sans fin.

Pendant longtemps, le monde de la mode a fermé les yeux sur les propos polémiques du rappeur. Comme ses fans purs et durs, les grandes marques semblaient l’excuser en raison des troubles mentaux dont il souffrirait. Le voir réitérer ses propos dans plusieurs interviews où il paraît totalement sain d’esprit a convaincu le groupe français Kering, propriétaire de Balenciaga, et la firme allemande Adidas, de mettre un terme à toute collaboration avec un artiste devenu clairement "toxique".

Il n'est déjà plus milliardaire

Mardi soir, la revue Forbes annonçait qu’en raison de cette double rupture, Kanye West avait d’ores et déjà perdu son statut de milliardaire, ce dont il se faisait une immense fierté il y a encore quelques jours au micro de l’animateur Piers Morgan. À l'instar de nombreux artistes de la scène hip-hop et R’n’B comme Rihanna et Beyoncé, le rappeur avait diversifié ses activités ces dernières années, multipliant ses revenus de façon spectaculaire. Si rien ne l’empêche de revenir à ses premiers amours, l’industrie de la musique en dira-t-elle autant ?

Confirmant les informations de plusieurs médias américains, Universal a précisé il y a quelques heures que sa filiale Def Jam n’était plus sous contrat avec Good Music, le label de l'artiste, depuis l’an dernier. Mais surtout qu’elle n’avait certainement pas l'intention d’en signer un nouveau. "Il n’y a aucune place pour l’antisémitisme dans notre société", indique la major dans un communiqué. "Nous sommes profondément engagés dans la lutte contre l’antisémitisme et toute forme de discrimination".

Banni des plateformes de streaming ?

Dans le contexte actuel, il semble inimaginable qu’une autre maison de disques accueille Kanye West en son sein. D'autant plus qu'il a été viré en début de semaine par la prestigieuse agence CAA qui défendait ses intérêts. Dans une tribune passionnante, le journaliste de Variety Jem Asward va encore plus loin et s’interroge sur la présence de la musique du rappeur sur les plateformes de streaming. Il rappelle qu’en 2018, Spotify, Deezer & co ont supprimé les chansons de R. Kelly de leurs playlists, bien avant qu’il ne soit condamné pour crimes sexuels l’été dernier.

Comme le chanteur de R’n’B, le catalogue de Kanye West reste disponible sur ces plateformes qui continuent donc de gagner de l’argent sur les écoutes des internautes. Mais rien ne dit qu’à l’avenir, elles accepteront d’héberger ses nouveaux projets. Le rappeur, qui aime se présenter comme un visionnaire, avait peut-être anticipé cette hypothèse puisqu’en février dernier, l’album Donda 2 était uniquement disponible sur son propre lecteur MP3, le Stem Player, accessible pour la "modique" somme de 200 dollars.

Reste à savoir s’il aura l’audience nécessaire pour financer ce genre de projet et se lancer dans une carrière indépendante, en marge des circuits traditionnels. D’après l’institut Luminate, les écoutes en streaming de ses chansons ont chuté de 23% dans la période du 13 au 20 octobre dernier, dans la foulée de ses propos antisémites. Ses ventes, elles, ont reculé de 17,5% sur la même période. "De grandes œuvres d’art sont parfois produites par des gens horribles, et c’est à chacun de décider s’il est moralement à l’aise à l’idée de les consommer et de faire gagner de l’argent à ces gens horribles", résume Jem Asward.


Jérôme VERMELIN

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