"Qu’Allah bénisse la France"... et le réalisateur Abd Al Malik ?

Publié le 9 décembre 2014 à 13h43
"Qu’Allah bénisse la France"... et le réalisateur Abd Al Malik ?

DEBAT - Le prince du slam Abd Al Malik fait ses débuts de cinéaste avec Qu’Allah bénisse la France, un récit autobiographique qui évoque sa jeunesse, entre musique et religion. Du côté de metronews, les avis sont partagés.

POUR : "Du style et du fond" - Marilyne Letertre
Galop d’essai réussi pour Abd Al Malik, l’auteur du carton Gibraltar qui, en adaptant son autobiographie sur grand écran, fait des débuts très encourageants derrière la caméra. Maitrisant parfaitement son sujet et son contexte, le rappeur propose un voyage en immersion et en noir et blanc (comme dans La Haine) dans la cité de Strasbourg qui l’a vue grandir. Donnant à voir l’islam modéré comme la montée de l’extrémisme, les délinquants de quartier comme les étudiants à Sciences Po (parfois réunis en un seul et même être), les rap sessions entre potes comme les rendez-vous galants, l’apprenti cinéaste brosse un portrait nuancé et pertinent de l’environnement social, amical, intellectuel, familial et musical de sa jeunesse. Le tout avec un style et un savoir-faire qui, sans être totalement aboutis (notamment dans la direction d’acteurs et l’utilisation de la voix off), sont la promesse d’un talent et d’un goût certains pour le cinéma.

CONTRE : "Sincère mais maladroit" - Mehdi Omaïs
Nulle ne peut remettre en question le talent d’Abd Al Malik. D’abord pour la musique. Mais également pour l’écriture avec son probant Qu’Allah bénisse la France, paru en 2004, et qu’il transpose cette année sur grand écran. Si la sincérité de la démarche est indubitable et que le sens du cadre de l’artiste est assez épatant, le traitement général se révèle beaucoup trop lisse et convenu, bien loin de la fureur de son grand frère La Haine. Pis, c’est surtout le cloisonnement du héros qui pose problème. Au-delà de sa révolution spirituelle et religieuse, il ne dégage que peu d’empathie. On ne comprend d’ailleurs pas toujours l’extrême raideur de ses convictions. Difficile dès lors de l’accompagner dans ce qu’il appelle sa "nouvelle voie". Demeurent néanmoins la dignité du regard posé sur une religion souvent malmenée et l’évitement d’une violence poseuse.


La rédaction de TF1info

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