Le robot rappeur virtuel FN Meka a déclenché la colère de la communauté noire aux Etats-Unis.Montrée du doigt, la maison de disques Capitol a rompu le contrat la liant avec ses créateurs.L’artiste qui a prêté sa voix au projet révèle lui qu’il n’a pas touché le moindre dollar pour son travail.
Sur TikTok, suivi par 10 millions d’abonnés, il fait du basket en jetpack, découpe des légumes au sabre et organise des barbecues à l’arrière de sa limousine. Lui, c’est FN Meka, un robot rappeur au cœur d’une improbable polémique. Sous la pression du groupe d’activistes Industry Blackout, il vient d’être d’être congédié par Capitol Records, dix jours seulement après avoir signé avec cette filiale de la major Universal.
Tresses vertes sur un crâne à moitié rasé, dents en or, tatouages de la tête aux pieds et vêtement de marque, FN Meka est notamment accusé d’avoir utilisé le terme "nigger" ("nègre" en français, ndlr.), devenu imprononçable aux États-Unis. Mais aussi d’être apparu dans une vidéo de très mauvais goût où il se matraquer au sol par un policier blanc, rappelant les terribles incidents racistes qui ont émaillé l’actualité ces dernières années.
no one: WHITE MUSIC EXECS LEFT IN A ROOM, UNSUPERVISED: let's create an artificial rapper who says the n word & simulates our deepest fetishes & fantasies about blackness & materialism & he will never get arrested unless we want him to which is a fun storyline let's try that pic.twitter.com/9nDdqXdpbw — karliehustle.nah (@THEkarliehustle) August 23, 2022
En début de semaine, Industry Blackout avait écrit à Capitol pour dénoncer "un amalgame de stéréotypes grossiers, d'appropriations culturelles d'artistes noires et d'insultes" contenues dans les paroles de ses chansons. "Nous présentons nos plus profondes excuses à la communauté noire pour notre absence de sensibilité en ayant signé pour ce projet sans nous être interrogés suffisamment sur son équité et sa créativité", a reconnu le lendemain la maison de disques dans un communiqué.
Fin de l’histoire ? Outre-Atlantique, beaucoup s’interrogent sur la genèse d’un tel projet, à l’heure où le combat antiraciste est devenu une priorité éthique et économique de nombreuses entreprises, à commencer par les géants du divertissement. Variety révèle que FN Meka a été créé par la firme de nouvelles technologies Factory Now. D’après le magazine professionnel, tous ses cadres seraient blancs, même si son patron, Anthony Martini, se défend de vouloir surfer sur l’esthétique – et les souffrances de la communauté noire.
no way this is the fn meka dude y’all are talking abt 😭 pic.twitter.com/Hl2i3se71Q — dxzy 💪🗿 (@LilTrix4Life) August 23, 2022
Interrogé par le New York Times, il reconnaît une forme de maladresse même s'il estime que les premières versions de FN Meka était "pires". Il précise par ailleurs que l’équipe créative réunie autour du projet respectait la diversité. Et que la voix du rappeur virtuel a été créée à partir de celle d’un artiste noir. Le hic, c’est que Variety l’a retrouvé…. Et il n’est pas très content. Rappeur basé à Houston, Kylie the Hooligan affirme en effet ne pas avoir été payé pour son travail !
"Ils sont venus me voir avec leur connerie d’intelligence artificielle et il m’ont demandé si je voulais faire la voix", raconte-t-il. "Je me suis dit que ça allait être une collaboration. Ils m’ont promis une part équitable dans la société, des pourcentages, etc. Et puis soudain ils ont disparu. Ils ont utilisé ma voix, mon son, ma culture, et ils m’ont littéralement laissé sans rien". Invité à réagir, Anthony Martini reste injoignable. Malaise, vous avez dit malaise ?
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