Rencontre avec Dan Franck : "Mon rôle s'est arrêté après l'écriture des scénarios. Il n'y a pas eu d'échange avec Florent Siri"

Publié le 6 mai 2016 à 16h15
Rencontre avec Dan Franck : "Mon rôle s'est arrêté après l'écriture des scénarios. Il n'y a pas eu d'échange avec Florent Siri"

INTERVIEW - Créateur et scénariste de Marseille, disponible depuis le 5 mai sur Netflix, Dan Franck n'en est pourtant pas le showrunner. Il revient avec Metronews sur son rôle dans la conception de la série et la place du scénariste dans la fiction française.

Comment est né ce projet ?
C'est un projet qui m'a été proposé par le producteur Pascal Breton, qui est aussi mon ami. Il m'a dit que Netflix faisait un appel d'offres dans le but de produire une série en France, et il m'a demandé si Marseille m'inspirait. C'est comme ça que j'ai commencé à travailler sur la série, à me rendre dans cette ville, à écrire le pilote puis des arcs. Netflix a reçu une cinquantaine de projets, et c'est finalement celui-là qu'ils ont choisi.

Que connaissiez-vous de Marseille avant d'écrire dessus ?
Pas grand-chose, pas suffisamment pour écrire. Donc il y a eu une part d'enquête importante de ma part : je suis allé dans les cités, dans les mosquées, à la mairie, j'ai aussi suivi les élections départementales. J'ai rencontré de nombreux interlocuteurs et fait vérifié mes dialogues par des politiques et des gens des cités.

Comment avez-vous appréhendé cette écriture sur la politique ?

Ce monde ne m'est pas inconnu. A part le système Guérini qui a beaucoup fait parler, on ne peut pas dire que la politique à Marseille soit plus scandaleuse qu'ailleurs. Je dirais qu'elle est vivante et vivace comme l'est la ville. Mais c'est vrai que c'est une ville qui a une personnalité tellement importante que ça transpire tout le temps, que ce soit en politique, dans les faits divers ou la culture.

Vous avez eu une liberté totale ?

Je n'ai eu aucune censure. Quand vous écrivez un scénario c'est une œuvre collective, Florent Siri qui est le showrunner, met aussi en scène la série avec Thomas Gilou. Moi j'ai eu des échanges avec Netflix et les producteurs et à partir du moment où j'ai rendu ma copie, ce sont les réalisateurs qui s'en sont emparés et qui ont transformé les choses. Comme ça se fait toujours : Olivier Assayas l'a fait pour Carlos, Gabriel Aghion l'a fait avec La Vie Devant Elles… C'est une œuvre collective un film. Et celui qui a la main, qui a le langage du film c'est le metteur en scène.

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Et votre collaboration avec Florent Siri ?
Je n'ai parlé ni avec lui, ni avec les acteurs. J'ai regardé un peu les montages, mais à ce moment-là mon rôle s'était déjà arrêté. J'étais en train d'écrire les Aventuriers de l'Arche Moderne, donc j'étais occupé ailleurs. Quand le scénario est écrit il y a une autre phase qui commence, qui regarde d'autres équipes, comme celle de Florent Siri. En général les scénaristes s'en vont à ce moment-là.

On a beaucoup parlé d'un House of Cards à la française…
C'est une erreur totale. C'est d'avantage un drame familial et psychologique sous fond politique. Cet aspect est un prétexte, le combat électoral n'est pas au centre de l'histoire : ce n'est pas du tout une série politique, ce n'est pas comparable à House of Cards. Les personnages ne sont pas les mêmes et dans cette série c'est la conquête du pouvoir pour le pouvoir, alors que Marseille c'est une autre histoire. C'est incomparable.

Avez-vous eu votre mot à dire sur le casting ?

Non, je n'ai rien eu à dire, c'était le rôle de Florent Siri et j'étais d'accord avec le choix du casting. Mais mon rôle s'était déjà arrêté comme je vous l'ai dit. Il n'y a eu aucun échange avec lui, j'ai remis mon scénario et il s'est dépatouillé avec... De temps en temps ça se passe comme ça. C’est-à-dire que je pense que les metteurs en scène ont besoin de s'approprier un texte qui n'a pas été écrit par eux et le change. Et parfois les scénaristes deviennent gênants parce que c'est la vision du réalisateur qui compte, qui est essentiel et il faut leur laisser ce privilège… Ou plutôt ce pouvoir. Qu'ils revendiquent.

Mais ce n'est pas trop frustrant ? C'est vous qui créez la série…
Parfois c'est même dramatique. Mais bon, je pense que tous les scénaristes ont vécu ça et sont plus ou moins d'accord avec ça. Parfois il y a de grandes joies et parfois il y a beaucoup de réserve. J'ai eu ça sur un certain nombre de films que j'ai pu écrire. Mais le résultat est ce qu'il est.

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La rédaction de TF1info

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