Report de la visite de Charles III : la presse anglaise pas tendre avec la France

Chronique d’une décision annoncée ? Outre-Manche, la décision de reporter la visite de Charles III en France n’est pas franchement une surprise. Depuis le début de la semaine, les médias faisaient leurs gros titres sur le voyage officiel du souverain dans notre pays. Et s’interrogeaient clairement sur les conditions de son séjour dans un contexte politique et social explosif.

"Il sera bien difficile d’établir un itinéraire durant le séjour du souverain britannique afin d’éviter les manifestations, les piquets de grève, les graffitis et des services publics en déroute", ironisait le Daily Telegraph mardi. "Il y aura de la crasse, des carcasses de voitures brûlées, des pavés cassés (…) et un nombre croissant de boutiques barricadées dans le cœur de Paris."

S’ils observaient encore la situation avec un brin d’humour noir il y a 48 heures, nos voisins avait du mal à dissimuler leur inquiétude après les événements de jeudi, les scènes de violences les plus spectaculaires provenant de Paris et Bordeaux… les deux villes où leur souverain avait prévu de se rendre au cours de son déplacement dans l'Hexagone.

Ce vendredi, la principale victime de ce fiasco est toute désignée. Pour la BBC, "cette décision est un camouflet important pour la France et pour le président Macron. Ce séjour devait être une vitrine pour la France, et présenter au nouveau monarque le meilleur de la vie française tout en consolidant une amitié nouvelle". Manqué.

"Le report de la visite d’État du roi Charles en France, le premier de son règne, marque une humiliation pour le président Macron", explique au Daily Mail Richard Fitzwilliams, consultant spécialiste de la famille royale. "Le pays est en train de sombrer dans l’anarchie et il était clairement impossible de garantir la sécurité de la délégation royale et de s’en tenir à un calendrier fixé sur lequel la sécurité pouvait être assurée", insiste-t-il.

"Les menaces de perturber la visite n’étaient que trop réelles, surtout compte tenu du symbolisme attaché à Versailles, où un banquet d’Etat devait être tenu", ajoute cet expert en relations publiques. Pour lui, la réception dans la demeure des rois de France aurait été ni plus ni moins le "moment Marie Antoinette" d’Emmanuel Macron.

Pour la presse britannique, l’autre responsable de la visite c’est… Charles III lui-même. The Independent révèle que le service de la protection de la police nationale, (SDLP), avait étudié de près le comportement du souverain en public. "Ils ont pris conscience de l’habitude du roi de serrer la main de façon impromptue et de parler aux gens ordinaires chaque fois qu’il le pouvait", indique une source britannique qui avait participé à la planification du séjour.

Le 9 septembre dernier, souvenez-vous, une femme avait embrassé Charles III sur les joues durant son premier bain de foule, aux abords de Buckingham Palace. Une scène inimaginable du temps d’Elizabeth, aussi bien du point de vue du protocole que de la sécurité. Ce désir de proximité n'est pas sans risque puisque ces dernières semaines, le souverain a été la cible de plusieurs jets d'oeuf de la part de militants anti-monarchie. À chaque fois sans conséquence.