Le trio britannique emmené par l'ambitieux Matt Bellamy publie son neuvième album ce vendredi.Un opus éclectique conçu comme un best of de l’ensemble de leur carrière, entamée il y a bientôt 30 ans.En partie inspiré par la pandémie, il est proposé dans une édition limitée sous forme de NFT.
La volonté du peuple ? Dans un entretien accordé cet été au Guardian, Matt Bellamy livre une explication savoureuse au titre du nouvel album de Muse. Après l’accueil mitigé de son prédécesseur, Simulation Theory, la maison de disques du groupe britannique lui a suggéré de publier une compilation de ses plus grands succès, histoire de rassurer le comptable. "Pour moi c’est le début de la fin lorsque vous sortez un greatest hits", ironise le chanteur et guitariste. "Et puis je ne suis pas sûr que nous ayons autant de tubes que ça. Nous ne sommes pas un groupe pop."
Complété par le bassiste Chris Wolstenholme et le batteur Dominic Howard, le trio originaire de Teignmouth va alors proposer à ses patrons un concept un peu différent : un voyage à travers l’ensemble de sa discographie, qui mélange prog-metal, rock classique, electro et ballades mainstream, le tout raconté à travers dix nouvelles chansons. Si vous avez l’impression à la première écoute que ça part dans tous les sens… c’est donc fait exprès.
Plus éclectique, tu meurs
Ce qui ne veut pas dire que Will of The People manque de surprises, ni de maîtrise, bien au contraire. Après la chanson qui donne son titre à l’album, un hymne glam rock taillé pour les stades, "Compliance" est propulsé par des synthés eighties qui prennent vite le pas sur les guitares, pour un résultat plus proche de Daft Punk que de Rage Against the Machine. Deux salles, deux ambiances. Chacun ses goûts.
"Liberation", le troisième titre, ravira les fans du répertoire le plus aventureux de Muse avec ses changements de rythmes multiples et ses harmonies vocales à la Queen. Impressionnant single paru en janvier dernier, "Won’t Stand Down" fait grimper la température avec ses riffs rageurs qui rappellent que les trois amis lorsqu’ils ont fini leur échauffement, n’ont rien à envier aux champions du metal actuel. Maniant l’art du contrepied, Muse enchaîne ensuite avec "Ghost (How Can I Move On)", une balade piano-voix honnête, mais sans grand relief.
On préfère nettement le titre suivant, "You Make Me Feel Like It’s Halloween", dont l’intro à l’orgue lorgne avec insistance sur le thème du célèbre film d’horreur de John Carpenter. Baroque et imprévisible, ponctué par un bon vieux solo de guitare à l’Américaine, Matt Bellamy a révélé au NME l’avoir composé en hommage aux victimes de violences de conjugales durant la pandémie de Covid-19.
Jusqu'au bout de cet opus relativement court - 38 minutes chrono - Muse prend un malin plaisir à alterner les atmosphères, avec un "Kill or Be Killed" aussi brutal qu’efficace et un "Verona", space rock de toute beauté. Le grandiloquent "Euphoria" sonne comme une version accélérée du classique "Time is Running Out" avant le bien nommé "We Are Fucking Fucked" qui clôt les débats, inspiré par l’avalanche de catastrophes qui secouent l’humanité depuis deux ans. Pas besoin de vous faire un dessin.
Ce qui ne veut pas dire que le groupe a renoncé à se projeter dans le futur. La preuve ? Devançant la plupart de ses collègues, il propose ce vendredi Will of The People dans une édition inédite sous forme de NFT, les jetons numériques en train de révolutionner le business de l’entertainment. Une version limitée à 1000 exemplaires pour les plus accros avant de retrouver le trio préféré sur scène. En France, ce sera à la salle Pleyel, le 25 octobre prochain.