INTERVIEW – Docteur ès en démolition de la planète, Roland Emmerich, le plus hollywoodien des cinéastes allemands, a conquis le monde de l’entertainment depuis le début des 90’s grâce à une fournée de films catastrophe parmi lesquels "Le jour d’après" ou "2012". Ce mercredi, il offre une suite à son "Independence Day". Nous avons rencontré le manitou du divertissement populaire.
Il a fallu 20 ans avant qu’Independence Day, 55ème plus gros succès de l’histoire du cinéma, donne naissance à un second volet. Quel en est le maître-mot ?
La plupart des personnages de cet opus ont perdu un proche ou sont devenus orphelins suite aux événements qui se sont déroulés dans le premier film. Ces derniers sont conscients que la menace n’est pas révolue, qu’elle peut surgir à n’importe quel moment. Ils sont aux aguets, se demandant constamment ce qui va advenir de leur planète. Pour moi, c’est le thème principal.
Il semble que vous refusiez de considérer Independence Day : Resurgence comme une suite…
(Il coupe) Exact… Parce qu’à quelques similarités près, il est très différent du précédent volet. Il y a plus de personnages par exemple, avec cette nouvelle génération qui prend la main face à des aînés vraiment tourmentés. Le résultat est plus sombre. Les progrès technologiques nous ont par ailleurs permis d’aller encore plus loin visuellement.
Etes-vous déçu que Will Smith, superstar de l’œuvre originelle, ne fasse pas partie de l'aventure ?
Très déçu même si je l'ai compris. Quand je lui ai parlé du projet la première fois, il était très excité. Mais nous avons mis plus de deux ans avant de proposer un scénario. Entre temps, Will avait tourné After Earth, qui est aussi une histoire de père et de fils. Il venait également de jouer dans une suite, Men in Black 3, qui, je crois, n'a pas été une bonne expérience pour lui. Résultat : il n'a pas voulu enchaîner avec un troisième film de science-fiction, une suite ou un récit incluant une relation filiale.
Vous avez recruté de jeunes acteurs. Mais aussi, choix surprenant, Charlotte Gainsbourg. C'est inédit dans ce genre de production… Pourquoi avoir pensé à elle ?
Je suis un grand fan. Au début, je n'osais pas le lui proposer. J'ai demandé à mon avocat, qui est aussi le sien, de tâter le terrain, de voir si une superproduction comme celle-là l'intéresserait. A ma grande surprise, elle a accepté de me rencontrer. Elle avait quelques doutes mais a accepté en constatant combien ce projet était cool et sans tension.
De quelle manière le film fait-il écho à notre époque actuelle ?
Aujourd’hui, quand vous parlez aux gens, ils se disent très pessimistes concernant le futur. Independence Day : Resurgence montre ce que le monde pourrait être si nous étions tous unis, si nous ne faisions plus qu’un. Et si nous créions quelque chose de commun afin de contrer la menace venue d’ailleurs plutôt que de dépenser autant sur les armes pour nous entre-tuer ?
Mettre en scène des films tels que 2012, Godzilla ou White House Down vous a-t-il permis de comprendre pourquoi le public adore la destruction sur grand écran ?
Je ne fais jamais appel à des super-héros mais à des gens lambda, comme vous et moi, qui doivent être à la hauteur d’un challenge extraordinaire. Je crois aussi que nous avons tellement peur des désastres que les voir au cinéma permet d’exorciser les craintes. Pendant 2h, les spectateurs peuvent ainsi s’évader en ayant le sentiment de vivre quelque chose qu’ils n’auraient jamais vécu dans la vraie vie.
Vous avez quasiment dégommé tous les monuments de la planète au gré de votre filmographie. Que manque-t-il à votre palmarès ?
Vous savez, je ne me balade pas dans la rue en me disant : "Oh tiens, je pourrais détruire ça ou ça !" (rires) Les gens pensent que j'adore le désordre mais je suis un type qui préfère l’harmonie. Je crois qu’il y a un malentendu dans la façon de me percevoir… Et puis, tout ce que je détruis n’est pas gratuit mais revêt un caractère symbolique.
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