SANCTION - L’Académie des César a voté mardi une réforme excluant les membres "de droit" de ses instances dirigeantes. Parmi eux Roman Polanski, condamné pour rapports sexuels illégaux avec une mineure en 1977. Reste que le cinéaste franco-polonais pourra toujours voter - et même être primé - lors des prochaines cérémonies. Explications.
C’est le premier geste fort de Véronique Cayla, élue présidente de l’Académie des César fin septembre. Suite à un vote effectué ce mardi à une écrasante majorité, l’assemblée générale de l’association qui régit la manifestation a supprimé la possibilité pour des personnalités du Septième art d’en faire partie "de droit" comme c’était le cas jusqu’ici. Une réforme tout sauf anecdotique puisqu’elle permet d’évincer le Roman Polanski qui était membre à vie de cette instance dirigeante, à l'instar de tous les lauréats français d’un Oscar à Hollywood. Le cinéaste franco-polonais l’avait remporté en 2003 pour Le Pianiste.
Cette décision vise clairement à pacifier la grande famille du cinéma français, déchirée depuis les récompenses attribuées au cinéaste le 29 février dernier pour son dernier film, J’accuse. On se rappelle qu'à l’annonce du César de la meilleure réalisation, la comédienne Adèle Haenel avait quitté la salle avec fracas, point d'orgue d'une soirée sous haute tension à laquelle le cinéaste avait renoncé à participer à la dernière minute. "Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, 'ce n’est pas si grave de violer des femmes'", avait déclaré quelques jours plus tôt dans le New York Times la star de Portrait de la jeune fille en feu.
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Condamné en 1977 en Californie pour "rapports sexuels illégaux" avec une mineure, et exilé en France après avoir été incarcéré 42 jours au pénitencier de Chino à l'époque, Roman Polanski a été accusé de violences sexuelles par plusieurs femmes depuis. Des faits que ce dernier a toujours niés. Sa dernière accusatrice en date, la photographe française Valentine Monnier, a affirmé en novembre dernier avoir été violée à l’âge de 18 ans par l’auteur de Chinatown dans un chalet à Gstaad, en Suisse, en 1975.
Il peut toujours être candidat à un César
Purement et simplement exclu des Oscars au printemps 2018, dans le sillage du mouvement #MeToo, Roman Polanski n’est en revanche pas totalement évincé des César. S’il ne fait plus partie des instances dirigeantes, il est toujours membre de l’Académie, en qualité de professionnel du cinéma. Il pourra donc voter lors de la prochaine cérémonie, qui devrait avoir lieu au printemps prochain. Et pourquoi pas être candidat à une nouvelle récompense, s’il venait à réaliser un nouveau film. Avec 5 César de la meilleure réalisation, il est d'ailleurs le recordman absolu dans cette catégorie.