"Salvador Mundi", de Leonard de Vinci : l'histoire rocambolesque du tableau devenu le plus cher du monde

Publié le 16 novembre 2017 à 13h13, mis à jour le 16 novembre 2017 à 21h36
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CULTURE - Le "Salvador Mundi", le "sauveur du monde", a été vendu ce mercredi à New York pour 450,3 millions de dollars (382 millions d'euros). Un record inespéré il y a encore quelques décennies, quand la toile était acquise 45 livres sterling...

Il aura fallu 19 minutes pour que "Salvador Mundi" tutoie les sommets. Ce tableau, signé Léonard de Vinci, a été adjugé mercredi 450,3 millions de dollars lors d'enchères chez Christie's à New York. De son acquéreur, on ne sait absolument rien, les responsables de la célèbre maison de vente ayant botté en touche. En revanche, l'histoire de la toile, elle, est connue. Et elle est rocambolesque.

La première trace de ce "sauveur du monde" remonte au XVIème siècle. A l'époque,  le roi de France Louis XII entame les guerres d'Italie, et va ainsi occuper Milan. C'est à ce moment-là qu'il aurait commandé un portrait du Christ à Léonard de Vinci. Peint sur un panneau en noyer, il mesure 65cm sur 45cm. Le thème de la toile ? Un Christ Sauveur, qui bénit d'une main et tient l'univers - symbolisé par un globe - dans l'autre. Le thème est ancien, puisqu'il remonte à la fin du Moyen-Age. 

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"Penser qu’il s’agit d’une œuvre potentiellement importante et la traiter comme telle"

Selon des experts, il aurait été peint entre 1506 et 1513, date à laquelle la France perd le duché de Milan. En France, il ne va pas rester longtemps : il va traverser la Manche en 1625, quand Henriette Marie, la sœur du roi Louis XIII, est mariée à Charles 1er, roi d'Angleterre. On retrouve la trace du tableau en 1666, quand il est inventorié dans les collections royales anglaises. Il va ensuite disparaitre durant des décennies : selon certains experts, il serait vendu à un fils illégitime de la famille royale, en 1763… Seule certitude : en 1900, un Salvator Mundi, alors attribué à Bernardo Luini, disciple de Léonard, est acheté pour la collection de Sir Herbert Cook, à Doughty House, à Richmond. Les documents de l'époque évoquent un panneau de noyer fendu, le visage et les cheveux du Christ largement repeints. L’attribution à Léonard de Vinci ayant été oubliée, la toile a très peu de valeur… Si bien qu’en 1958, lors de la vente de la collection Cook chez Sotheby’s, ce tableau est adjugé… 45 livres sterling.

L'histoire aurait pu s'arrêter là si, en 2005, le tableau n'était pas réapparu, dans une vente aux enchères, côté américain cette fois-ci. Il va alors taper dans l'œil de trois marchands, Robert Simon, Alexander Parish et Warren Adelson. Ils l’auraient acquis pour 10.000 dollars… Une somme correspondant à leur flair, puisqu'ils décident de faire enlever les repeints, ces couches de peinture accumulées au fil des ans au cours de restauration hasardeuse. "C’est la chose la plus intelligente que nous ayons faite : penser qu’il s’agit d’une œuvre potentiellement importante et la traiter comme telle", a raconté au Monde Robert Simon.

Trois ans de restauration

En 2007, l’œuvre est donc confiée par ses propriétaires à Dianne Dwyer Modestini, une ancienne restauratrice du Metropolitan Museum de New York, qui retire minutieusement l’épaisse couche de vernis et les repeints, ces couches supplémentaires de peinture. Il lui faudra trois ans. Mais à l'arrivée, elle en est convaincue : il s'agit d'un Léonard de Vinci. Les trois marchands se lancent alors à l'assaut de la communauté des experts du peintre italien, afin de faire reconnaitre leur toile. Le challenge est colossal : aucun tableau authentique de Vinci n’est réapparu depuis 1908 et la Madone Benois, conservée à l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Le Salvator Mundi, lui, sera "validé" en 2011, dans une exposition sur les œuvres milanaises de Léonard de Vinci à la National Gallery de Londres en 2011.

En 2013, il change encore de propriétaire. Yves Bouvier, marchand et transporteur d’art, achète l’œuvre pour 83 millions d’euros. Il la revend en mai à l’oligarque russe Dmitri Rybolovlev, dont il est le conseiller en art, pour 127,5 millions de dollars. Ce dernier se décide à son tour de la revendre, le 15 novembre 2017. Son nouveau propriétaire ? Un mystère. Lors de la conférence de presse qui a suivi, les responsables de Christie's ont refusé de donner toute information relative à l'acheteur ainsi qu'aux autres enchérisseurs, si ce n'est pour dire qu'ils venaient du monde entier. 


La rédaction de TF1info

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