MALAISE - Son absence aurait-elle déjà gâché la fête ? Depuis l’annonce du retour de "Sex and the City" pour une nouvelle saison de 10 épisodes, les médias et les fans ne parlent que de ça : l’absence au générique de la comédienne Kim Cattrall, alias Samantha Jones, la communicante à la libido débordante. De là à dire qu'il ne fallait pas relancer la série sans elle...
Sur le papier, l’idée est séduisante. Retrouver les héroïnes de Sex and the City, la cinquantaine passée, dans une nouvelle saison de 10 épisodes permettant de développer chaque personnage, est même plus excitante que la perspective d’un troisième film, dix ans après une escapade ratée au Moyen-Orient. À l’heure où les reboots de série à succès se multiplient outre-Atlantique, les retrouvailles de cette bande de copines new-yorkaises ont, à vrai dire, un sacré potentiel dans l’Amérique post-MeToo. Le problème, c’est que l’une d’entre elles manque à l’appel.
Samantha Jones, la communicante à la libido débridée ne sera en effet pas au générique de cette nouvelle mouture, dont le tournage doit débuter au printemps prochain. La décision revient avant tout à son interprète, la Britannique Kim Cattrall, qui dans une interview accordée à l’animateur Piers Morgan en 2017 sur la chaîne ITV, s’était montrée aussi cash que son personnage. "Nous n’avons jamais été amies", lâchait-elle à propos de Sarah Jessica Parker, Kristin Davis et Cynthia Nixon, confirmant les rumeurs de tensions qui ont longtemps circulé entre elles.
La soixantaine passée, la comédienne expliquait vouloir tourner une nouvelle page de sa carrière. Et ne pas digérer l’image de "diva" qu’on tentait de lui faire endosser, au prétexte qu’elle ne voulait pas renouer avec ses ex-collègues. Quelques mois plus tard, elle s’en était prise vertement à Sarah Jessica Parker lorsque celle-ci lui avait adressé un message de condoléance sur Instagram suite à la mort de son frère. Après l’avoir accusé d'être "hypocrite", elle lui avait demandé publiquement "d’arrêter d’exploiter une tragédie personnelle afin de restaurer son image de fille sympa". Bonjour l’ambiance…
À moins d’une improbable réconciliation, Sex and the city va donc revenir sans l’une de ses icônes. Et c’est là qu’on se dit que ce comeback n’est peut-être pas une si bonne idée. D’abord parce que les scénaristes vont devoir justifier cette absence à l’écran. En expliquant de manière artificielle que Samantha est partir vivre loin de New York dans un pays où il n’y a ni Teams, ni Whatsapp ? Peu probable. En la tuant ? La faire mourir suite à une rechute du cancer du sein auquel elle a survécu serait cruel, sinon de mauvais goût. Quoi qu'il arrive, l’alchimie entre les quatre comédiennes fera défaut, même si on a bien compris qu’elle n’était que de façade.
Le personnage le plus moderne des quatre
Mais le plus dommage, au fond, c’est d’être privé de la modernité de Samantha Jones. Dans un passionnant plaidoyer pour le personnage, publié en 2018 dans la revue The Atlantic, la journaliste Hannah Giorgis souligne qu’elle est la seule des quatre à ne pas conditionner sa réussite personnelle à celle de sa vie de couple. "Cette indépendance inébranlable est terriblement rare dans la représentation des femmes dans la pop culture", écrit la journaliste, "en particulier des femmes hétérosexuelles qui évoluent souvent autour d’hommes qui donnent un sens à leur vie." Contrairement à Carrie, Charlotte et Miranda, Samantha ne voit clairement pas le mariage, encore moins la maternité, comme un aboutissement.
Avec Samantha, le sexe n’était pas quelque chose qui se donne. C’était quelque chose qui se partage
La journaliste Hannah Giorgis, dans "The Atlantic"
On se rappelle que dans le premier film, sorti en 2008, Samantha quittait Smith (Jason Lewis), son jeune boyfriend qui l’avait soutenu dans la maladie après avoir compris qu’elle n’était pas faite pour la vie à deux. "Je t’aime, mais je m’aime plus", lui expliquait-elle au moment de rompre. "Je suis en couple avec moi-même depuis 49 ans et c’est sur cette relation-là que j’ai besoin de travailler." La voir assumer ce choix dix ans plus tard, alors que ses copines sont mariées et/ou divorcées et mères, pour deux d'entre elles au moins, aurait sans doute été passionnant.
Et puis sans Samantha, Sex and the city perd un personnage dont le discours décomplexé sur le plaisir féminin semble plus que jamais en phase avec les débats du moment, des pages des magazines aux réseaux sociaux. "Avec elle le sexe n’était pas quelque chose qui se donne. C’était quelque chose qui se partage. Et elle exigeait que ses besoins fassent toujours partie de l’équation", observe Hanna Giorgis, citant l’épisode où l’héroïne se plaint de la taille du pénis de son compagnon lors d’une thérapie de couple. "Que voulez-vous, j’ai besoin d’une grosse bite !", avoue-t-elle à la psy après avoir fait sortir le malheureux de ses gonds. Rien que pour ce genre de punchline, Samantha va nous manquer.
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