Coronavirus : l'impact économique de la pandémie

Stéphane Lissner quitte la direction de l'Opéra de Paris

Publié le 12 juin 2020 à 13h00
Stéphane Lissner laisse derrière lui une institution exsangue

Stéphane Lissner laisse derrière lui une institution exsangue

Source : FRANCOIS GUILLOT / AFP

DEMISSION – En poste depuis 2014, le directeur général de l'Opéra de Paris part avant la fin de son mandat. Son successeur, Alexandre Neef, devra gérer un plan de relance drastique.

Il s'en va plus tôt que prévu. Stéphane Lissner, le directeur général de l'Opéra de Paris en poste depuis 2014, a décidé de quitter la célèbre maison d’art lyrique parisienne avant la fin de son mandat (prévu fin juillet 2021). Il sera remplacé par l'Allemand Alexander Neef. "A partir de janvier 2021, j’ai choisi de m’effacer afin qu’il n'y ait plus qu’un seul patron à bord", a indiqué Stéphane Lissner dans un entretien sans filtre au quotidien Le Monde ce jeudi 11 juin. 

Le directeur sortant, qui a replacé Paris sur la carte lyrique dans le monde en invitant des stars d'opéra et les plus grands metteurs en scène, a évoqué une dette de plus de 40 millions d'euros, estimant que l'Opéra de Paris était "à genoux". "C'est un appel au secours à l'Etat", a-t-il précisé dans l'émission "C à vous" sur France 5 jeudi soir. 2020 est un "annus horribilis" pour l'Opéra avec la fermeture de ses salles en décembre et janvier en raison d'une grève historique de son personnel contre la réforme des retraites du gouvernement qui aura coûté 14,5 millions d'euros à l'Opéra. "Il m'a beaucoup été reproché la forme de soutien que j'ai exprimée vis-à-vis des grévistes de l'Opéra de Paris en décembre 2019", explique-t-il. 

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A peine la réouverture entamée que la pandémie du Covid-19 a frappé, entraînant la fermeture de l'Opéra - comme de l'ensemble des salles de spectacle en France - depuis la mi-mars. Garnier, joyau architectural de Paris, restera donc un palais fantôme jusqu'au 31 décembre, tandis que l'Opéra Bastille ne rouvrira que le 24 novembre. Depuis le 5 décembre, près d'une centaine d'opéras et de ballets ont été annulés. Il en ira de même pour la première partie de la saison 2020-2021 qui annonçait des projets ambitieux comme Le Ring de Wagner, vaste tétralogie qui semble condamnée, ou encore 7 deaths of Maria Callas, de Marina Abramovic.

Des annulations qui devraient creuser encore plus la dette de la maison qui n'aura probablement "plus de fonds de roulement d'ici fin 2020", selon Stéphane Lissner. Une urgence économique qui "va exiger des prises de décision drastiques et immédiates, qui auront un impact social important". Il faisait écho à un communiqué du ministère de la Culture jeudi qui semblait annoncer de grands changements à l'horizon. 

"Au terme d'une année de crise inédite", le ministre Franck Riester a confié à l'Allemand Alexandre Neef, actuel directeur général de la Canadian Opera Company de Toronto, la mission de proposer dès l'automne 2020 des orientations "pour maintenir l'excellence et le rayonnement" de la maison. Signe de la mission ardue qui attend Alexandre Neef, le ministre l'a chargé de revisiter le "modèle économique, social et organisationnel" de l'Opéra afin "d'assurer les conditions d'une exploitation équilibrée". 

Un nouveau plan de relance

En clair : un nouveau plan de relance pour la scène la plus subventionnée de France (95 millions d'euros de l'État pour un budget de 220 millions). Depuis 10 ans, les subventions publiques sont en baisse et les coûts toujours élevés. L'institution est désormais financée à 40% par l'Etat et à 60% par les ressources propres. L'histoire de l'Opéra a toujours été tumultueuse et les récentes décennies jalonnées de grèves. Mais certains craignent que les baisses continues de subventions ne marquent un tournant.

"Après lecture du communiqué du ministre de la Culture, j'espère que cela ne présage pas à terme d'une sorte de privatisation rampante de l'Opéra de Paris", a affirmé à l'AFP Georges-François Hirsch, ancien directeur de l'institution. Alexander Neef, ancien directeur de casting de l'Opéra parisien de 2004 à 2008, est familier à la fois du système français subventionné et celui nord-américain basé sur les fonds privés. Il a été nommé l'année dernière après une saga de plusieurs mois, et à la suite d'un long entretien avec le président Emmanuel Macron. 


La rédaction de TF1info

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