LOVE IS IN THE AIR – La plateforme américaine sort, ce mercredi 11 août, le dernier volet de sa trilogie à succès suivant les amours adolescentes d’un groupe de lycéens. Le énième exemple d’une stratégie payante qui a ranimé un genre délaissé par le cinéma.
Plus de 5,6 millions de personnes se sont passés en boucle la bande-annonce. Seules celles des nouvelles saisons de The Witcher et de La Casa de Papel ont fait mieux ces quatre dernières semaines. Signe de l’attente qui entoure The Kissing Booth 3, troisième et dernier volet d’une saga qui met des papillons dans le ventre aux abonnés de Netflix depuis trois ans.
Les ingrédients sont aussi simples qu’ils sont efficaces. Un titre accrocheur – littéralement "le stand à bisous" -, un amour interdit et les décors idylliques de la Californie. Tout pour offrir aux spectateurs un tendre moment d’évasion sans quitter leur canapé.
À sa sortie en 2018, The Kissing Booth figure parmi les six films évènements que la plateforme présente comme composant le Summer of Love – L’été de l’amour. Deux tireront véritablement leur épingle du jeu. Elle et son stand à bisous d’un côté, Lara Jean et ses lettres d’amour secrètes dans À tous les garçons que j’ai aimés de l’autre. Les deux héroïnes séduisent un public de jeunes adultes qui ne s’aventuraient jusque-là pas tellement sur la plateforme. De quoi leur offrir une trilogie chacune. Et assurer à Netflix un succès monstre.
Deux films ont séduit 125 des 209 millions de comptes Netflix
Le géant américain, qui communique très peu, voire pas du tout ses audiences, s’est vanté cette semaine des chiffres fous réalisés par ses deux sagas romantiques. En trois ans, quelque 125 millions de comptes – sur les 209 millions abonnés à la plateforme - ont regardé l’un des films À tous les garçons que j’ai aimés et The Kissing Booth. Ils sont même 25% à avoir visionné les cinq, soit près de 32 millions. "Netflix a sauvé la comédie romantique estivale", titrait Primetimer en juin. Et si c’est tout un genre qu’il avait contribué à redynamiser ? Fut un temps où les reines des comédies romantiques qui s’appelaient Julia Roberts, Jennifer Lopez et Katherine Heigl partaient en quête de l’amour sur grand écran. Avant d’en disparaître subitement.
Just in: 125 million households have watched To All The Boys and The Kissing Booth movies since 2018 - 25% of that number have watched all 5 movies. pic.twitter.com/WWctm9zfCe — What's on Netflix (@whatonnetflix) August 9, 2021
"L’industrie du cinéma a changé et ça a commencé bien avant Netflix, explique à LCI Frédéric, fondateur de Films de Lover. Je m’occupe du site depuis plus de dix ans maintenant et j’ai bien vu une transition au début des années 2010. Les comédies romantiques ont arrêté de sortir sur grand écran parce que ces films n’étaient plus rentables". La romcom, comme l’appellent les puristes, se dévore aussi bien – et peut-être mieux – dans le confort de son propre salon. Du pain béni pour Netflix qui "a fait le constat que ce genre était négligé dans les salles" et a fait le pari de s’y intéresser.
Le géant du streaming se lance sans trop de risques à l’automne 2017 avec un premier film romantique de Noël, A Christmas Prince. Le premier d’une longue série qui "joue à fond sur la saisonnalité". Sur Netflix, l’amour se vit aussi bien sous le sapin l’hiver, sous les cocotiers l’été ou une boîte de chocolats sous le coude à la Saint-Valentin. Il y a en a pour tous et pour toutes les époques. Si la plateforme multiplie les projets à inspiration années 90 dans les lycées américains pour garder son public adolescent, elle s’adresse aussi aux plus âgés. Et ne met pas forcément en avant des couples hétéros, narrant des romances LGBT+ "qui n’étaient pas considérées comme assez porteuses pour le cinéma par les studios hollywoodiens".
Reese Witherspoon et Ashton Kutcher aussi vont chercher l'amour sur Netflix
"Il n’y a pas de ligne éditoriale forte. Ils essaient d’être à la fois la romcom Hallmark (la chaîne d’origine des téléfilms diffusés sur TF1 et M6 l’après-midi, ndlr), la romcom du cinéma et la romcom teenage", souligne Frédéric. Si les productions américaines sont surtout mises en avant, les comédies romantiques disponibles viennent d’un peu partout dans le monde. Certaines sont produites directement par Netflix, qui rachète aussi le droit de diffusion d’autres. "C’est un peu leur devise : une bonne histoire, d’où qu’elle vienne, peut être regardée partout sur la planète", détaille notre spécialiste. C’est comme ça qu’une romance venue de Pologne, L'Amour puissance mille, s’est classée dans plusieurs top 10 mondiaux en février. Rien que depuis le début de l’année 2021, Netflix a mis à disposition 28 films d’amour. C’est déjà plus que toute l’année 2020 (24) et 2019 (20), autant que l’ensemble de 2018 (28) selon le décompte de Films de lover.
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Un coup d’accélérateur a encore été donné cette semaine avec l’annonce d’un casting cinq étoiles à faire frémir tous les amateurs de comédies romantiques. Reese Witherspoon et Ashton Kutcher, qui ont fait du genre leur fonds de commerce dans les années 2000-2010, joueront dans Your Place or Mine des meilleurs amis qui échangent leur maison pour les vacances avec un changement de vie à la clé. Un scénario façon The Holiday loin d’être déplaisant sur le papier. Si Netflix a fait des jeunes héros de À tous les garçons que j’ai aimés et The Kissing Booth des stars mondiales, il n’avait pas encore frappé à la porte des grands noms de Hollywood. "Jusqu’à présent, le casting des romcoms n’était pas du calibre de Julia Roberts, Tom Hanks et Meg Ryan comme dans les années 90. C’est un développement majeur", insiste Frédéric de Films de Lover. Qui a dit que l'amour ne faisait plus rêver personne ?