Révélée par la toute première saison de "The Voice", Al.Hy publie son deuxième album, "Une grande chose".Un disque éclectique et étonnant qui oscille entre envolées épiques et confessions intimes.Deux ans après son passage dans l’édition all-stars du programme, elle s’est confiée à TF1info.
La dernière fois qu’on a croisé l’intense Al.Hy, c’était lors de la saison All Stars de The Voice, en 2021. Finaliste malheureuse de la toute première édition du programme de TF1, la chanteuse nordiste n’était pas parvenue à prendre sa revanche, malgré le soutien de Jenifer. On la retrouve aujourd’hui avec Une grande chose, un album superbe où l'on retrouve sa passion de la chanson française, du rock et du jazz. Si son timbre puissant colle toujours le frisson – écoutez en priorité "De la magie" et "Venez me cherchez" - elle n’hésite pas à se confier tout en douceur sur des titres plus intimes comme "Sensible" ou "Berceuse". Les fruits d’années de galère et d’un bonheur retrouvé qu’elle raconte à TF1info.
Comment avez-vous vécu votre élimination précoce de l’édition all-stars de The Voice en 2021 ?
C’était une déception, mais elle s’est révélée nécessaire, ou en tout cas utile. Lorsque l’émission a été diffusée, je savais que j’aurais peu de temps pour m’approprier le dénouement de cette aventure. Alors j'ai travaillé très fort et très vite. Et ça a donné des résultats auxquels je ne m’attendais pas forcément. Des chansons que je n’aurais pas écrites. D’autres que je n’arrivais pas à finir comme "Venez me chercher". J’avais le refrain mais pas les couplets. Ce passage dans "The Voice" a déclenché chez moi un sentiment d’urgence qui m’a permis de livrer plein de confidences qui se retrouvent aujourd’hui sur mon album.
Dans notre société on valorise plutôt les gens qui savent se tenir. Ça prouve le dessus qu’on aurait sur l’animal en nous
Al.Hy
Est-ce qu’il y en a une en particulier qui raconte ça ?
Oui, c’est "Sensible". Je me rappelle de la première fois où je suis passée à la télé. On expérimente tous ce moment dans la jeunesse où on a peur de rien. Quand il a fallu y retourner dix ans après, j’étais un peu plus dans le trac. Dans quelque chose d’un peu plus vulnérable et plus émotif. C’est un truc qui m’a dérangé quand je me suis vue, mais je ne pouvais pas le contrôler. Comme tous les gens un peu à fleur de peau, j’étais partagée entre l’accepter et trouver ça un peu honteux. Dans notre société, on valorise plutôt les gens qui savent se tenir. Ça prouve le dessus qu’on aurait sur l’animal en nous. Et si j’ai écrit cette chanson, c’est pour me confier et pour déculpabiliser. Quand on n’y peut rien… On n’y peut rien ! (Sourire).
Après votre premier passage dans "The Voice" en 2012, vous avez fait des erreurs de débutante ?
J’en ai fait quelques-unes, oui. Déjà la communication n’a jamais été très facile pour moi. Je souffre de troubles du spectre autistique et j’ai mis du temps à comprendre comment ça agissait sur ma manière d’échanger avec les autres. Parfois je pouvais être un peu fermée. Ou alors sûre de moi au point de ne pas douter du tout. J’aurais dû être plus souple dans ma jeunesse. C’est quelque chose que j’expérimente maintenant et qui est plutôt agréable.
Là où vous avez toujours été à l’aise, c’est derrière un piano et un micro. Mais est-ce qu’il vous est arrivé de douter de pouvoir faire ce métier ?
J’ai mon petit mantra qui consiste à me dire que les gens finiront pas comprendre. Je n’ai jamais dévié, je me suis toujours dit que je n’avais qu’un chemin. Et que j’allais le poursuivre, même s’il est différent de celui des autres. Même s’il y a plein d’aspérités et de cailloux, je continue d’avancer.
L’interprétation, j’adore ça. Mais depuis toute petite, ce que je préfère c’est imaginer des mondes
Al.Hy
Avez-vous abordé ce deuxième album de façon différente du premier ?
Je pense que je voulais davantage m’exprimer au niveau de la composition et de l’écriture. Même si j’ai beaucoup écrit sur le premier album, il m’est arrivé plein de fois de rencontrer des gens qui ne savaient pas que j’écrivais des chansons. Parce que ça n’avait pas forcément été mis en avant. L’interprétation, j’adore ça. Mais depuis toute petite, ce que je préfère, c'est imaginer des mondes. Et je voulais que ce deuxième album passe ce message.
C’est donc un disque de Al.Hy de A à Z ?
Oui, sauf une chanson qui m’a été écrite sur mesure. C’est "L’Oiseau de nuit". Elle parle tellement bien de moi que je crois que je n’aurais pas pu l’écrire. Elle parle de mes problèmes de sommeil, mais d’un point de vue extérieur. C’est drôle parce que j’ai écrit moi-même "Berceuse", qui aborde un peu le même sujet. Mais celle-là, c’est comme si une caméra était braquée sur moi et me décrivait mieux que n’importe qui.
C’est une chanson très douce alors que "Berceuse" ne risque pas d’endormir les enfants avec ses grandes vocalises…
Non ils vont faire des cauchemars ! (Rires). Mais moi, ça m’a calmé de l’écrire. Ce soir-là j’étais face à l’une des pires insomnies que j’aie jamais connues. Je crois qu’il était 7 heures du matin et le texte m’est venu d’un coup. Pareil quand il a fallu la mettre en musique. C’est comme si j’avais besoin de m’avouer tout ce que je m’avoue sur cette chanson pour trouver la paix et donc le sommeil. Et j’y suis arrivé. En tout cas beaucoup mieux.
Est-ce que vous êtes fan de "Stranger Things" ?
J’adore, oui. Et tout ce qui est fantastique en général.
"Berceuse", c’est la chanson pour vous faire revenir du monde à l’envers ?
Disons que c’est la chanson qu’il a fallu que j’écrive pour ne pas basculer !
Musicalement on pense à Kate Bush qu’on a redécouvert grâce à "Stranger Things". Est-ce qu’elle fait partie de vos influences ?
Quand j’étais petite, j’écoutais beaucoup de chanson française par l’intermédiaire de mes parents. Gainsbourg, Brel, Barbara. Ensuite, j'ai fait du piano classique au conservatoire et c’est à l’adolescence que je découvre le rock. Nirvana, Radiohead, Muse, Evanescence. Des trucs encore plus hard aussi. Björk a beaucoup compté pour moi. Tout comme Queen. On me parle souvent de Kate Bush et de Tori Amos aussi. Mais je les ai découvertes après qu’on m’en parle ! En fait, ce que j’aime, c’est la transcendance. Les artistes qui vous offrent une porte de sortie vers un autre monde. C’est quelque chose que j’ai essayé de montrer quand je suis passée la première fois à la télé. Ensuite, j'ai découvert le jazz et j’ai compris qu’on pouvait procurer le même genre de sensation de manière plus subtile. Aujourd’hui, je suis dans une phase où je réunis un peu tout ça.
Avec Jenifer, on a beaucoup de bienveillance l’une envers l’autre. On se veut du bien, sincèrement. Et c’est précieux dans ce métier
Al.Hy
Pourquoi avoir donné à l’album le titre de la première chanson, "Une grande chose" ?
"Une grande chose" parle de la difficulté d’aimer à notre époque. Il y a quand même un sacré contraste entre les promesses de l’amour et le monde dans lequel on vit. Un monde qui est menacé par toutes ces catastrophes... Je pense que plein de personnes amoureuses comme moi vivent la même chose, non ? Au départ je ne savais pas que ça allait être le titre de l’album. Il a fini par prendre un double sens, celui de la réunification entre différents univers, différentes atmosphères. Des thèmes que je ne savais pas forcément assembler.
Il y a un décalage entre la chanteuse puissante et la jeune femme qu’on découvre dans la vie de tous les jours. Sur scène, vous êtes vraiment sur une autre planète ?
Oui, vraiment. La plupart du temps d’ailleurs je ne me souviens plus de ce qui s’est passé. Si je m’en souviens un peu, c’est que j’ai foiré quelque chose !
Depuis le premier "The Voice", Jenifer n’a jamais cessé de vous soutenir. C’est une véritable amie ?
Oui elle m’a invité à faire la première partie de ses Zénith à Lille et à Amiens. C’était génial. J’ai eu comme un déclic sur scène, ma voix est revenue comme en 1940 ! (Sourire). Je l’ai aussi invitée à tourner dans le clip de la chanson "Les Copines", que j’ai co-réalisé. C’était chouette. Jenifer et moi, c’est une rencontre particulière. On s’est reconnue et on a beaucoup de bienveillance l’une envers l’autre. On se veut du bien, sincèrement. Et c’est précieux dans ce métier.
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