ON ADORE – Vingt-quatre ans après le premier volet, neuf après le précédent, les jouets héros de "Toy Story" reviennent plus en forme que jamais dans un quatrième épisode qui séduira autant les parents que les enfants. Sinon plus.
On a tendance à reprocher au cinéma américain actuel son côté enfantin, sinon puéril, vampirisé par les franchises qui génèrent autant, voire plus d’argent dans les magasins de jouets que dans les salles de cinéma. Si la saga "Toy Story" est (aussi) une entreprise marketing, elle porte en elle une douce mélancolie qui la distingue du lot depuis le premier volet. C’était il y a 24 ans, rendez-vous compte. Comme Andy, le jeune propriétaire de Buzz et Woody, ses spectateurs ont grandi. Certains sont devenus parents et risquent bien d’éprouver une certaine nostalgie en découvrant le quatrième volet qui s’adresse autant à eux, sinon plus qu’à leur progéniture.
A la fin de l’épisode précédent, en l’an 2000, nos jouets préférés trouvaient refuge auprès de Bonnie, une adorable fillette qui aura eu vite fait de s’en lasser. Woody, qui prend la poussière dans un placard, ne lui en tient pas grief. Encore moins lorsqu’elle bricole, avec son aide, un drôle de personnage à partir des déchets trouvés dans une poubelle. Ce sera Fourchette, l’un des nouveaux venus les plus touchants – et déjantés – de cette suite qui prend bientôt pour décor le parc d’attractions où Bonnie et ses parents viennent passer le week-end en camping-car.
Refusant sa condition de jouet destiné au bon plaisir d’une écolière capricieuse, Fourchette s’est échappé en cours de route. Woody, qui n’est pas shérif pour rien, a volé à son secours et après l’avoir convaincu du rôle qu’il joue dans la vie de Bonnie, prend avec lui la direction d’une boutique d’antiquité où il retrouve la trace de Bergère, la jolie veilleuse en porcelaine qui faisait battre son cœur dans les deux premiers épisodes. Gabby Gabby, une inquiétante poupée entourée de ses effrayants gardes du corps, ne l’entend toutefois pas de cette oreille…
Depuis le premier épisode imaginé et réalisé par John Lasseter, une petite révolution en son temps, les studios Pixar n’ont cessé de repousser les limites de l’animation 3D, au service d’histoires plus mature que la moyenne des productions du genre, et notamment de Disney qui en a fait l’acquisition. "Toy Story 4" ne fait pas exception à la règle et prône, sous le vernis du divertissement virtuose, admirablement mis en scène, le sens du devoir, le respect de la différence et le désir d’émancipation. Un double niveau de lecture renforcé par une multitude de références à la pop culture qui ravira notamment les amateurs de films de genre.
Le réalisateur Josh Cooley, dont il s’agit du premier film, avait à peine 15 ans à la sortie du premier film. De manière habile, il offre une seconde vie à des personnages qui ont nourri son imaginaire et celui de millions de spectateurs. Vers l’infini et au-delà ? En exacerbant l’humanité de Woody, Buzz, Fourchette & co, confrontés à des dilemmes si proches des nôtres, les créateurs de "Toy Story" nous renvoient aussi à notre propre mortalité. Et à l’idée que chacun a le droit et même le devoir de s’inventer son propre destin. Au risque de devenir un numéro…
>> "Toy Story 4", de Josh Cooley. Avec les voix françaises de Pierre Niney, Audrey Fleurot, Jamel Debbouze, Franck Gastambide. En salles mercredi 26 juin
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