Trois vidéos pour comprendre ce que Pierre Boulez a apporté à la musique

par Jennifer LESIEUR
Publié le 6 janvier 2016 à 15h52
Trois vidéos pour comprendre ce que Pierre Boulez a apporté à la musique

PAS SI CLASSIQUE – Le musicien, disparu le 5 janvier, était internationalement reconnu comme l'un des plus grands chefs d'orchestre français. Dans des cercles plus pointus, on appréciait son œuvre de compositeur. Ces différentes facettes n'ont pas touché les mêmes publics : la preuve en trois vidéos.

► Un chef majeur pour la musique française
A la tête des meilleurs orchestres mondiaux, Pierre Boulez a été l'un des plus grands interprètes du répertoire du début du XXe siècle. Sous ses gestes précis (il dirigeait sans baguette), il a su redonner toute sa sensualité à la musique de Debussy, son éclat à celle de Ravel, son tranchant à celle de Stravinski. Sans oublier Mahler, Bartok, Dutilleux... Le mathématicien qu'était Boulez tenait à la précision, au respect scrupuleux de la partition, tandis que son instinct musical soulevait chaque note comme si elle devait être plus belle que la précédente. Dans ce répertoire, et grâce à sa maniaquerie jusque dans la prise de son, sa discographie est sans égale.

► Un compositeur pour oreilles averties
L'autre Boulez, nettement plus contrasté, c'est le compositeur. Là, il faut bien le dire, les maths ont pris le pas sur la sensualité. Comme beaucoup de ses confrères dans les années 50, Boulez s'est vite détourné de la mélodie, trop has-been, pour s'engouffrer dans la musique sérielle. Autrement dit, une manière de composer qui ignore les règles de l'harmonie pour en inventer de nouvelles, obéissant à une logique propre, les premières notes organisant tout le reste de la composition. Avec comme résultat des morceaux qui ne peuvent pas être sifflotés sous la douche. On peut difficilement être ému aux larmes en écoutant Pli selon pli ou Le marteau sans maître, pour citer deux œuvres parmi les plus connues de Boulez, mais on peut à la rigueur apprécier les percussions et l'énergie de ses Notations pour orchestre.

► Un musicien ouvert sur d'autres musiques
En janvier 1984, un concert donné au Théâtre de la Ville, à Paris, a fait salle comble. Avec l'Ensemble intercontemporain, Pierre Boulez y a dirigé trois œuvres de Frank Zappa, en sa présence : The Perfect Stranger (une commande de l'Ensemble), Naval Aviation in Art ? et Dupree’s Paradise. Boulez n'avait rien contre une collaboration avec des musiciens en-dehors du cercle classique, à condition que ce soient de vrais professionnels. Il a également longuement enseigné la direction d'orchestre, confiant qu'il jugeait ses élèves à "leur degré de révolte". 

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Jennifer LESIEUR

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