"Black Panther" : pourquoi ce film de super-héros est si important dans l'Amérique de Trump

Publié le 14 février 2018 à 17h14
"Black Panther" : pourquoi ce film de super-héros est si important dans l'Amérique de Trump

BLACK POWER - Dix-huitième film de l'univers cinématique Marvel, "Black Panther", super-production hollywoodienne en salles ce mercredi, tourne au phénomène culturel aux Etats-Unis, au-delà de sa représentation des Noirs à l'écran. On vous explique pourquoi.

Né en 1967 (quelques semaines avant la fondation du mouvement des Black Panthers) de l’imagination de deux auteurs de comics blancs, Stan Lee et Jack Kirby, Black Panther, le super-héros africain, a enfin son film dédié dans la très lucrative série de productions Marvel. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le phénomène est tout sauf insignifiant. 

Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa (Chadwick Boseman) revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…

Aux commandes de cette adaptation de Black Panther se trouve un metteur en scène afro-américain en vogue, Ryan Coogler (Creed, Fruitvale Station), pourvu d'une équipe d'acteurs noirs parmi les plus charismatiques et prisés à Hollywood : Chadwick Boseman, Lupita Nyong'o, Angela Bassett, Forest Whitaker, Daniel Kaluuya... 

Un "pouvoir révolutionnaire"

Mais au-delà de la valeur marchande, du "buzz" sur les réseaux sociaux, Black Panther pourrait représenter un tournant dans la représentation des Noirs à l'écran et du poids des artistes de couleur à Hollywood.

Avant d'être une simple adaptation de comics, c'est avant tout un phénomène culturel, comme en témoigne le magazine Time, qui a mis Chadwick Boseman en couverture de son dernier numéro avec le titre : "Le pouvoir révolutionnaire de Black Panther". 

Signe de l'effervescence autour du film, Fred Joseph, un consultant en marketing de New York, a créé une campagne de crowdfunding pour lever 10.000 dollars et permettre au Club des garçons et filles de Harlem à New York d'aller voir le film.

"Help Children See Black Panther" a fini par générer cinq fois le montant espéré et des centaines de campagnes du même type ont été lancées autour du monde. 

Dans une Amérique gouvernée par Trump, un président ayant utilisé des mots infâmes pour se référer aux nations africaines et à Haïti, dans un pays concerné par le mouvement "Black lives matter" (mouvement militant afro-américain qui se mobilise contre les violences et le racisme), inutile de préciser que Black Panther sort au moment idoine.

Le changement, c'est maintenant

D'un strict point de vue cinématographique, dans le cinéma américain, l'impact de Black Panther s'avère non moins négligeable. 

Si la super-production rassemblant le gotha des acteurs afro-américains (Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Forest Whitaker et Angela Bassett en figures d’autorité) et se revendique du renouveau du cinéma afro-américain des années 90 (le cinéma de Spike Lee, Boyz N the Hood, Menace II Society etc.), on pense aussi à ce genre plus ancien auquel le film renvoie inconsciemment ou non : la fameuse blaxploitation, survenue en pleine révolution des Black Panthers et symbolisée par le réalisateur Melvin Van Peebles avec Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (1971). 

Historiquement, socialement, politiquement, c'est un phénomène considérable tant ces films donnaient aux acteurs afro-américains d'autres rôles que ceux de violeurs ou de dealers. Mais c'était dans les années 70...

Cinquante ans plus tard, aux Etats-Unis, les journalistes qui ont déjà vu le film disent s'attendre à ce que Black Panther ait sur la diversité ethnique le même effet qu'a eu Wonder Woman pour les femmes : persuader les studios qu'ils peuvent gagner gros en misant sur des projets qui ne sont pas seulement conçus pour les hommes blancs. Important donc.


Romain LE VERN

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