Pierre Arditi, victime d'un malaise sur scène fin septembre, était l'invité d'Audrey Crespo-Mara dans "Sept à Huit" ce dimanche.Une interview au cours de laquelle il a été pris d'une intense émotion en évoquant "les petits enfants qui tiennent la main de leur père ou de leur mère".
"Les hommes qui ne pleurent pas ne sont pas des hommes parce que ça veut dire qu'ils ne s'attachent à rien". Pierre Arditi a retenu la leçon "essentielle" apprise par sa mère au petit garçon qu'il était. Ce dimanche 19 novembre, face à Audrey Crespo-Mara dans "Sept à Huit", il a pleuré - "pleurer, pas pleurnicher", insiste-t-il. Et plutôt deux fois qu'une. Car même s'il se sent invulnérable sur scène – en omettant, bien sûr, le malaise vagal dont il a été victime fin septembre en pleine représentation de la pièce Lapin – l'acteur revendique une infinie fragilité hors de scène. "Tout me dévaste maintenant", avoue-t-il huit minutes après le début de la vidéo en tête de cet article.
Quand je vois des petits enfants qui tiennent la main de leur père ou de leur mère, comme un objet précieux, si précieux. Au fond, ils ne le savent même pas pourquoi c'est précieux.
Pierre Arditi
Mais une chose le terrasse un peu plus que les autres, maintenant qu'il a pris de l'âge, ce sont les petits enfants. "D'abord parce que je vois mon fantôme, et que je vois que j'ai été comme ça. Et puis quand je vois des petits enfants...". Soudain, il s'interrompt brièvement, rien qu'à cet énoncé. Puis, alors que des larmes commencent à couler sur son visage, il poursuit : "qui tiennent la main de leur père ou de leur mère, comme un objet précieux, si précieux. Au fond, ils ne le savent même pas pourquoi c'est précieux. Ils vont le savoir plus tard, quand ils seront plus là. Moi, je vois ça", affirme-t-il.
Puis, il ajoute, "j'ai connu ma main tenant celle de mon père ou de ma mère. J'ai connu la main de mon fils tenant la mienne et que je tiens encore, car grâce à dieu, il est encore vivant. Je le regarde toujours comme un petit enfant alors qu'il a 54 ans, c'est grotesque, mais c'est comme ça. Ça me dévaste", avoue-t-il, tandis que les larmes continuent de mouiller ses joues. "Je suis fier de ça, ça veut dire que je suis encore attaché à tout, avant d'être obligé de m'en détacher", lâche-t-il.
Philosophe, Pierre Arditi revendique ne pas avoir peur de la mort, mais elle "l'emmerde". "Je n'ai pas mérité ça !", lance l'acteur de 78 ans. Un trait d'humour qui montre sa volonté de maîtriser sa disparition. "Si je peux mourir, bêtement, merveilleusement, en dormant, chouette, mais si ça ne peut pas être comme ça et que je sens que petit à petit, ça ne va pas dans le bon sens, je ne me laisserai pas aller trop loin dans le mauvais sens", confie-t-il.