VIDÉO - César 2018 : pourquoi il faut voir "120 battements par minute", grande fresque sur les années sida

Publié le 2 mars 2018 à 11h30, mis à jour le 2 mars 2018 à 11h36
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Source : Sujet JT LCI

ÉVÉNEMENT - Il a attendu plus de vingt ans pour filmer le début de la lutte contre le sida. Avec "120 battements par minute", le réalisateur Robin Campillo raconte l’épopée d’Act Up à la fin des années 80, alors que le virus et sa prévention sont tabous. Le film, Grand prix cette année à Cannes, est l'un favori des pronostics pour les César 2018 avec 13 nominations.

De quoi parlent ces 120 battements par minute ? Du début de la lutte contre le sida en France, à travers le combat de l’association Act Up, arrivée fin 89, en même temps que la house music. Et le réalisateur Robin Campillo, précédemment remarqué avec Les Revenants (le long métrage à l'origine de la série diffusée sur Canal+) et Eastern Boys, de faire le pari du film collectif, du politique, de l’universel, du déchirant. 

Dans les années 90, Act Up était connu pour ses slogans choc et ses opérations spectaculaires telles que les fameux "die in" – les militants allongés par terre faisant les morts. Un rassemblement de gens contre cette épidémie ayant construit une conscience et des luttes politiques. De la mort, il en est bien évidemment question ici mais c’est surtout le combat contre l’indifférence, les laboratoires, la maladie qui prime. Et l'amour qui transcende tout.

Cannes 2017 : manifestation pendant la montée des marches de "120 battements par minute"Source : Sujet JT LCI
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Que reste-t-il de ces années de combat?

Dans les années 90, Robin Campillo faisait partie des militants de cette association, témoin d'une époque où tout brûlait et se vivait à fond ("Une des raisons pour lesquelles on voulait vivre, c'était pour aller en boîte et baiser", assure-t-il en interview). 

Les opérations spectaculaires à coup de lancement de poches de faux sang, les débats extrêmement tendus pour décider des actions à mener, des positions à adopter et des avancées médicales… Campillo les connaissait. Du coup, en 2017, il pose incidemment la questions aux jeunes générations : que reste-t-il de ces années de combat ? 

En plus de deux heures, 120 battements par minute montre un activisme mené bien avant l’ère des réseaux sociaux. Pour autant, il ne verse ni dans la nostalgie, ni dans le documentaire. Pourquoi ? Parce qu'il importe de faire confiance au spectateur, d'insuffler cette énergie et de faire la part belle à l'humain, donc à l’histoire d’amour entre Sean, séropositif, et Nathan, qui ne l'est pas. Un amour qui bat et prend de plus en plus de force à mesure que le récit avance. 

Avec ce grand film pulsatile, Campillo radiographie le désir, montre le sexe, sonde l'ivresse, communique le spleen. C'est beau et triste comme le tube Smalltown Boy de Bronski Beat dont la simple évocation dévaste... 

Aussi, comment retranscrire sobrement le torrent d’émotion qui nous dévaste à la fin de la projection ? Impossible. Au dernier Festival de Cannes, certains ont réussi à communiquer sur les réseaux sociaux quelque chose de très fort...

Il y a aussi eu ce message de Didier Lestrade, activiste dans le domaine de la lutte contre le sida et cofondateur de la branche parisienne d'Act Up...

Almodovar bouleversé par le film au dernier Festival de Cannes

En lice pour la Palme d'or au dernier Festival de Cannes, 120 battements par minute, a bouleversé la Croisette mais a dû se contenter du Grand prix. Le soir du palmarès, la standing-ovation et les applaudisements (très) nourris de la salle en disaient plus long que les prix...

Il a en tout cas un fan de la première heure en la personne de Pedro Almodovar, président du jury cette année. "J'ai adoré le film et je ne peux pas l'aimer plus. J'ai été très touché du début jusqu'à la fin", avait déclaré le réalisateur de Julietta

"Cela dépasse le fait d'appartenir à la communauté LGBT, comme moi, ou non. C'était une injustice, avait-il dit à Cannes, la voix étranglée par l'émotion. Campillo raconte l'histoire de vrais héros qui ont sauvé de nombreuses vies". Pas mieux.


Romain LE VERN

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