Un film sur les Air Jordan sans Michael ? Ben Affleck a osé !

C’était peut-être le projet le plus casse-gueule de sa carrière. Pour son retour derrière la caméra après la comédie romantique The Tender Bar, Ben Affleck a choisi de raconter l’histoire de la naissance des Air Jordan, les baskets fabriquées sur mesure par Nike pour un certain Michael Jordan. Présenté ce week-end au festival South By Southwest, le film s'intitule sobrement Air. Et il marque les retrouvailles à l’écran entre l’acteur-réalisateur et son grand copain Matt Damon, deux ans après Le Dernier Duel de Ridley Scott.

Nous sommes en 1984 et le chiffre d’affaires de Nike est au plus mal. Phil Knight, le patron emblématique de la marque incarné par Ben Affleck himself, demande à Sonny Vaccaro, son directeur marketing joué par Matt Damon, de trouver l’idée géniale pour relancer les affaires. Improbable coup de poker : ce dernier va proposer de miser sur un "rookie" encore sans club, un certain Michael Jordan, et de lui fabriquer une paire de tennis dont les ventes épouseront son ascension. On connaît la suite.

Produit par Amazon Studios, Air s’était déjà dévoilé dans une première bande-annonce, mise en ligne au début du mois. La reconstitution des années 1980 semble plutôt réussie, des fringues vintage aux coupes de cheveux. Mais il y a un détail qui chiffonne très vite. Si on peut voir Sonny Vaccaro / Matt Damon aller à la rencontre des parents de Michael Jordan, joués par Julius Tennon et Viola Davis, jamais le sportif n’apparaît à l’écran. Une manière de ne pas spoiler les spectateurs ? Même pas !

Dans The Hollywood Reporter, Ben Affleck révèle qu’il a décidé de ne pas montrer Michael Jordan… de tout le film. "Jordan est trop grand", explique-t-il. "ll existe au-delà et autour de l’histoire, mais si vous le matérialisez en disant 'Voilà Michael Jordan', on se dira tout de suite que non. Ça aura l’air faux." Ce qui ne l'a pas empêché de rencontrer le champion. Et même de discuter du casting des autres personnages lors d'une partie de golf.

À l’heure où les grands studios enchaînent les biopics de gens célèbres, ce pur choix artistique mise donc sur l’imaginaire du public plutôt que sur une performance d'acteur. Gonflé ? "Je me suis dit que si les spectateurs entraient dans la salle avec tout ce qu’ils pensent (de Michael Jordan – ndlr), tout ce dont ils se souviennent, tout ce qu’il représente pour eux et projetaient tout ça en voyant le film, ça fonctionnerait mieux", estime Ben Affleck.

Et les premières critiques lui donnent raison. Hollywood Reporter estime que c’est un hommage "affectueux" et "respectueux" à la légende tandis que Variety souligne le soin attaché à la question raciale, le contrat de Michael Jordan ayant changé la donne pour les sportifs afro-américains. Pour IndieWire, c’est carrément "un slam dunk, l’un des meilleurs films de sport jamais fait". En France, on pourra découvrir le résultat prochainement sur Prime Vidéo.