Jamie Lee Curtis, la star d’"Halloween" : "Je n’aime pas du tout les films d’horreur !"

Propos recueillis par Jérôme Vermelin
Publié le 23 octobre 2018 à 17h44, mis à jour le 23 octobre 2018 à 18h27
Jamie Lee Curtis, la star d’"Halloween" : "Je n’aime pas du tout les films d’horreur !"

INTERVIEW – 40 ans après le classique "Halloween "de John Carpenter, la comédienne américaine Jamie Lee Curtis retrouve le rôle de Laurie Strode, la proie préférée du croquemitaine Michael Myers. Elle s’est confiée à LCI.

C’est le rôle qui a fait d’elle une star à jamais. En 1978, la toute jeune Jamie Lee Curtis incarnait Laurie Strode, la lycéenne pourchassée par le croquemitaine masqué Michael Myers dans "Halloween", de John Carpenter. Au fil des années, la comédienne aujourd'hui âgée de 59 ans a repris le rôle à plusieurs reprises. Mais 40 ans plus tard, le metteur en scène David Gordon Green a eu l’idée géniale de faire comme si aucune suite n’avait été réalisée depuis. Et que Laurie avait attendue toute sa vie de recroiser la route de son pire cauchemar. Un pari gagnant puisque le film, qui sort en France ce mercredi, a réalisé le meilleur démarrage de la saga le week-end dernier aux Etats-Unis, avec pas moins de 77.5 millions de dollars de recettes  !

LCI : Dans le film, on découvre que Laurie Strode a été marquée à vie par sa rencontre avec Michael Myers. Pourriez-vous en dire autant de l’impact du premier film sur votre carrière ?

Jamie Lee Curtis : Oui, bien sûr. Nous sommes tous façonnés par nos expériences. C’est humain. Et clairement "Halloween" a façonné ma vie. C’est un film qui a lancé le début de ma vie créative. Et sans doute davantage que n’importe quelle autre œuvre d’art aurait pu le faire. Il m’a donné une place dans un milieu où tout le monde cherche un point d’ancrage pour démarrer sa carrière et se réaliser ensuite. Eh bien moi je suis sortie d’un champ de citrouilles !

Aviez-vous des réserves à l’idée de reprendre le rôle 40 ans plus tard… ou étiez-vous confiante dès le début ? 

Je ne suis pas une intellectuelle, je ne réfléchis pas beaucoup. Je ne m’attendais pas à faire un autre Halloween et puis le téléphone a sonné. C’est comme ça que ma vie a toujours fonctionné. J’ai vu la photo de mon mari dans un magazine (le producteur Christopher Guest, ndlr) et j’ai dit que je l’épouserai. Et je l’ai épousé ! Littéralement. Pareil pour ce film. Le téléphone a donc sonné. J’étais en vacances. C’était mon ami Jake Gyllenhaal. Il me dit "tu sais je viens de tourner un film avec ce réalisateur David Gordon Green ( "Stronger", ndlr), et c’était une super expérience. Il voudrait te parler. Est-ce que je peux lui donner ton numéro ?". Moi j’ai répondu : "ok Jake, bien sûr !". David m’a appelé. Et voilà (en français). Je suis assise devant vous ! J’étais surprise…. Mais ravie.

Ce que je voulais cette fois, c’est qu’on raconte la véritable histoire d’un traumatisme
Jamie Lee Curtis

Avez-vous envisagé la Laurie de 2018 comme une vieille amie. Ou comme un personnage totalement nouveau ? 

Ce que je voulais, c’est dire la vérité. Je suis une actrice, et une actrice sans formation. Je le suis maintenant, parce que j’ai 40 ans d’expérience. Mais quand j’ai commencé, je n’en avais aucune. La seule chose que je savais faire, c’était donner l’impression que ce je faisais était vrai. Je me rappelle que je me répétais les dialogues dans ma tête jusqu’à ce qu’ils sonnent vrais. Du moins que j'en ai l'impression. Ce que je voulais cette fois, c’est qu’on raconte la véritable histoire d’un traumatisme. Pas un traumatisme de cinéma. Pas un truc qui reste à la surface. Mais un truc vrai. Ma contribution a donc été l’exploration de ce trauma. Ca consume, c’est comme un cancer. Ça vous dévore. Ça affecte toutes les décisions que vous prenez. 

Laurie vit en ermite, coupée du monde et de sa famille. Elle est presque aussi effrayante que Michael Myers...

On s’est assis avec David et je lui ai dit : "imagine qu’on s’arrête au premier film et qu’on réfléchit à ce qui est arrivé à Laurie après le 31 octobre 1978". Elle est retournée à l’école. Mais en entrant dans le hall, tout le monde l’a regardée comme un monstre. Tout le monde s’est mis à parler d’elle en chuchotant "Mon dieu, c’est Laurie Strode !". Deux jours avant, cette fille était belle, pleine de rêves, brillante, elle s’apprêtait à aller à l’université. Et puis soudain tout le monde l’a rejetée. Dans ce nouveau film, on découvre une femme qui a été considérée comme un monstre pendant 40 ans.

Un film d’horreur, plus c’est réaliste, plus c’est effrayant ? 

Je crois que le réalisme, c’est qui rend les choses effrayantes. Si à l’époque Laurie avait été une teenager super moderne, apprêtée, maquillée, parfaite dans chaque scène, je crois qu’on ne se serait pas attaché à elle. Il y avait quelque chose de très humain chez elle. Elle était un peu décalée et c’est que je recherchais. Je me rappelle que pour établir sa garde-robe, on est allé chez JCPenney, une chaîne de magasins pas chers. Ce serait quoi l’équivalent en France ? 

Monoprix ? 

Oui, nous sommes allés chez Monoprix et on a dépensé 200 dollars pour lui acheter ses vêtements. Pour que je ressemble à n’importe que fille. Et que n’importe quelle fille dans la salle se dise : "oh oui, j’ai la même jupe !". La rendre réaliste était la clé du succès du premier film.

Jamie, pourquoi aimons-nous tant les films d’horreur ? 

Je ne sais pas (en français) ! Je n’aime pas les films d’horreur du tout. Je ne suis pas fan du genre, il n’y a rien que j’aime là-dedans. Et pourtant… Pourquoi les gens vont-ils les voir ? Je n’en ai pas la moindre idée. Mais je suis heureuse qu’ils y aillent. Heureuse et reconnaissante ! 

>> "Halloween", de David Gordon Green. Avec Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak


Propos recueillis par Jérôme Vermelin

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