Quand Emmanuel Macron vantait "la capacité à bien nommer les choses"

Publié le 16 février 2017 à 16h03
Quand Emmanuel Macron vantait "la capacité à bien nommer les choses"

DECRYPTAGE – Dans une interview accordée à la télévision algérienne, Emmanuel Macron qualifie la colonisation de "crime contre l’humanité". Un dérapage surprenant de la part d’un candidat qui clame son amour de la langue française comme le prouve cet extrait d’un documentaire diffusé à l’automne dernier sur "La Chaine Parlementaire".

C’est une archive qui a une certaine saveur au regard de l’actualité toute fraiche. En octobre dernier, La Chaine Parlementaire diffusait "Dans la tête d’Emmanuel Macron", un documentaire du journaliste Bertrand Delais sur celui qui, à l’époque, n’était pas encore candidat à l’élection présidentielle. Emmanuel Macron, qui fut l’assistant éditorial du philosophe Paul Ricoeur, au tournant des années 2000, y évoque notamment son amour de la langue française. Et son utilité, d'après lui, dans l’action publique : 

"La littérature apporte à la politique, elle apporte d’abord le rapport à la langue. La capacité à signifier, à nommer. Et je crois profondément que la capacité à bien nommer les choses, parfois d’ailleurs nommer à côté et voir ce que ça provoque, à essayer de les déplier, change très profondément. Une partie de l’explication de la désaffection des Français pour les hommes politiques, pas pour la politique, c’est leur vocabulaire."

La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité
Emmanuel Macron, sur Chourouk TV

Des propos qui font sourire… et interrogent, alors que l’ancien ministre de l’Economie et des finances fait polémique depuis l’interview accordée à la télé algérienne Chourouk TV. "La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes", estime le fondateur du mouvement En Marche !

Calculé ou pas, ce dérapage a suscité de vives réactions de la part de la classe politique. "Monsieur Macron a osé dire que la colonisation était un crime contre l’humanité. Cette repentance permanente est indigne", a tweeté François Fillon. Invité ce jeudi sur LCI, le n°2 du Front National Florent Philippot a lui qualifié ces propos d’ "irresponsables". "Quelles plaies veut-il raviver ?". Sur Twitter, le hashtag "colonisation" était le plus discuté toute la matinée par les Internautes. Preuve que le candidat à l'élection présidentielle a trouvé les mots justes pour faire parler. A défaut de les utiliser pour leur juste sens...

Rappelons que la notion de crime contre l’humanité a été créée en 1945 dans les statuts du Tribunal militaire de Nuremberg, établi par la Charte de Londres. Il désigne "une violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d'un individu ou d'un groupe d'individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux". Aujourd’hui la Cour Pénal Internationale (CPI) est le seul tribunal permanent chargé de les sanctionner.


Jérôme VERMELIN

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