DÉCRYPTAGE – Depuis son lancement le 24 décembre sur Netflix, "Don’t look up" cumule des millions de vues et entraîne de vives discussions sur les réseaux sociaux. Pour la communauté scientifique, cette satire de la gestion de la crise climatique par les gouvernements serait plus efficace que bien des discours.
C’est "l’autre" succès qui fascine en ce moment à Hollywood. Tandis que Spider-Man : No Way Home remplit les salles comme si la pandémie n’existait pas, Don’t look up bat des records d'audience sur Netflix. Avec 263 millions d’heures de visionnage 11 jours après sa mise en ligne, le film d’Adam McKay connaît un démarrage fulgurant, juste derrière Red Notice et Bird Box, qui cumulaient respectivement 364 millions et 282 millions d’heures de visionnage sur une période similaire.
Don’t look up, sous-titré "Déni Cosmique" en VF, raconte comment deux scientifiques, incarnés par Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence, se heurtent à l’indifférence générale, de la Maison Blanche à l’opinion publique, lorsqu’ils découvrent qu’une comète géante s’apprête à détruire la planète. Entre fable écolo et satire de la société du spectacle, le film d’Adam McKay a divisé la critique outre-Atlantique puisqu’il ne cumule que 53% d’avis positifs sur le site spécialisé Rotten Tomatoes.
Le film montre le décalage entre le mode de fonctionnement des scientifiques et celui du monde des médias et du pouvoir politique
La climatologue Valérie Masson-Delmotte
Le public, lui, semble bien plus réceptif : le taux de satisfaction grimpe à 77%. Il faut dire que partout dans le monde, Don’t look up a le mérite de susciter, au-delà des rires, de vives discussions sur les réseaux sociaux. Du côté de la communauté scientifique, on est ravi qu’une superproduction hollywoodienne, remplie de stars, vienne rappeler au grand public quelques vérités sur la gestion de la crise environnementale par les gouvernements.
"Ce film est incontestablement une métaphore puissante de la crise climatique en cours", explique au Monde le climatologue américain Michael . E Mann, qui a inspiré le personnage joué à l’écran par Leonardo DiCaprio. "Il traite de la manière dont les preuves accablantes d’une menace scientifique sont ignorées pour des raisons politiques et idéologiques. Il aborde la façon dont de puissants lobbys, motivés par le profit, bloquent l’action lorsqu’elle ne convient pas à leurs intérêts."
Un avis partagé par la paléo-climatologue française Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe n°1 du GIEC (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). "Le film montre le décalage entre le mode de fonctionnement des scientifiques, et celui du monde des médias et du pouvoir politique. Je l’ai clairement ressenti à de multiples reprises", a-t-elle écrit sur Twitter.
"Le personnage de Kate Dibiasky m’a touchée avec ses doutes, son questionnement sur la manière de s’exprimer rigoureusement, clairement et sincèrement", dit-elle à propos du personnage incarné par Jennifer Lawrence. "Avec son désespoir de ne pas avoir réussi à faire mieux, cette impression de vivre une tragédie grecque annoncée sans le sursaut ni le leadership nécessaires pour infléchir le cours des choses." De là à influer sur les prochaines échéances électorales ? C'est une autre histoire...
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