INTERVIEW – Dans "Flag Day", Dylan Penn donne la réplique à son illustre papa, également derrière la caméra. La jeune femme, qui tient son premier grand rôle au cinéma, s’est confiée à LCI.
Dans la famille Penn, je demande Dylan, l’aînée. Née à Los Angeles il y a 30 ans tout juste, la fille de Sean Penn et Robin Wright Penn est presque une inconnue pour le plus grand public. Après une éphémère carrière de mannequin, et un petit rôle dans Elvis & Nixon en 2016, elle est aujourd’hui la vedette de Flag Day, le nouveau film de son père en salles depuis mercredi. Ce drame familial est inspiré d’un livre de la journaliste Jennifer Vogel consacré à son propre père, un faussaire qui a défrayé la chronique aux Etats-Unis, dans les années 1990. De passage au Festival de Deauville début septembre, la jeune femme s’est confiée sur cette collaboration inédite…
Il paraît que vous avez longtemps résisté à l’idée de devenir actrice. Mais c’était un peu votre destin, non ?
Je ne dirais pas que c’était mon destin, mais oui, j’ai résisté. Je ne voulais pas jouer la comédie, je voulais réaliser. Et c’est toujours le cas. C’est ça ma passion. Mais avec ce film… Le rôle était trop bon pour passer à côté. J’avais lu le livre dont il est inspiré à l’âge de 15 ans et c’est comme s’il faisait partie de ma vie depuis très longtemps.
Lorsque vous devez travailler avec des gens de votre famille, ça peut partir dans deux directions. Soit c’est un désastre. Soit c’est génial
Dylan Penn
Vous rappelez-vous votre première discussion avec votre père au sujet de ce film ?
C’est une longue histoire ! Je crois que la première fois qu’il m’en a parlé, j’avais 15 ou 16 ans. Et je lui avais répondu par un bon gros "Fuck, no !". Je ne jouerai jamais la comédie, ne me pose plus jamais la question ! Je lui avais même suggéré d’engager Kirsten Stewart ou Dakota Fanning, comme si j’étais sa directrice de casting. Le temps a passé, mon père a laissé passer son option sur le script, et c’est un autre acteur qui devait jouer le père. J’ai auditionné, j’ai obtenu le rôle de Jennifer, et nous avons travaillé ensemble pendant six mois. Jusqu’à ce que l’acteur en question demande à mon père de réaliser le film. Puis 30 jours avant le début du tournage, cet acteur a abandonné le projet et mon père a pris sa place. Voilà comment c’est arrivé !
J’ai lu que votre mère, Robin Wright Penn, vous a encouragée à travailler avec lui parce que c’était un très bon coach pour les acteurs…
C’est vrai. Lorsque vous devez travailler avec des gens de votre famille, ça peut partir dans deux directions. Soit c’est un désastre. Soit c’est génial. J’ai donc demandé à ma mère comment c’était de travailler avec lui (ils ont tourné ensemble The Crossing Guard, en 1995 – ndlr). Et sans hésiter elle m’a répondu que c’était la meilleure expérience de sa vie. Encore aujourd’hui, je pense qu’ils ont une incroyable relation professionnelle. Après avoir tourné avec lui, je comprends encore mieux. J’adore sa personnalité en tant que réalisateur.
Était-il plus exigeant avec vous parce que vous êtes sa fille ? Plus honnête qu’avec d’autres ?
Non, je crois qu’il est honnête avec tous les comédiens. En fait il est honnête mais d’une manière positive. Lui-même est acteur et il sait très bien que si on vous dit "T’as vraiment merdé !", ça ne va faire qu’empirer les choses. Ce sera même horrible ! Un acteur, sur un plateau, c’est la personne la plus vulnérable au monde. Mon père le comprend très bien et tous ses commentaires sont constructifs. Après nous étions la plupart du temps sur la même longueur d'onde et comme nous avons une relation très directe, je savais déjà quand il fallait recommencer avant qu’il dise "Coupez !". J’avoue qu’il m’a un peu surpris parce que dans la vie de tous les jours, il a un petit côté "C’est ça ou rien !".
Derrière la caméra en 2022 ?
Si je dis que Flag Day est film qui raconte comment les enfants idéalisent leurs parents, jusqu’au jour où ils réalisent qu’ils ne sont pas si parfaits, vous êtes d’accord ?
(Rires). Je vais vous raconter un truc : lorsque j’avais 26 ans, j’ai songé me marier. Et j’ai réalisé que mon père avait deux ans de moins lorsqu’il s’est lui-même marié avec Madonna ! C’est la première fois que j’ai réalisé qu’il avait eu une vie avant le début de mon existence ! Lorsqu’on grandit, on découvre que nos parents sont des êtres humains, qu’ils ont des défauts. Et ça peut être aussi émouvant qu’effrayant pour une jeune personne. Moi j’ai la chance que mes parents aient toujours été honnêtes avec moi, dès le plus jeune âge.
Vos parents, ce sont vos héros ?
Oui, ils sont mes héros et ils le seront toujours.
Beaucoup d’enfants refusent de faire le même métier que leurs parents, pour leur montrer qu’ils sont différents…
Je me sens très différente d’eux, même si je fais aujourd’hui le même métier. Si je devais faire le portrait de notre famille, je dirais que ma mère et mon frère Hopper Jack sont drôles, extravertis, ils cherchent toujours à se marrer. Mon père et moi sommes beaucoup plus introvertis. Mais si quelque chose a besoin d’être dit, nous n’avons pas peur de le faire, même si ça fait mal. Même si je crois que mon père est un peu plus dur que moi !
La suite pour vous, c’est d’autres rôles… Ou bien réaliser comme vous en rêvez depuis longtemps ?
J’ai eu de la chance avec ce film, mais la réalisation, c’est ce qui compte le plus pour moi. J’ai un partenaire d’écriture, nous avons un scénario que nous essayons de faire décoller depuis des lustres. Ça s’appelle Lip Service et j’ai bon espoir que 2022 sera l’année où ce projet va enfin voir le jour.
>> Flag Day de Sean Penn. Avec Dylan Penn, Sean Penn, Josh Brolin. 1h48. En salles
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