PEPITE – C’est la découverte de la semaine. Dans "Fortunata", la comédienne italienne Jasmine Trinca incarne une coiffeuse divorcée qui lutte pour élever sa fille. Et fait tourner la tête de tous les hommes qui l’entourent. LCI l’a rencontrée.
Adolescente, elle voulait devenir archéologue… jusqu’au jour où un certain Nanni Moretti lui propose de la jeune Irène dans "La Chambre de Fils", en 2001. La Romaine Jasmine Trinca n’a que 20 ans lorsque ce drame bouleversant décroche la Palme d’or sur la Croisette. Et lance une carrière cinématographique qui la voit travailler sur quelques uns des fleurons du cinéma transalpin contemporain, de "Nos Meilleurs Années" de Marco Tullio Giordana en passant par "Romanzo Criminale" de Michele Placido ou encore "Miele" de Valeria Golino. Et une nouvelle collaboration savoureuse avec Moretti sur "Le Caïman".
On la retrouve cette semaine dans "Fortunata", le nouveau film de l’acteur et réalisateur Sergio Castellitto, un portrait de femme étonnant, tourné dans les faubourgs de la capitale italienne. Son personnage, la comédienne en parle avec enthousiasme, dans la langue de Molière qu’elle a commencé à apprivoiser grâce à ses collaborations avec le Français Bertrand Bonnello sur "L'Apollonide" et "Saint-Laurent".
En Italie, c’est plutôt dur d’incarner des femmes qui existent par elles-mêmes. Qui ne sont pas simplement des personnages 'à côté' d’un homme
Jasmine Trinca
"Fortunata, c’est une femme très combative, qui se bat pour joindre les deux bouts. Elle est coiffeuse à domicile, elle a une petite fille de 8 ans qu’elle élève seule. Elle a un ex-mari et violent… Disons qu’elle est entourée d’hommes qui ne sont pas magnifiques !". Si la jeune femme soigne son spleen avec Chicano (Alessandro Borghi), un junkie au comportement imprévisible, c’est auprès de Patrizio (Stefano Accorsi), le psychologue de sa fille, qu’elle va trouver une oreille attentive à ses maux.
Entre le drame, la romance et la comédie, émaillé d’une touche de surréalisme, "Fortunata" refuse d’entrer dans les cases, baladant le spectateur au gré des humeurs de son héroïne. "Le film a été écrit par Margaret Mazzantini, la compagne de Sergio Castellitto. Tous les deux sont très attentifs aux personnages féminins. Ils sont complexes, comme dans la vie, non ?", sourit-elle. "En Italie, c’est plutôt dur d’incarner des femmes qui existent par elles-mêmes. Qui ne sont pas simplement des personnages 'à côté' d’un homme."
Comédienne engagée et maman attentive
"Fortuna", c’est aussi un anti-conte de fées où l’héroïne n’a pas forcément besoin de ces Messieurs pour s’en sortir. Un film féministe ? Jasmine Trinca préfère y trouver un message qui va au-delà de la question du genre. "Pour moi l’émancipation féminine, c’est une forme d’émancipation qui raconte l’humanité tout court", précise-t-elle. Ce qui ne l’empêche pas d’être attentive aux débats en cours, au contraire.
"En Italie, je sais que je ne suis pas concernée par certains rôles, je sais que je suis moins payée que certains hommes. Je me bats pour une forme d’égalité mais surtout de respect. J’ai une fille, et je sais ce qui va lui arriver si on ne change pas la société en profondeur." Jasmine Trinca salue, au passage, sa collègue Asia Argento, l’une des premières accusatrices du producteur Harvey Weinstein, montrée du doigt par une partie de l’opinion italienne.
"C’est horrible mais je crois qu’elle s’attendait à ce genre de réaction. C’est un problème culturel en Italie", reconnaît la comédienne. "Cette façon de penser qui veut que lorsqu’une femme a "un souci" avec un homme", dit-elle poliment, "on lui fait un procès au lieu de s’intéresser au vrai coupable. Je suis totalement solidaire d’Asia. Je trouve que c’est une femme extraordinaire avec un grand courage. Un vrai courage."
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