"Je perdais la tête" : Claudio Capéo raconte le prix de son succès dans "Sept à Huit"

A. Lo. | Interview "Sept à Huit" : Audrey Crespo-Mara
Publié le 27 novembre 2022 à 20h44
EXCLUSIF – À 18 ans, Claudio Capéo était menuisier, mais sa passion l'a emporté. Le jeune accordéoniste a tout plaqué pour jouer et chanter dans les rues, les bistrots et le métro. C'est son passage dans l'émission The Voice qui a changé sa vie d'artiste
EXCLUSIF – À 18 ans, Claudio Capéo était menuisier, mais sa passion l'a emporté. Le jeune accordéoniste a tout plaqué pour jouer et chanter dans les rues, les bistrots et le métro. C'est son passage dans l'émission The Voice qui a changé sa vie d'artiste

Le chanteur Claudio Capéo a connu un succès rapide après sa participation à The Voice.
Voix rauque et accordéon en main, il sort un nouvel album et veut se détacher de cette pression qui a bien failli le détruire.
Il est l'objet du portrait de la semaine de "Sept à Huit" ce dimanche, une interview à retrouver ici en replay.

Il chante les "p'tites gens" et se considère toujours comme tel. Claudio Capéo, chanteur et accordéoniste aux millions de disques vendus, continue de vivre dans le village alsacien où il a grandi, au pied des montagnes et au milieu des vignes. Celui qui a connu le succès avec son titre "Homme debout" revient avec un album qui chante la France des gens modestes, celle qu'il connaît bien. Portrait.

À l’époque, je ne chante pas beaucoup parce que je suis super timide... par contre, je fais de l’accordéon
Claudio Capéo

Né à Mulhouse de deux parents italiens venus en France pour travailler, c'est tout jeune que Claudio Capéo, de son vrai nom Claudio Ruccolo, découvre l'accordéon. En Italie, l’instrument est considéré comme le "piano du peuple". "C’est un instrument qui rassemble, qui donne beaucoup d’espoir, beaucoup d’énergie, beaucoup de rire, beaucoup de chant, beaucoup de danse… donc dès que l’accordéon sort, tout le monde s’éclate", vante celui qui est passionné depuis toujours.

S'il joue très tôt de l'accordéon, le chant ne lui viendra plus tard. "À l’époque, je ne chante pas beaucoup parce que je suis super timide, je suis réservé... par contre, je fais de l’accordéon énormément", se souvient-il, "vu qu’il est assez grand, on peut se cacher derrière". À l’adolescence, il mettra un temps de côté cet instrument, "ça ne plait pas trop aux filles, ce n'est pas très rock'n'roll", mais il y reviendra finalement, en fondant un groupe de musique avec ses amis d’enfance. 

Des débuts difficiles

"Xavier, je lui ai appris à faire du vélo, il vient de ma rue, on était voisins. Jonathan qui est bassiste, avec qui j’ai commencé dans l’école de musique, Gillou qui est arrivé un poil plus tard, mais que je connais depuis l’âge de 14-15 ans. Et puis Julien, mon pote de collège. Ce sont mes potos, ils sont tout pour moi", confie le presque quarantenaire. 

Le groupe s’appellera "Capéo", un nom qu'explique le chanteur : "Notre marque de fabrique, c'étaient des chapeaux oranges sur la tête. Chapeau en italien, on dit ‘capello’ et on a viré les deux L pour que les gens puissent nous retenir". Le groupe se rend compte qu’il plait et veut tenter de se lancer professionnellement. À 18 ans, ils chantent dans les bars parisiens, dans la rue, à Montmartre, et dans le métro.

Les débuts ne sont néanmoins pas toujours faciles. "On fait ça juste pour donner du sourire et se faire ‘repérer’… ça ne marche pas", se remémore Claudio, "je comprends que les gens sont pressés, ils vont au boulot, mais on se retrouve vite avec des gens qui ne veulent pas nous écouter donc c’est assez dur, c’était assez humiliant".

Le succès et ses conséquences

Un jour malgré tout, un directeur de casting de The Voice repère le chanteur au timbre de voix bien particulier. Le jeune homme passe du métro à la télévision, mais Claudio doute alors de sa légitimité. "Je ne me sens pas beau, je ne me sens pas à ma place, je manque de confiance tout simplement", explique-t-il. 

Éliminé rapidement de l’aventure, il décide de retourner en Alsace. Sur le trajet, un producteur l’appelle. "Il me dit, j’adore ta voix, j’adore ce que tu es, j’adore ce que tu fais, j’aimerais qu’on écrive une chanson ensemble", répète Claudio, encore bluffé de cet appel qui remet tout en question. Peu après, il sort la chanson qui le rendra célèbre, "Un homme debout" et signe avec une maison de disque. Il refuse néanmoins de signer seul. "On est un groupe, j'ai besoin des Capéos autour de moi, sinon ce n'est pas possible".

Je perdais l’essentiel, je perdais la tête
Claudio Capéo

C'est donc l'ensemble de son groupe qui se retrouve à ses côtés. Pendant deux-trois ans, Claudio Capéo rencontre un succès fulgurant. Disque de platine puis d'or, il enchaine les tournées, les sollicitations, c'est le tourbillon. Puis tout s’arrête. "Ça va trop vite, je perds la tête". Peu après son premier album en 2016, il devient dépressif, incapable de supporter le statut de star. "Je ne supportais pas du tout, parce que j’avais du mal à l’accepter. Encore une fois, je ne me sentais pas légitime de tout ça."

Le chanteur va tellement mal qu’il pense plusieurs fois à mettre fin à ses jours. "J’étais un salopard à ce moment-là parce que je pensais même plus à mes gosses, parce que j’étais noyé… ", se remémore le chanteur, "je rentrais plus à la maison, je voyais déjà pas ma femme, pas mes gosses, comment voulez-vous que j’aille voir mes parents… je perdais l’essentiel, je perdais la tête."

L’essentiel, c'est-à-dire sa famille, il l’a retrouvé désormais. Avec sa femme et ses deux fils, ils ont déménagé dans le village de son enfance, et peuvent se rendre chez ses parents à pied. S’il vend des millions de disques, il ne manque pas non plus d’aider sa femme, fleuriste, à aller livrer les fleurs "dès que j’ai le temps", "parce que j’adore ça, c’est très important". 

"Je me considère aujourd’hui comme un 'petite gens'. Je suis toujours Alsacien, je suis toujours dans ma petite campagne, je suis en train de couper mon bois, de cueillir les noix dans les champs, je suis dans ma petite vie normale, où on a besoin de rien pour être heureux." Aujourd'hui, il préfère voir le monde de la musique "en touriste". "Je prends ça un peu plus comme un jeu en fait, je sais très bien que je travaille, que c’est important, mais j’ai juste envie de le faire tel que je suis", observe le chanteur, décidé à cultiver cette simplicité.


A. Lo. | Interview "Sept à Huit" : Audrey Crespo-Mara

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