VIDÉO - Joséphine Baker au Panthéon : "Ce ne sera pas la journée d'Éric Zemmour", assure l'un de ses fils

Y.R
Publié le 30 novembre 2021 à 13h03, mis à jour le 30 novembre 2021 à 13h53

Source : TF1 Info

INTERVIEW - Le Panthéon va accueillir Joséphine Baker. Invité de LCI, mardi 30 novembre, son fils Jean-Claude Bouillon-Baker a salué "un symbole", qui ne sera pas entaché par l'officialisation de la candidature à la présidentielle d'Éric Zemmour le même jour.

"C'est un symbole qui arrive au Panthéon." Quarante-six ans après sa mort, le 12 avril 1975, Joséphine Baker revient sous les projecteurs. Cette star de l'entre-deux-guerres, à la fois actrice, chanteuse, danseuse et meneuse de revue, va être panthéonisée, mardi 30 novembre. À l'issue d'une cérémonie, présidée par Emmanuel Macron, la figure de la Résistance française et militante de la lutte antiraciste deviendra la sixième femme à entrer au Panthéon, après Sophie Berthelot, la physicienne Marie Curie, les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, ainsi que la figure politique Simone Veil. Elle sera surtout la toute première femme noire parmi les "grands hommes" de l'histoire de France.

"Être la première femme noire, c'est déjà assez singulier en soi", reconnaît sur LCI Jean-Claude Bouillon-Baker, l'un des 12 enfants adoptifs de Joséphine Baker, dont 11 sont toujours vivants. "Évidemment, les femmes qui l'ont précédées sont extraordinaires, admirables et dignes d'admiration. Joséphine Baker, c'est une sorte de changement dans cette histoire du Panthéon, qui, je l'espère maintenant, va s'ouvrir à une forme de diversité plus grande pour faire rayonner la France. je crois que c'est le côté de la France qu'on aime. C'est l'honneur et la beauté de la France de voir un symbole comme elle aller au Panthéon."

"C'est la France qui a fait ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle", aimait à dire la première icône noire, née en 1906 aux États-Unis. À Joséphine Baker, "la patrie (va être) reconnaissante". "Elle ressentirait une sorte d'apothéose, évidemment intime, qui serait en elle secrètement", assure le cinquième de ses 12 enfants, qui vient de rééditer son livre "Un château sur la Lune" aux éditions Hors Collection. "Elle était dotée d'une sorte d'humilité et d'altruisme, en même temps. (...) Elle aurait dit d'emblée : 'La France me fait trop d'honneur'. Elle aurait été complétement bouleversée intérieurement." 

VIDÉO LCI PLAY - 5 choses que vous ignoriez peut-être sur Joséphine BakerSource : Sujet TF1 Info

Je vois l'affrontement de deux symboles
Jean-Claude Bouillon-Baker, l'un des 12 enfants de Joséphine Baker

Hasard (ou pas) du calendrier, Éric Zemmour s'est déclaré candidat à la présidentielle, à quelques heures de l'entrée au Panthéon de Joséphine Baker. "Ça ne m'ennuie pas", balaie Jean-Claude Bouillon-Baker. "Ce ne sera pas la journée d'Eric Zemmour, même si les médias sont obligés de se faire l'écho de sa candidature. Je vois plutôt l'affrontement de deux symboles. D'un côté, un symbole de tolérance, de générosité, d'ouverture sur l'autre, d'apport à la diversité, l'histoire et à la culture françaises. Un don de soi, entre guillemets, mais le vrai don de soi. Elle a partagé le combat de la France auprès du général de De Gaulle. Beaucoup s'en réclament, sans qu'on sache ce qu'ils auraient fait à ce moment-là. Et puis de l'autre côté, quelqu'un qui va crapoter, qui fait l'éloge d'une France archaïque et passéiste. Les propos que j'ai entendus sont une indignité faite aux femmes. Elle les aurait combattus, ça j'en suis persuadé."

Aux soutiens du polémiste d'extrême droite, qui feraient passer le choix de cette date pour un hommage ou qui affirmeraient que le polémiste incarne les valeurs de Joséphine Baker, le fils de l'artiste s'insurge. "Je suis vent debout. (Éric Zemmour a dit que) Pétain a sauvé des juifs, mais comment peut-on dire des choses pareilles ? Il n'y avait pas plus antisémite que Pétain. Je pense que ce personnage, ce Zemmour, on l'a hissé un peu trop haut. On en a fait un historien, un écrivain. J'ai lu sa prose, excusez-moi, elle n'est pas bouleversante de talent. Il voulait se prendre pour Flaubert, il ne l'est pas", le tacle-t-il. "J'aimerais bien le rencontrer un jour et lui dire ce que je pense, les yeux dans les yeux, sans agressivité et sans haine."


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