Pedro Alonso ("La Casa de Papel") : "Berlin est un tutti-frutti spirituel et moral"

Delphine DE FREITAS, à Monte-Carlo
Publié le 19 juin 2019 à 22h04, mis à jour le 19 juillet 2019 à 13h40

Source : Sujet TF1 Info

INTERVIEW - On l'a laissé pour mort à la fin de la saison 2 de la série espagnole rachetée par Netflix. Mais Pedro Alonso sera bel et bien au générique de la saison 3, comme il nous l'a confirmé au Festival de télévision de Monte-Carlo. Membre du jury fiction de cette 59e édition, il livre à LCI les raisons du succès des braqueurs au masque de Dali.

Son apparition en avait surpris plus d'un. Pedro Alonso, qui incarne l'inquiétant Berlin dans la série espagnole "La Casa de Papel", s'était invité dans la vidéo dévoilant les retrouvailles des comédiens avant le tournage de la saison 3. Une seconde bande-annonce, dévoilée début juin par Netflix, le montrait cette fois dans les rues de Florence à la rencontre d'El Profesor. Ultime confirmation que ce personnage censé avoir été tué en fin de saison 2 sera bel et bien de retour dans les prochains épisodes qui débarquent sur la plateforme de streaming le 19 juillet.

Mais dans quel contexte ? Rencontré au 59e Festival de télévision de Monte-Carlo (du 14 au 19 juin), où il officiait comme membre du jury fiction, l'acteur espagnol n'a rien voulu en dire. Car il a surtout contractuellement l'obligation de se taire, histoire d'éviter tout spoiler. Très bavard, Pedro Alonso a tout de même glissé aux journalistes présents avoir déjà visionné les trois premiers épisodes de la prochaine saison et les avoir appréciés. Des inédits qu'attendent fébrilement de nombreux téléspectateurs dans le monde. Rencontre avec un artiste aussi chaleureux que charismatique.

LCI

LCI : Votre expérience à Monte-Carlo l'an dernier en tant qu'invité pour "La Casa de Papel" a été si réussie qu'elle vous a donné envie de revenir ?

Pedro Alonso : Exactement (il répond en français avant d'enchaîner en espagnol, ndlr) ! L'expérience avait été agréable de manière assez inattendue mais j'étais aussi très reconnaissant car "La Casa de Papel" est repartie avec la Nymphe d'or récompensant la meilleure série. J'ai déjà connu pire comme situation ailleurs (il rit, ndlr). Si en plus on te rappelle pour te dire que tu vas être membre du jury, tu dis oui tout de suite. Pas seulement parce que c'est un honneur mais aussi parce que c'est une belle opportunité pour grandir dans ce milieu, discuter de la profession avec des gens malins et talentueux venant d'autres cultures. J'aime vivre de nouvelles expériences , je suis curieux. C'était comme un master pour moi et c'était très amusant. 

Alors, quels sont les ingrédients indispensables pour faire une bonne série télé ?

Si je le savais, je serais multi-millionnaire ! Mais si je ne devais en choisir qu'un, ce serait le coeur parce qu'en fin de compte, on travaille tous dans un cadre, avec beaucoup de contraintes à cause des formules. Mais certains arrivent à les transcender et à les amener plus loin. Ils jouent avec les conventions et les transforment pour parler de ce que nous sommes aujourd'hui.

On est encore en train de chevaucher la vague du tsunami qu'est le succès de "La Casa de Papel"
Pedro Alonso

Comment expliquez-vous le succès de "La Casa de Papel", qui est devenue la première série espagnole à remporter un Emmy Award ?

Nous sommes toujours en train de digérer tout ça. Je crois qu'il y a un peu de David contre Goliath. Au départ, c'était une petite production d'un pays comme l'Espagne, en espagnol, qui venait défier le genre des braquages à l'américaine. Elle fait croire aussi que les petits peuvent gagner contre les grands. Je crois qu'il y a un courant de sympathie en termes de production et de lutte contre le système. Tout le monde a un jour rêvé de frapper ce système qui nous presse tant. Et puis nous vivons dans un monde où les modes de distribution font tout sauter. Sans Netflix, rien de tout ça n'aura pu être possible. Je crois que c'est un mélange de circonstances qui se sont alignées d'une manière très particulière et qui a rendu possible ce tsunami. J'insiste sur le fait qu'on est toujours en train de le digérer. On est encore en train de chevaucher la vague du tsunami. Je crois que dans 4 ou 5 ans, peut-être plus, on pourra vraiment mettre en perspective ce que ça a représenté pour nous. Mais c'est excitant d'être sur cette vague. C'est un moment qui invite tellement à la créativité et à la prise de risques que je le vis comme un privilège et j'en suis très reconnaissant.

Berlin est l'un des personnages préférés du public. Est-ce à dire que le public est fou ?

Absolument ! Dans la fiction, on peut se défaire des résistances de la vie normale et Berlin est un personnage qui accepte tout : le meilleur, le pire, l'indéfendable, la plus sombre des misères, les moments les plus tendres. C'est un cadeau, c'est un tutti-frutti spirituel et moral qui permet à chacun de jouer d'une manière que la vie ne permet habituellement pas. Tout ça est très attrayant. 

La Casa de Papel, partie 3 : la bande-annonceSource : Sujet TF1 Info

Si vous aviez pu choisir de jouer un autre personnage que Berlin, qui auriez-vous choisi ?

Je vais essayer d'être objectif avec cette réponse. Si j'avais fait la série il y a 20 ans, je crois que j'aurais été Denver (Jaime Lorente). Mais sinon, j'aurais peut-être pu être El Profesor. Mais clairement, le travail d'Alvaro Morte a été extraordinaire donc je n'ai pas besoin de me projeter. Ce n'est pas possible de changer le visage du Professeur. J'espère aussi que c'est le cas pour Berlin. Quoique s'il y a encore une "Casa de Papel" dans 20 ans avant un autre casting, il y aura un autre Berlin. On verra ! 

Jaime Lorente (Denver) et Maria Pedraza (Alison) ont enchaîné avec d'autres projets sur Netflix. Qu'en est-il pour vous ?

A l'heure actuelle, je suis avec "La Casa de Papel" et nous venons de finir la troisième saison. J'ai tourné un film qui sortira très prochainement. Je suis en train d'écrire un roman, Le Livre de Filipo, et c'est sur ça que je concentre mon énergie. Il sera publié l'an prochain chez Penguin Random House. Et comme toujours, je peins aussi beaucoup, en partie avec ma compagne Tatiana Djordjevic. Ces peintures viendront illustrer le livre. Donc je suis bien occupé !


Delphine DE FREITAS, à Monte-Carlo

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