Bilal Hassani a fait ses premiers pas vendredi en tant que juré dans "Danse avec les stars" sur TF1.Le chanteur peaufine aussi son troisième album dans lequel il se livre plus intime que jamais.L'occasion de confier ce dimanche certaines de ses blessures à Audrey Crespo-Mara, en particulier cette soirée qui a viré au cauchemar en 2019.
À 22 ans, Bilal Hassani avance contre vents et marée. Avec ses perruques, son maquillage et son look lorgnant du côté de Kim Kardashian - les courbes en moins -, il est devenu en quelques années une sensation sur les réseaux sociaux, mais aussi l'homme à abattre. Car cette singularité lui vaut, depuis sa plus tendre enfance, d'être la cible d'attaques homophobes, racistes et même de menaces de mort, au point d'avoir dû porter plainte.
Mais lui persiste à affirmer son identité, à l'image d'une génération qui veut dépasser la question du genre. "J'aime me dire que 'il' ou 'elle', c'est du pareil au même. J'ai essayé pendant longtemps de me mettre dans une case, homme ou femme... Il y a même eu longtemps la question qui s'est posée de l'identité de genre, même si je ne me sens pas femme dans mon essence. Il n'y a pas cette idée de ne pas être à ma place dans mon corps", relève-t-il dans le portrait de la semaine de "Sept à Huit", à retrouver en intégralité dans la vidéo en tête de cet article.
"Mes poupées, Dalida, ma mère et Beyoncé"
Celui qui se définit comme un "adolescent", devenu égérie queer en France, assure ne pas avoir de revendications ni vouloir faire de politique. Le jeune homme préfère rester concentré sur le rêve qu'il est en train de vivre depuis sa chanson "Roi" qui l'a fait connaître en 2019 lors du concours de l'Eurovision.
Ce succès, il le doit en grande partie à sa maman, Amina, qui l'a élevé seule avec son frère ainé. Elle n'avait qu'une seule volonté, chevillée au corps : protéger le petit garçon qu'il était. "Maman a été exemplaire dans son rôle de mère parce qu'on s'est beaucoup instruit pendant l'enfance sur le monde réel, donc je n'étais pas complètement à côté de la plaque quand je suis arrivé dans la vraie vie. Mais elle nous a présenté une version de la vie idéale où on pouvait être qui on voulait être, et ça, c'était la clé de tout pour elle. Il fallait qu'on soit gentil, poli, et nous-mêmes, c'est tout."
Dès l'âge de 4 ans, le petit garçon qu'il était peut alors jouer à son aise à la poupée et mettre des serviettes sur sa tête en guise de perruque. "J'ai toujours voulu avoir les cheveux longs", admet-il. "Il y avait ce truc d'imaginaire quand j'étais enfant qui était très lié à la femme et aux figures iconiques de mon enfance qui étaient mes poupées, Dalida, ma mère et Beyoncé. Avant même de parler de sexualité, j'explorais déjà beaucoup les codes du genre et je les tordais un peu." Et déjà, Bilal avait un rêve : "Devenir la plus grande popstar de la planète."
Un déferlement de haine
Mais en grandissant, cette liberté a un prix à payer, celle du regard des autres enfants de son âge. Et les années collège n'ont pas été une sinécure. "On m'a très vite dit que j'étais une fille, c'était une insulte, que j'étais bizarre. C'étaient des moqueries, c'était parfois presque devenu physique. C'était très difficile à vivre, car tous les jours, c'était un combat", raconte-t-il. Résultat, encore aujourd'hui, Bilal Hassani redoute de passer devant un collège. "C'est presque impossible. Si j'entends un groupe d'ados en train de parler, de chahuter, je me crispe, je ne peux plus parler, c'est très difficile", reconnaît-il. Et la célébrité n'arrangera rien.
Quand le jeune homme est désigné pour représenter la France à l'Eurovision, un déferlement de haine s'abat sur les réseaux sociaux pendant des semaines. "C'était très dur. C'est très dur de voir son rêve se réaliser et se transformer en un cauchemar en l'espace de quelques heures."
J'ai commencé à avoir des 'blacks out', des moments où j'avais plus la mémoire. Je me réveillais et se passait ce qui peut se traduire comme une agression sexuelle. C'était un viol.
Bilal Hassani
Au cours de cet entretien avec Audrey Crespo-Mara, Bilal Hassani se livre également sur cette soirée de 2019 qui a viré au cauchemar et dont il consacre un titre dans son troisième album à venir. C'est la première fois que l'artiste se confie sur cette agression qui le hante depuis trois ans. "C'était en 2019. Avec une personne de mon cercle, quelqu'un à qui je faisais confiance, on est parti en soirée. Je suis rentré de cette soirée avec lui. J'avais bu deux, trois verres, mais je ne ressentais pas ce qu'on ressent quand on boit deux, trois verres. J'étais clairement sous l'influence d'une substance que je n'avais pas voulu prendre."
Il poursuit : "J'ai commencé à avoir des 'blacks out', des moments où j'avais plus la mémoire. Je me réveillais et se passait ce qui peut se traduire comme une agression sexuelle. C'était un viol. Je m'étais réveillé le lendemain matin, il était dans mon lit. Je ne comprenais pas pourquoi. Et je me suis dit : 'Ne pose pas de questions, ne dis rien, avance, passe à autre chose'."
Persuadé d'avoir été abusé, le jeune homme en informe ses proches, mais impossible pour lui de porter plainte. "Non, je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas en parler en public. Et là, c'est la seule fois où je vais le faire", assure-t-il. Bilal Hassani ne sait que trop bien que ses poursuites auraient fait les choux gras de la presse people. "Je n'avais pas envie de donner une nouvelle corde pour nourrir la haine que je reçois. En fait, ce qu'il se serait passé si j'avais porté plainte, ça se serait su assez vite, et ce serait devenu LE sujet", conclut-il.