En 1994, moins de deux ans avant le décès de François Mitterrand, Jean-Pierre Elkabbach interroge le chef de l'État sur sa santé et son combat contre la maladie.Un entretien resté dans les mémoires.
Le 12 septembre 1994, Jean-Pierre Elkabbach fait face à François Mitterrand, qui arrive au terme de son second septennat, pour en entretien réalisé depuis le palais de l’Élysée. À la tête de France Télévisions à l'époque, le journaliste interroge alors directement le président de la République sur son état de santé et son combat contre la maladie, entre autres sujets douloureux, un peu moins de deux ans avant son décès, le 8 janvier 1996. Un moment de télévision resté dans les mémoires du grand public.
"Concentration extrême"
Parlant d'une voix fatiguée pendant près d'une heure et demie, parfois avec émotion, parfois avec véhémence, François Mitterrand ne cherchera pas à cacher la gravité de sa maladie, huit semaines jour pour jour après sa deuxième opération de la prostate, assurant qu'elle ne l'avait pas empêché d'exercer ses fonctions : "Jusqu'à ce jour, je n'ai été empêché de rien. Je n'ai pas acquis de complexe ni de sentiment d'impossibilité. Au point où j'en suis, ça devrait encore durer quelque temps."
L'achèvement de mon mandat est une obligation que j'ai contractée lorsque j'ai demandé aux Français de m'élire
François Mitterrand, interrogé par Jean-Pierre Elkabbach, en 1994
"Si la souffrance est telle qu'elle pèse sur moi au point que je ferai passer l'examen de mon sort avant celui des devoirs d'État, à ce moment-là, il est évident qu'il faut partir", expliquera le premier président socialiste de la Ve République. "L'achèvement de mon mandat est une obligation que j'ai contractée lorsque j'ai demandé aux Français de m'élire, ce qu'ils ont fait pour sept ans", insistera-t-il encore. "La fin, c'est au mois de mai prochain. Je partirai à ce moment-là."
Dans un livre - Les rives de la mémoire (Bouquins Éditions) - publié en 2022, Jean-Pierre Elkabbach reviendra sur les coulisses de cette interview réalisée en direct de la bibliothèque du palais de l'Élysée, évoquant "un état de concentration extrême" : "Je devais interroger le président sans (se) laisser impressionner et être à la hauteur de ce que les Français en attendaient."