CRITIQUE - A une époque où les journalistes sont accusés de faire la promotion des "infos bidons" ("fake news"), Steven Spielberg, Meryl Streep et Tom Hanks utilisent la popularité d'Hollywood pour faire la promotion de la presse et des médias dans "Pentagon Papers", mercredi dans les salles. Un film essentiel, politique et féministe qui, sous couvert de raconter hier, en dit long sur les Etats-Unis aujourd'hui.
Il faut sauver le métier de journaliste… N'y allons pas par quatre chemins et succombons aux délices du dithyrambe : Steven Spielberg signe avec Pentagon Papers, un monument de cinéma hollywoodien avec Meryl Streep et Tom Hanks. Son sujet : la publication par le célèbre Washington Post de documents prouvant les mensonges de l'administration américaine sur l'implication des Etats-Unis au Vietnam.
Daniel Ellsberg, ancien fonctionnaire américain et lanceur d'alerte, a fait fuiter en 1971 7.000 pages de documents secrets du Pentagone sur la guerre du Vietnam: les Pentagon Papers. Leur lecture enseignait que contrairement aux affirmations des divers responsables américains, la guerre du Vietnam ne pouvait pas être gagnée par les Etats-Unis.
Le New York Times, autre quotidien de référence, avait commencé à publier ces documents, avant que l'administration du président Nixon n'obtienne une injonction d'un tribunal fédéral pour les en empêcher, au motif de la sécurité nationale. Le Washington Post a alors pris le relais, malgré les risques de représailles politiques et économiques.
Dans la veine de son film d'espionnage Le Pont des espions, Spielberg dévoile la décision capitale de Katharine Graham de publier ces Pentagon Papers, le choix courageux d’une femme influente – le féminisme étant au cœur de Pentagon Papers. Choix qui aurait pu avoir des conséquences néfastes pour son journal, propriété historique de sa famille et dont elle était à la tête depuis le suicide de son mari Phil, huit ans auparavant.
Dans la veine de son film d'espionnage Le Pont des espions, Spielberg dévoile la décision capitale de Katharine Graham de publier ces Pentagon Papers, le choix courageux d’une femme influente – le féminisme étant au cœur de Pentagon Papers. Choix qui aurait pu avoir des conséquences néfastes pour son journal, propriété historique de sa famille et dont elle était à la tête depuis le suicide de son mari Phil, huit ans auparavant.
Derrière la reconstitution historique et le classicisme apparent, le réalisateur fait l’éloge du quatrième pouvoir et du féminisme. Meryl Streep, traitée d'"actrice surestimée" par Donald Trump via son compte twitter au lendemain des Golden Globes 2017, y incarne quelque chose comme l’ennemi du Président des Etats-Unis. Soit Katharine Graham, la directrice de la publication du Washington Post. Ben Bradlee, le rédacteur en chef, est quant à lui joué par Tom Hanks.
Le film anti-"fake news"
A une époque où Donald Trump multiplie les attaques contre la presse, assimilant les médias populaires à des pourvoyeurs de "fake news", Spielberg prend le prétexte historique (une prise de risque monumentale et la chute d’un système) pour soutenir la nécessité de (bien) s’informer en 2018. Renoue incidemment avec le cinéma américain profondément engagé des années 70 – qu’il a évidemment bien connu – avec la maturité idoine (loin du divertisseur des Dents de la mer). Ravive une conscience politique dans une Amérique encore sonnée par l’élection de Trump et affligée par ses tweets lapidaires et toxiques. Et enfin porte au pinacle les médias courageux, cet indispensable quatrième pouvoir, ayant permis la publication des Pentagon Papers, ayant révélé par la suite le Watergate.
Un scandale largement développé dans un film culte : Les Hommes du président, de Alan Pakula, sorti en 1976, où Robert Redford et Dustin Hoffman, dans les rôles des journalistes du Washington Post Bob Woodward et Carl Bernstein, faisaient tomber avec leur enquête le président Richard Nixon.
Le sublime plan final redonne foi en l’avenir, revenant du passé pour nous hanter, s’adressant directement aux spectateurs actuels et aux tigres de papier, semblant nous dire "ok, c’est à vous, maintenant".
Pentagon Papers, en salles le 24 janvier 2018
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