La photo est au cœur des rencontres d'Arles qui vient tout juste de démarrer. Ce festival met cette année à l'honneur la photographe Sabine Weiss. Dans ce monde d'hommes, cette femme de 96 ans a traversé le XXIe siècle et en a capté de fabuleux clichés.
Dans un lieu de rencontre un peu à l'écart de la foule dans une cour d'hôtel arlésienne, Sabine Weiss feuillette avec tendresse le livre qui recense ses travaux. Un grand voyage vers les années 50. Elle célébrera 97 joyeuses années durant l'été. "C'est bien pour moi d'être vieille et d'avoir traversé presque un siècle".
Un cheval qui rue aux portes de Vanves, des enfants sales et débrayés croqués sur le vif, beaucoup de nuits comme celle de la Saint-Sylvestre où la fête flirte entre gaieté et tristesse, ... Ces photos font partie des œuvres immenses de Simone Weiss. C'est en se baladant que cette photographe saisit ce qu'elle appelle "des atmosphères" pour forger un style unique dans la tradition de ce qu'on a appelé, comme Robert Doisneau, les photographes humanistes.
Pour le comprendre, il faut traverser la ville d'Arles, voir les murs, les monuments constellés comme tous les étés depuis les années 70 des propositions de photographes du monde. Avant d'arriver dans ce musée de l'Arlaten où tout le monde se presse pour comprendre le parcours d'une jeune femme née en Suisse dans les années 20. Amoureuse d'un peintre, elle s'installe à Paris. Sa vocation pour la photographie est née.
Aujourd'hui, Arles a décidé de célébrer cette carrière à 360° pour replacer Sabine Weiss au centre d'une photo dont elle a été effacée au profit de ses confrères masculins. Elle avait une volonté à toute épreuve qui devrait lui valoir d'inaugurer elle-même au musée de l'Élysée à Lausanne la grande exposition de ses archives qu'elle a toutes léguées à l'institution. Ce sera en 2024 et Sabine Weiss fêtera ses 100 ans.