VIDÉO - Picasso : la France hérite de neuf œuvres d'art exceptionnelles du maître espagnol

Laetitia Asgarali Dumont | Reportage Florence Leenknegt, Bertrand Lachat
Publié le 24 avril 2022 à 17h15, mis à jour le 24 avril 2022 à 17h35

Source : JT 20h WE

Les Français viennent de devenir collectivement propriétaires de plusieurs Picasso.
Des œuvres données à l'État par l'une des filles de l'artiste grâce à l'un des systèmes de paiement des droits de succession, la "dation".
Le 20H de TF1 vous explique tout sur ce dispositif dont raffole les musées.

Une entrée en fanfare dans les collections nationales. Neuf œuvres d'art de l'artiste Picasso viennent d'être données à l'État, devenant de fait la propriété de l'ensemble des Français. Mais comment l'État français a-t-il réussi à acquérir ces œuvres ? Grâce à un système : la dation. Ce dispositif permet de s'acquitter de droits de succession grâce à des œuvres d'arts.

Le 20H de TF1 est allé au musée Picasso de Paris pour découvrir l'installation de ces œuvres. L'une d'elles est un tableau, baptisée "Tête d'homme". Ce visage barbu aux couleurs acides a longtemps intrigué la petite fille du peintre, Diana. Elle a pu l'observer sous toutes ses coutures enfant. "Il fut un temps dans le salon. Avec ce rouge, ce vert, ses peintures qui crient. Et ce teint un peu verdâtre qui fait qu'on ne sait pas s'il est vivant ou mort. Enfant, il me faisait peur effectivement. Après, parfois quand on est petit, on aime bien se faire peur", raconte-t-elle dans la vidéo en tête de l'article.

Un dispositif pour garder des œuvres d'art en France

Avec ce tableau, la France acquiert également cinq peintures, deux sculptures et un carnet de dessins. Ces neuf œuvres sont estimées à plusieurs dizaines de millions d'euros et couvrent près de 75 ans de création de Picasso. Elles ont pu être obtenues grâce au système de la dation. Ce dispositif a été mis en place à la fin des années 60 par André Malraux. Il consiste à remettre gratuitement des œuvres artistiques ou historiques à l'état contre des avantages fiscaux. Plus précisément, "la dation consiste à s'acquitter des droits de succession par des œuvres d'art. On dit même que la loi a été pensée pour justement conserver sur le territoire français les œuvres de Picasso", explique Emilia Philippot, commissaire de l'exposition "Nouveaux chefs-d'œuvre - La dation Maya Ruiz-Picasso".

Ce dispositif a permis la création directe du musée Picasso, à Paris. Car en 1979, les héritiers Picasso ont choisi ce mécanisme pour s'acquitter de leurs droits de succession. Il fallait alors d'urgence un nouveau lieu pour abriter la collection. Un hôtel particulier du Marais a donc été entièrement réhabilité pour créer ce musée. Dès son ouverture, il reçoit près de 225 tableaux, 159 sculptures, 1496 dessins, soit la plus importante collection Picasso au monde. Un trésor national aujourd'hui estimé à 30 milliards d'euros. Et que sa fille Maya, à l'aube de ses 87 ans, a choisi d'enrichir à nouveau. 

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La dation permet de perpétuer une tradition qui irrigue d'œuvres d'art tous les musées français. En France, une commission veille tout spécialement à convaincre les familles. "Les propriétaires pourraient très bien vendre leurs œuvres aux ventes aux enchères. Mais les familles ont peur que l'État mettent des prix beaucoup trop bas alors que pourtant il se positionne au prix du marché. Mais la dation fonctionne, car les familles ont besoin d'être rassurées", analyse Jean de Boishue, président de la commission des dations.

Rien qu'en se baladant dans les allées du musée d'Orsay, on comprend combien nous devons à ce système : 300 œuvres proviennent de dation dans ce musée, comme L'Origine du monde de Gustave Courbet, ou encore le célèbre Déjeuner sur l'herbe de Claude Monet. "Ce dispositif est particulièrement important pour les collections impressionnistes. Car ce sont des œuvres qui valent très cher, plusieurs dizaines de millions de dollars en général sur le marché international. Donc pour nous, le seul moyen de se positionner, ce sont les dations", affirme au micro de TF1 Sylvie Patry, directrice de la conservation et des collections du musée d'Orsay.


Laetitia Asgarali Dumont | Reportage Florence Leenknegt, Bertrand Lachat

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