DECOUVERTE - Matthieu Amat et Simon Merle, deux amis professeurs agrégés de philosophie, questionnent la trilogie de Tolkien en s’appuyant sur les textes d’illustres philosophes dans "Le Seigneur des anneaux : une aventure philosophique". "Le but n’est pas de se prendre la tête", précisent les auteurs de cet ouvrage détaillé et accessible aux non-initiés. LCI leur a passé un coup de Zoom avant la diffusion sur TF1 ce mardi 9 juin de "La Communauté de l’anneau".
La mission est vaste, la quête aussi noble que celle de Frodon. Faire d’un objet de la culture populaire le sujet d’un questionnement philosophique. Après s’être attaqué aux super-héros, Simon Merle, agrégé de philo et professeur en lycée général, s’est replongé dans Le Seigneur des anneaux pour faire résonner différemment un texte parmi les plus connus de la littérature anglo-saxonne.
"J’éprouvais pour l’oeuvre de Tolkien une certaine tendresse mais je ne me sentais pas forcément d’écrire dessus tout seul. Avec Matthieu Amat, nous sommes amis depuis longtemps et je savais que sans être tolkienologue, c’était un bon connaisseur", nous explique-t-il à propos de son binôme comme lui agrégé, docteur en philosophie, chercheur et enseignant à l’université de Lausanne .
Ce sont des improvisations sur des thèmes qui nous ont marqués dans l’oeuvre de Tolkien, sans trop rentrer dans le jargon philosophique
Simon Merle, co-auteur du "Seigneur des anneaux - une aventure philosophique"
La particularité du Seigneur des anneaux, c'est "qu'il n'a pas un seul héros". "On pourrait dire que c’est Frodon, mais on pourrait aussi dire que c’est Sam, ou que Gandalf et Aragorn sont aussi les héros principaux. On a ces quatre figures principales qui ne représentant pas le même idéal d’accomplissement. Ça rend aussi le livre très riche pour une lecture philosophique", souligne Matthieu Amat. Le résultat ? 192 pages passionnantes et accessibles qui s'interrogent sur la cartographie de la Terre du Milieu, la qualité aristocratique des Elfes ou encore la symbolique de l'anneau et de son cercle.
"Ce sont des improvisations sur des thèmes qui nous ont marqués dans l’oeuvre de Tolkien, sans trop rentrer dans le jargon philosophique qui est parfois très technique et peut être repoussant pour certains. Le but n’est pas de se prendre la tête mais de prolonger la stimulation initiale de l’oeuvre de Tolkien en poursuivant la réflexion à l’aide d’auteurs sur lesquels on s’appuie", précise Simon Merle. A chaque chapitre, son grand philosophe. Il aura fallu près d'un an de recherches au duo pour trouver les textes adéquats, de Schopenhauer à Nietzsche, en passant par Bachelard et Arendt. "Les deux se répondent parfois de manière assez troublante. On ne sait plus si c'est l'auteur philosophe qui parle ou si on est en train de citer Le Seigneur des anneaux. Ça nous a étonnés, on a vu que ça marchait vraiment", note-t-il.
Les Hobbits témoignent que "l'excellence peut se trouver dans l'ordinaire"
Un exemple ? Les Hobbits, qui témoignent que "l'excellence peut se trouver dans l'ordinaire". Ces demi-hommes aux larges pieds sont la représentation parfaite du courant appelé la philosophie de l'ordinaire, qui revalorise le quotidien. "Ils incarnent une forme d’excellence moyenne, profondément humaine. Ils ne sont remarquables ni par leur force physique ni par des pouvoirs magiques, ni même pas une intelligence exceptionnelle qui est représentée par beaucoup d’autres figures dans la Terre du milieu. C’est très significatif que Tolkien ait mis au centre de son oeuvre ces figures qui sont profondément modernes", détaille Matthieu Amat.
La lecture est fluide, alternant entre extraits de la trilogie et interprétation philosophique, et se fait au gré de ses envies grâce à l'indépendance des chapitres. Du miroir de Galadriel au pouvoir de Sauron, des chansons à l'identité des héros. Certaines thématiques résonnent plus que d'autres avec notre quotidien. "Le véritable seigneur des anneaux n’est pas celui qui cherche l’expansion matérielle mais qui fait preuve d’un élargissement de son esprit", écrivent les auteurs. Comme un précepte qu'il faudrait s'appliquer à tous. "L’intérêt des fictions, c’est ce que ce sont des mondes possibles et que donc les leçons qu’on tire dans ces mondes-là puissent être transposées dans le monde réel", insiste Simon Merle. Un vivier de réflexion qui continuera à vous travailler l'esprit longtemps après la fermeture du livre.
"Le Seigneur des anneaux - une aventure philosophique" (Ellipses) de Matthieu Amat et Simon Merle
192 pages - 16 euros
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