VIEILLES CANAILLES – D'ordinaire taiseux, Eddy Mitchell a accepté de lever le voile ce dimanche, face à Audrey Crespo-Mara dans le portrait de la semaine de "Sept à Huit", sur ses 60 ans d'amitié avec Johnny. De leur rencontre alors qu'ils étaient adolescents jusqu'à leur dernière entrevue.
Une amitié indestructible... Durant soixante ans, Eddy Mitchell et Johnny Hallyday ont été liés comme deux frères. L'occasion pour le crooner, dont la chanson d'ouverture du nouvel album est dédiée au rockeur disparu il y a presque quatre ans, de livrer ses souvenirs avec l'idole des jeunes. "Il m’appelait à n’importe quelle heure du jour, surtout de la nuit d’ailleurs. On avait une relation qui était vraiment plus qu’amis", souligne-t-il face à Audrey Crespo-Mara dans la vidéo de "Sept à Huit en tête de cet article.
"Il était le parrain de ma petite dernière et moi, j'étais le parrain de Laura", poursuit-il, ajoutant que malgré son absence, leurs deux familles sont restées très proches. "Je vois Laura régulièrement, on s'appelle", dit-il.
Pourtant, quand le chemin d’Eddy Mitchell croise celui de Johnny Hallyday, ils ne sont encore que des adolescents, et les choses auraient pu prendre une toute autre tournure. "C'était lors d'une 'surprise partie', j'avais amené des disques, lui-aussi j'imagine. J'avais 16 ans et lui 15", raconte-t-il. Mais au moment de partir, ses précieux vinyles ont disparu. "Je m'en vais et dans la loge de la concierge, je vois Johnny avec mes disques en train de lui dire : 'je passerai les prendre demain'. Et là, ça ne s'est pas bien passé, on a eu un petit clash", avoue-t-il.
Heureusement il en fallait un peu plus pour mettre à mal cette première rencontre. Peut-être parce que Johnny était "un grand charmeur, presque un envouteur", comme il le qualifie. Sur lequel il fallait veiller. "Cela pouvait être : 'couche-toi un peu plus tôt, bois moins'". En vain. Dans sa chanson, il déclare d'ailleurs : "C'est un coup de semonce, pas méchant, mais je lui fais des reproches". "Il ne m'écoutait pas. Il n'écoutait personne ; il a vécu comme il l'entendait", lâche-t-il.
Il n'avait pas la force et moi, je n'avais pas envie de l'embêter donc j'avais envie de lui foutre la paix, de le laisser tranquille.
Eddy Mitchell, sur sa dernière soirée avec Johnny
Sur la deuxième tournée des "Vieilles Canailles" qui ne devait pas avoir lieu en raison de l'état de santé du rockeur qui se dégradait rapidement. Eddy Mitchell se souvient : "Ces scènes-là lui ont fait du bien. Je me souviens d’un soir où j'avais retenu un restaurant, et à la fin du repas, on a chanté ensemble a cappella toutes les mauvaises chansons qu'on a pu faire... Et il y en a", ironise-t-il. Avant de poursuivre : "Ça lui a fait un bien fou". Une parenthèse enchantée qui signera leur dernière soirée passée ensemble. Avant un dernier tête-à-tête à Marnes-la-Coquette, "deux-trois jours" avant la mort du rockeur.
Souvent pince-sans-rire, le visage du crooner se ferme tout d'un coup à l'évocation de cette ultime soirée : "il regardait un film ; on ne parlait de rien du tout. On ne parlait pas. Il regardait un film et en même temps il avait envie de se coucher, de dormir, de se reposer. Il n'avait pas la force et moi, je n'avais pas envie de l'embêter donc j'avais envie de lui foutre la paix, de le laisser tranquille". Et que faire de plus ? Dire à l'ami de toujours qu'on l'aime. "Il le sait. Si on est là, c'est qu'on l'aime. Il n'y a pas besoin de le dire. C'est du trop, c'est du roman de gare", s'emporte-t-il.
Des hommages "assez morbides"
Quant à la succession de Johnny qui a fait les choux gras de la presse, "je crois qu'il s'en foutait cordialement, parce qu'il avait un autre problème, c'était sa survie. Derrière lui, en revoir. Il l'a prouvé d'ailleurs". Et ne mâchant pas ses mots, Eddy Mitchell enchaîne en taclant les hommages destinés au chanteur décédé quand Audrey Crespo-Mara l'interroge sur "sa mémoire aujourd'hui, mise en scène par Laeticia, les albums posthumes..." : "Rien à foutre. Ça ne m'intéresse absolument pas (...) Ils font ce qu'ils veulent. Bientôt ils le mettront avec une plume dans le cul accroché n'importe où... Je m'en fous. Je trouve ça même assez morbide", lance-t-il.
À bientôt 80 ans, Eddy Mitchell sait que pour lui-aussi le temps est désormais compté et ça ne lui fait pas plaisir. "C'est pas bon. C'est pas rassurant. Comme disait Michel Audiard, c'est la pente dégoulinante", reconnaît-il avant d'admettre qu'il est finalement assez serein. "On sait que la mort arrive, mais vous avez le droit de discuter avec elle quand même, enfin je crois. Lui dire par exemple : 'laisse-moi un répit'", avance-t-il, avant de révéler l'épitaphe qu'il aimerait voir inscrite sur sa tombe : "Ne me dérangez pas". "Parce qu'il n'y a aucune raison qu'après ma mort on vienne encore m'emmerder", conclut-il.
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