Sept à huit

VIDÉO - "Ça paiera mon Ehpad" : Amanda Lear se confie sur son retour fracassant dans "Sept à Huit"

par Virginie FAUROUX Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara
Publié le 18 juin 2023 à 19h57, mis à jour le 19 juin 2023 à 10h59

Source : Sept à huit

Amanda Lear, icône de la chanson disco des années 1970, rencontre un succès inattendu ces derniers mois grâce à son titre "Follow me".
Celle qui aime toujours cultiver l’ambiguïté s'est confiée dans "Sept à Huit" face à Audrey Crespo-Mara ce dimanche.
Retrouvez ici le replay de cette interview.

S'il y a bien une chose qu'Amanda Lear savoure le plus au monde, c'est de brouiller les pistes. La base, selon elle, pour se rendre intéressant. Cela commence par son âge, autour duquel elle a toujours entretenu un certain mystère. "Je suis arrivée à l'âge où toutes les filles de mon âge ont l'air plus vieille que moi. Je ne sais pas pourquoi. C'est pas que je me fasse lifter toutes les cinq minutes, pas du tout. C'est simplement que moi, mon physique, mon corps, ben voilà, il y a cette énergie, cette envie de continuer, la curiosité", affirme-t-elle devant les caméras de Sept à Huit dans la vidéo à retrouver en tête de cet article (également en replay sur MyTF1). Et celle qui n'a jamais sa langue dans sa poche enchaîne : "Je pense qu'on devient une petite vieille quand on n'a plus envie". Dont acte, on n'en saura pas plus. 

Dali était impuissant, donc il n'y avait pas de sexe du tout. Ce qui l'intéressait, c'était d'avoir une jeune muse.
Amanda Lear

De son enfance, Amanda Lear ne s'épanche pas non plus. "Il n'y a aucune image", dit-elle. On apprend juste qu'elle était solitaire, sans frère, ni sœur et que ses parents - un père officier dans la marine britannique et une mère asiatique - se sont vite séparés. L'occasion pour elle d'écorner un peu l'image du couple. "Je n'y crois pas beaucoup", lâche-t-elle, en précisant : "vivre avec quelqu'un au quotidien, le voir se brosser les dents tous les jours, c'est pas très....". Elle n'en dira pas davantage, mais on comprend qu'elle ne s'est pas épanouie dans ce schéma familial, revendiquant par exemple le fait qu'elle n'a jamais voulu avoir d'enfants. 

Étudiante des Beaux-Arts, devenue mannequin à la fin des années 60, elle a préféré cultiver cette aura mystérieuse qui fera naître sa légende. C'est notamment l'époque où Salvador Dali devient son Pygmalion et en fait son égérie. Elle partagera sa vie avec lui et son épouse Gala. "C'est vrai que le fait d'être tout le temps avec lui pendant quinze ou seize ans, ça a créé une légende. Les gens disaient : 'mais qu'est-ce que c'est que cette fille avec qui il se trimballe partout, il est quand même marié'. Ce couple à trois, ça a fait jaser les gens. En fait, la vérité était toute simple. C'est que Dali était impuissant, donc il n'y avait pas de sexe du tout. Ce qui l'intéressait, c'était d'avoir une jeune muse", dévoile-t-elle.

Voix grave et look androgyne

À bonne école, Amanda Lear apprend vite auprès de cet artiste iconoclaste que pour attirer l'attention, il faut se créer un personnage. "La règle de base - d'ailleurs ça n'a pas changé : si vous voulez qu'on parle de vous, il faut provoquer les gens", assure-t-elle. Ce coup marketing, soufflé par Dali, savamment peaufiné à coup de voix grave et de look androgyne, a fait émerger l'autre rumeur récurrente la concernant : l'ambiguïté de son identité. "J'en joue beaucoup et évidemment je ne me rendais pas compte que tout ça était un peu délirant", admet-elle. Mais cette image sulfureuse fait vendre. "Vous savez, les gens n'achètent pas seulement un disque parce que la musique est bonne, mais parce qu'ils sont fascinés par la personnalité du chanteur ou de la chanteuse, donc il y avait ça. Je n'étais pas une grande chanteuse, donc je me suis dit : 'il faut miser sur autre chose'", avoue-t-elle. 

Est-ce cette raison qui a poussé Chanel à remettre au goût du jour la célèbre chanson d'Amanda Lear "Follow Me" pour sa nouvelle campagne de pub du parfum Coco Mademoiselle ? Toujours est-il que 45 ans après, ce tube planétaire, lui fait à nouveau toucher le jackpot. Toutefois, elle préfère encore une fois jouer les mystérieuses. "Cette publicité passe dans le monde entier quinze ou cinquante fois par jour, je suis même rentrée dans des hit-parades en Corée du Sud, mais je vous arrête tout de suite, je ne suis pas multimilliardaire", s'amuse-t-elle. Avant d'ajouter, face aux doutes de l'intervieweuse : "Ça paiera mon Ehpad, c'est très bien".

Prendre les choses à la légère, c'est définitivement l'équilibre de vie d'Amanda Lear. Et personne ne réussira à la mettre dans une case. "Avant, on disait hétérosexuel, homosexuel, bissexuel, transsexuel, maintenant tous ces mots 'sexuel', ça ne veut plus rien dire. Désormais, on est fluide, ça veut dire qu'on passe d'une chose à l'autre, c'est très bien, c'est comme ça que ça devrait être. Pourquoi catégoriser les gens ?", interroge-t-elle. "Il y a toujours le mot sexe dans tous ces trucs-là, mais ce que les gens oublient, c'est qu'on parle avant tout d'amour. On a besoin d'amour. C'est aller vers l'autre, l'amour", avance-t-elle, tout en reconnaissant qu'elle a "fermé la boutique".

Celle qui se dit aujourd'hui très solitaire et heureuse de l'être, récolte à présent ses olives en Provence, avec ses chats et sa peinture. "Je mourrai là-bas et on m'oubliera. Je serai une espèce de Greta Garbo du Luberon, toute seule, avec des grosses lunettes noires. C'est ça la fin. Je ne me vois pas entourée de petits enfants, de petits neveux, c'est pas du tout mon truc", conclut-elle. 


Virginie FAUROUX Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara

Tout
TF1 Info